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Date d'inscription : 08/12/2019
Elle n'avait pas vu Roan, lors de la bataille. En fait, elle ne l'avait pas revu du tout, depuis leurs adieux à Arkadia. Était-il revenu à Polis sain et sauf, après sa mission périlleuse ? Ce doute la hantait également, et n'avoir aucun moyen de le vérifier pourrait bien la rendre folle. Et si Roan était... mort ? Ils s'étaient dit certaines choses, mais Laska avait la sensation que, ce n'était pas assez. Tout ne pouvait pas s'arrêter ainsi, peu importe à quel point leur monde était cruel et injuste. Alors, peut-être que, rester ici lui permettait aussi de ne pas avoir à faire face à cette terrible et possible réalité. De toute manière, ce n'était pas comme si ses chances de réussir à fuir auraient été élevées. Son frère la scrutait constamment, tel un faucon, à travers le regard de ses guerriers. Pour le moment, Laska ne pouvait rien faire, et elle savait que personne ne viendrait l'aider. Si Roan était bel et bien en vie, il ne saurait où la trouver. Ils s'étaient donnés rendez vous à Polis, après tout. Peut-être que le brun penserait qu'elle avait changé d'avis. Ce serait stupide, vraiment stupide, après tout ce qu'ils s'étaient dit, mais l'esprit de la brune n'était pas prête à envisager la situation positivement. Et puis, elle ne voulait pas que qui que ce soit prenne des risques pour la libérer. Elle s'était toujours débrouillée seule, toute sa vie. Un soupir lui échappa. On était venu lui porter son repas tout à l'heure, mais elle n'avait vraiment pas faim ce soir-là. Elle se sentait vraiment lasse depuis quelques jours. Se battre constamment était épuisant, surtout quand aucun espoir ne se profilait à l'horizon. Elle n'avait aucune envie de rester la prisonnière, le pantin, d'Ezekiel à jamais, mais la laisserait-on seulement devenir autre chose, un jour ? Un bruit à l'extérieur la sortit alors de ses pensées. C'était étrange. Cette zone était d'ordinaire plutôt calme, et elle savait que seul son garde habituel se trouvait là. Un homme calme et juste, qu'elle avait appris à apprécier. Ezekiel s'apprêtait-il à venir l'importuner, à une heure pareille ? La brune ne prit pas la peine de se lever, n'en voyant pas l'intérêt, et garda le dos appuyé contre le bois du mur de la cabane. Seul son regard dirigé en direction de la porte pouvait témoigner de son intérêt.
daily-hundred
Date d'inscription : 11/04/2020
I have died everyday waiting for you
Les journées se faisaient plus courtes, les nuits plus fraîches et bien que le guerrier se dirigeait vers le sud, cela n’en changeait en rien l’approche du froid mordant de l’hiver. Des conditions pouvant rendre un voyage désagréable, mais il n’en était rien pour celui qui avait connu bien pire dans les montagnes enneigées de sa nation. Roan avait quitté Polis depuis plusieurs jours, prenant le risque de délaisser sa mission et des conséquences qu’il pouvait en découler. Il n’avait parlé à personne de son départ, retrouvant cette solitude qui avait été sa plus grande amie durant ses longs mois d’exil. Le prince en exil avait besoin de prendre du recul, prendre ce temps pour lui. Un luxe aux yeux de certains, mais une nécessité pour l’Azgeda. D’autant qu’il n’avait jusqu’alors plus quitté la capitale de la Coalition depuis sa dernière mission au nom de Lexa et que, bien qu’il ne comptât abandonner Ontari, il n’était pas non plus un chien de garde qu’on assignait à surveiller une pièce ou une personne. Il y avait suffisamment de gardes au sein de la cité et de la tour pour s’assurer que la jeune Natblida ne puisse s’enfuir. Quant au risque que quiconque puisse la trouver, il restait nul de par l’assurance qu’avait prise le guerrier de ne permettre à personne de savoir qu’il avait ramené le secret le plus précieux de Nia auprès de la Commandante.
Seulement ce n’était nullement Ontari qui occupait les pensées de l’exilé durant ces nombreuses heures de solitude et ni même la raison de son voyage, à cet instant précis. Bien que l’avouer pouvait être compliqué, Roan prenait ce risque pour une tout autre femme qu’il n’avait revue depuis plusieurs mois. Sa relation avec Laska avait connu quelques chamboulements, mais il n’oubliait pas cette promesse qu’il lui avait fait avant de braver son bannissement pour se rendre en terre Azgeda. Mais depuis son retour, il n’avait pu revoir la guérisseuse, s’interrogeant quant à cette absence. C’était à Arkadia qu’il l’avait laissé, mais il avait espéré la revoir à Polis. Or, depuis qu’il avait la garde de la jeune Natblida, il n’avait vu nulle trace de celle qui faisait de nouveau battre son cœur et il ne pouvait se mentir quant à cette inquiétude qu’il dissimulait.
Alors il avait finalement décidé de prendre la poudre d’escampette et il ne pouvait se mentir, ce voyage lui faisait bien plus de bien que de rester enfermer à Polis ou dans la tour, à y tourner comme un lion en cage (et pourtant, ce n’était pas lui qui était enfermé entre les murs). Entre le deuil qu’il avait été forcé de faire dès lors qu’il avait appris la mort de sa fille, Ontari avec son caractère marqué et l’inquiétude qu’il dissimulait face au manque de nouvelles de Laska, le prince en exil était désormais seul avec ses pensées et ses instincts d’exilés. Il avait, certes, moins eu à craindre pour sa vie lorsqu’il était à Polis, en parti protégé par son alliance avec Lexa – même s’il ne se dupait pas quant aux potentiels assassins sur ses traces – il n’en avait pour autant pas perdu les réflexes qu’il avait pu développer depuis son bannissement par Nia. Alors qu’il avait des guerriers d’Azegda à ses trousses, Roan avait dû adapter ses apprentissages pour survivre. Et ces habitudes revenaient en force alors que nulle âme ne l’accompagnait dans ce voyage, si ce n’était celles des animaux.
Et le voilà désormais en terres Trishana. Le prince avait franchi plusieurs frontières, traversant différents clans tout en restant discret dans son voyage. Il avait eu ses propres espions à Polis et certains lui avait remonté que la guérisseuse eût été vue parmi son clan lors de l’affrontement entre la Coalition et le traître Ouskejonkru. Un affrontement auquel le guerrier n’avait pu prendre part, devant jouer son rôle de garde auprès d’Ontari. Un fait qui l’avait agacé, d’autant qu’il aurait pu, si la chance avait été de son côté, peut-être croiser Laska. Ainsi, face à ces informations, c’était bien sur les terres natales de la jeune femme qu’il avait pris la décision de se diriger. Et après plusieurs jours d’observation, d’enquête et de déduction, Roan avait su où aller.
C’était un simple cabanon d’apparence, mais la présence de garde ne trompait pas et si cela pouvait concerner une autre personne, Roan avait pris le temps d’observer les potentielles allées et venues. Quelque chose lui disait qu’il ne se trompait pas, et il n’avait qu’une seule façon pour lui de s’en assurer. Mais pour cela, il devait entrer et avec ce garde, les choses se compliquaient. Pourtant, cela n’allait pas arrêter le guerrier qui profita de l’obscurité de la nuit tombante pour se dissimuler dans les ombres et ainsi neutraliser le garde. Le fameux garde qui ne prenait pas garde signe que celui-ci ne s’attendait pas vraiment à une visite d’un étranger. Erreur de sa part, il ne fut pas difficile pour Roan de le mettre hors combat et de récupérer sur lui les clés de la porte. Enfin il saurait s’il s’était trompé ou non et, sans une hésitation, il déverrouilla la porte pour faire face à la pièce obscure.
Il ne fallut que quelques secondes pour que ses yeux ne s’adaptent à l’obscurité des lieux et pour déceler une silhouette adossée à un mur. Laska ? Il ne pouvait l’affirmer de par le manque de lumière, mais il faisait face à une femme. Et il allait lever ce dernier doute bien rapidement.
— Laska ?
Entrant dans la pièce, Roan prit tout de même la précaution de repousser la porte derrière pour ne pas inquiéter quiconque se demanderait pourquoi c’était ouvert. Il s’approcha de la jeune femme, confirmant son identité par là même, tout en s’agenouillant près d’elle.
— Tu étais donc ici tout ce temps ?
Instinctivement, conforté par l’étroitesse des lieux et ce manque de lumière, Roan avait parlé doucement, comme s’il craignait qu’on l’entende. Un réflexe absurde, comme celui de la porte, alors que le garde inconscient repoussé dans un coin à l’extérieur pouvait à tout moment avertir de la présence d’un intrus.
Date d'inscription : 08/12/2019
La surprise fut telle que la brune ne parvint pas à lui répondre, du moins jusqu’à ce qu’il s’accroupisse face à elle et reprenne la parole. C’était vraiment lui… Voir son visage, alors qu’elle avait perdu l’espoir d’en avoir un jour la chance, fit remonter une vague d’émotion qui la submergea sans difficulté. Passer du vide au trop plein était accablant, mais à cet instant, c’était surtout la joie qui était la plus intense.
Silencieusement, elle essuya une larme solitaire contre l'épaule du guerrier, avant de se détacher de lui. Difficile de dire combien de temps s'était écoulé, et ça lui était égal. Pour l'heure la nuit et les alentours semblaient calmes, mais ce n'était évidemment pas voué à durer. Prenant une inspiration, la brune essaya de retrouver son énergie habituelle, consciente de n'avoir jamais été aussi vulnérable face à son amant. Elle n'avait jamais été aussi lasse et fatiguée, et ce malgré sa joie de le retrouver. Mais, ils étaient toujours au coeur de Trishanakru, et il ne fallait pas l'oublier.
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