Bloody big cat

La bête était abattue et c'était mon beefteak, à moi et rien qu'à moi. J't'avais volé ta proie, et volé celle de ce gros puma mal fichu. J'étais pas peu fier et souriai narquoisement, te dardant d'un regard qui cherchait le même type niais et pervers de la dernière fois. J'cherchais pas à te retrouver, mais maintenant que t'étais là, autant supporter ta langue trop bien pendue et tes mains baladeuses. Sauf que, aujourd'hui, tu avais pas l'air bavard. T'agissais, et c'était pour peloter un cadavre encore chaud et te prendre ta part, que j'vérifiais que tu embarques pas ma bouffe. Bizarrement, tes doigts étaient super précis et pas cons du tout. Ton boulot de découvrir la faune et la flore, c'était de découper des animaux morts ? Ça f'sait vachement scientifique à la con, ça faisait vachement Archéen.

Je rattrapai le sac de cuir et l'ouvris même pas. Du sel, du poivre, de la poudre ou des cailloux, j'en avais rien à foutre, puisque le sac retourna entre tes pattes aussi sec, en répétant :

"Du sel, pour la viande."

Tu mettais pas de prix, j'gardais pas tes affaires. La balle avait pas besoin de paiement, puisque je t'avais pas sauvé. J'avais juste abattu mes prochains repas. Festins, même. Assez pour vingt personnes, ou pour deu-Tu fis demi-tour et te cassai déjà. Ma mâchoire se serra en silence. Sérieux ? Tu partais comme ça ? Pas d'discussion à la con ? Pas de longue tirade ? Pas de leçon de morale ? Même pas de surnom con ! On dirait presque une autre personne, un autre type qui te ressemblerait et aurait ta voix. J'entrouvris les lèvres en cherchant un truc pour que tu restes, mais trouver un truc, c'était avouer que tu m'déplaisais pas tant que tu respectais mes règles. Trouver un truc. N'importe quel truc. J'dus murmurer un "fais chier" avant de me mordre l'intérieur de la joue. J'avais trop de fierté. Et puis, j'récoltais ce que j'avais semé. Je t'avais blessé pour te faire fuir, mais en finissant notre quickie par une leçon d'morale dans un câlin, j'imaginais que te croiser aurait recommencé la même chiasse romantico-débile. Finalement, je m'agenouillai devant mon trésor et palper son pelage pour repérer ses côtes. Dépecer, récupérer la viande, en faire sécher un max pour faire des réserves et me taper un énorme steak à la belle lune.

Ta silhouette allait disparaître quand ma voix siffla, d'un ordre :

"Ramène du bois."

Et ramène ta gueule.

Bloody big cat

Mais qu'est-ce que j'en avais à faire du sel pour la conservation ?! J'avais mes méthodes et j'détestais pas mal qu'on me donne des conseils sans rien attendre en retour. C'était pas possible d'être aussi con, vieux pervers. Ma mâchoire se serra, prêt à t'en foutre une si, après ta réplique blessante, tu avais osé me rendre ton truc de sel. Agenouillé devant le puma abattu, j'allais me faire de la fourrure et pas mal de viande séchée, à MA manière, sans avoir besoin de ta pitié mal placée. Entre nos deux rencontres, tu avais quand même tilté qu'il valait mieux m'abattre que me saler la gueule, non ? Ton étreinte, c'était juste parce que t'étais du genre niais, mais même le plus gentil des enfoirés finissait par comprendre qu'avoir une balle dans son chargeur, c'était la clef de la survie. J'avais toutes les raisons du monde pour te laisser partir et pas traîner dans l'coin non plus, au cas où ce monstre avait une copine ou des gamins. Va savoir pourquoi j't'avais ordonné de ramener du bois, de revenir quoi, de partager avec moi un moment où tu seras aussi insupportable et dangereux avec ta vieille langue qui raclait le sol. Va savoir pourquoi je voulais que tu reviennes. Va sav-Mes yeux s'exorbitèrent à ta réplique et je mordis fiévreusement ma langue à sang. Qu-Quoi ? Depuis quand tu me donnais des ordres, hein ? Mon regard fut incapable de te regarder, de bouger, juste de voir quelque chose jusqu'à ce que j'entende tes pas reprendre pour s'éloigner. C'était le but, qu'on me rejette comme la peste, puisqu'j'étais aussi mortel que les puces de rat et aussi immortel que la peur de la maladie. Quand c'était les Archéens, ça m'faisait sourire. Quand c'était un mec qui en avait été jusqu'à accepter de baiser avec moi, ça f'sait un peu mal au coeur.

Tellement mal au coeur que je me relevai. Que j'laisse mon butin pour ton sourire à la con, tu pouvais l'oublier. Je passai mon Barretta contre mon torse, et, d'un élan, passai les pattes avant du félin de chaque côté de mes épaules. Le poids traînant à l'arrière était tout sauf pratique. 'Chier. Deuxième technique, et le corps s'finit sur mes épaules, les pattes traînant toujours au sol tant c'machin était massif. Tous mes muscles bandèrent sec, frissonnant d'détresse, la nuque avachie par le poids du pelage. Compte pas sur moi pour me plaindre ou t'reluquer en arrivant avec ce truc insupportablement lourd. 'Fin bon, rien qui pouvait m'faire lâcher, encore moins devant témoin. Un acte valait plus que trois mots. Et là, j'te rappelais juste qui était le plus fort. Au centre de la clairière, près de ton manège dont j'loupais pas un millimètre de peau, je laissai retomber le puma et sentis mes épaules craquer de soulagement. Je m'étirai les bras en retenant un grognement, mais pas une main baladeuse pour frapper l'une de tes fesses encore habillées en soufflant :

"T'as d'la saleté sur le cul, aussi."

Mes lèvres fines disparurent dans un semblant de sourire, avant que je n'me serve en bois pour préparer mon festin sur ton territoire.

Bloody big cat

Fuis-moi, je te suis. Suis-moi, je te fuis.

Tu pensais vraiment que j'allais tout d'suite te désapper et reprendre une partie de jambes en l'air sans raison ? La première fois, c'était par instinct. La seconde, ce s'rait du désespoir. J'avais pas voulu rester seul avec la carcasse de ce mastodonte. J'voulais pas rester avec ce vieux pervers qui avait oublié d'être chiant mais pas d'être pervers. Nos lèvres s'étaient effleurées d'un baiser, et j'préférais embrasser les os du puma que d'te laisser ma langue en patûre. Je tournai la tête en sentant ma mâchoire se crisper. Agis pas comme si on était ensemble, ou même juste proches. On était que dalle. On avait jamais été quelqu'chose et j'comptais bien te faire chier jusqu'à ce que t'arrêtes de m'ouvrir des portes que je détruisais sans pitié. Et y avait pas que les portes métaphoriques que je voulais détruire en t'entendant critiquer mes efforts. Tout était prél'vé, et alors ? Je pouvais trouver ce que tu avais loupé. Un peu d'chair, un organe caché, juste des os assez solides pour être utiles ou... ou que dalle. Tu l'attelais et t'embarquais pour l'éloigner. Moi, je réagissais à peine et te fusillais d'un regard assassin jusqu'à ce que ta silhouette disparaisse entre les arbres. Je fermai les yeux, grognai en prenant mon visage dans les mains. Rhaaaaaaa ! Sérieux ?! Mon butin, mes règles, ma balle. Bordel, t'étais passé d'esclave niais à connard de moraliste. J'étais bien assez grand pour m'débrouiller tout seul sans me taper les conseils de Jean des Bois.

Je m'accroupis et repris mes esprits. Si ta sale langue disait pas que des conneries, ça montrait juste que j'étais perché. Et c'était pas à cause du gars qui écrivait des lignes en comprenant mal la réponse d'avant, ce serait pas rp, mais sûr'ment à cause des espèces de mûres que j'avais bouffées plus tôt. Elles me faisaient mal aux tripes, mais est-ce qu'elles avaient pas un autre effet. Comme me rendre con. Ou te rendre encore plus insupportable que la dernière fois. Persuadé que tu pouvais que te foutre de ma gueule si j'disais que j'avais avalé des baies noires qui m'foutaient le transit en vrac, je profitais de ton absence pour me relever et aller faire disparaître les preuves, les dernières baies, les écrasant au pied d'un arbre avant de cacher cette bouillie noirâtre avec des feuilles et de la terre. Je revins et eus juste le temps de m'accroupir à nouveau avant que tu reviennes avec tes grands airs de m'sieur je-sais-tout. Le foyer du feu fut prêt en quelques secondes, et tes mains revinrent peloter les miennes. Je relevai la tête, clairement hermétique à ce rapprochement inutile. Tu voulais le faire, le feu, pas vrai ? Alors bouge.

Le feu prit sous nos yeux et, forcément, ta langue pouvait pas s'en empêcher. Pour critiquer mon odeur, ou mon  apparence, 'fin franchement, se laver avec ton eau, c'était pas dans mes projets.

"On est pas à l'hôtel, j'te pique ton feu c'est tout."

Les dettes, pas envie d'en avoir. Déjà qu'y fallait que je fasse preuve de mauvaise foi pour oublier que rien que ce feu devrait me coûter quelque chose. J'eus une quinte de toux, crachant par terre un mollard qui aurait au moins l'mérite de calmer ta libido. La salive et quelques gouttes de sang tâchèrent les herbes. Mon sac fut aussitôt posé d'ssus pour le cacher, et je chopai silencieusement ta manche, ou ton col, le tissu qui passait par là quoi, pour te tirer à côté d'moi.

Bloody big cat

Nos regards se croisèrent et, aussitôt, ma mâchoire trembla d'agacement. J'crois que j'avais pigé ce que tu allais vouloir faire. Juste avant que tu commences ton spectacle, j'avais sifflé :

"Ose même pas..."

Tu te levas, et voilà qu'tu me faisais chier. T'imaginais quoi ?! Que tu allais lire dans mes pensées et me soigner juste d'une putain d'intoxication alimentaire. Mal de bide et crachat, ça pouvait être pire. Tu posas ta main sur mon torse pour m'installer et je te fusillais silencieusement. Ose me soigner, vieux pervers. L'abruti des étoiles comptait bien te foutre la râclée de ta vie ! J'restais assis, même s'il fallait te foutre mon poing dans la gueule. Tu touchas à mes affaires, juste pour voir un peu d'salive et une goutt'lette de sang. C'était pas une hémorragie, ça va ! Et dès que tu me tournas le dos pour suivre les faits et gestes de ce connard d'enfoiré de collabo voleur, je me rel'vai. J'crois que je préférais encore pas bouffer mon puma que de rester à t'écouter débiter des conneries et, pire, à m'aider. T'étais pas l'Abbé Pierre et j'étais pas un clochard en quête d'une pièce de deux. De la Belladone ? Et bah quoi ? Si c'était mauvais, j'en reprendrai juste jamais et m'contenterai d'une myrtille ou d'la mûre. Tu revins avec ton bol à la con, avec cet air à la con, et ces paroles à la con. Boire du sel pour gerber mes tripes devant toi ? J'trouverai bien un buisson pour le faire tout seul, suffisait d'mettre un doigt assez profond.

C'était là que tout ton p'tit manège prenait fin. Au lieu de gober bien gentiment ton poison, je l'avais repoussé d'un geste de la main et l'avais fait tomber à terre.

"Tu vas pas m'faire chier ! C'est qu'un mal de bide et un peu de sang alors fous-moi la paix ! J'veux pas de ton aide !"

Je méritais pas qu'on m'aide alors lâche cette putain d'idée d'être un gentil infirmier avec ton sel et ta connaissance des plantes à la con. J'devais même pas me reposer, par TA faute, et j'transpirais autant que pendant la chasse. Ça avait aucun sens. Fais chier. Monter dans un arbre, m'y attacher et attendre que ça passe, c'était clairement plus intelligent que rester dans tes pattes à attendre un moment d'faiblesse pour me faire sauter dessus. T'as pas ma confiance. Tu l'auras jamais, que tu sois un vieux pervers, un sale con ou l'homme parfait. J'la méritais pas, ta confiance. Je repris mon sac, mon Barretta alors que tu me menaçais à ta manière. Le souffle court, j'avais soufflé froidement :

"Fais ça et je te jure que j'te tue."

Comme quoi, qu'on passe un bon moment la dernière fois, c'était bien un accident. Un truc qui s'r'produirait pas. Un machin ridicule, impensable, une connerie... une... Il f'sait chaud ouais. Fallait vite dégager. La nuit tombait super vite et j'y voyais quasi que dalle.

Bloody big cat

Plus de paroles que d'actes. Tu pouvais parler, connard ?! Mon regard te fusillait avec autant de haine dont j'étais capable. J'allais te défoncer, te massacrer, si tu t'inquiétais pour moi, pigé ? Tu f"sais ta vie, et j'irais mieux demain si mon bide s'calmait, comme ma toux. Va chier. Va chier. Va chier ! Avec trop d'ego et de fierté, je pouvais que faire demi-tour et retenir ma respiration. J'allais te foutre la paix, et même te laisser toute la bouffe de celui qui aurait dû te croquer complet. Je me mordis la langue, me retenant d'te sortir une énième injure et, sac sur le dos, arme à la main, je partis. Enfin, j'essayai. Je dus faire deux à trois pas, lents, lourds, avant d'sourire. Pire que ça, j'me mis à rire comme un con. La situation était drôle, non ? Hilarante ? J'avais clairement pas envie d'rire, mais je riais et je me retournais vers toi en souriant, les yeux dans le vague, pour tendre une main vers toi.

"Ahah, m'fais pas chier, pervers... J'vais bien et j'ai pas envie de partir. On danse ?"

Pour danser, fallait bien se débarrasser un peu. Le sac tomba le premier, les lanières glissant sur mes épaules en emportant, dans le même temps, ma veste. Puis, ce fut au tour de ma bien-aimée de disparaitre à terre, un véritable affront si j'avais été dans mon état normal. Mais là, maintenant,  à voir ta silhouette floue disparaissant dans la brume, je pensais qu'à sourire. Depuis combien de temps n'avais-je pas été aussi heureux ? J'approchais, essuyant suavement mes lèvres contre mon poignet, qu'tu puisses voir aucun filet de sang qui te soûlerait et te pousserait encore à me faire la morale. Mes canines scintillaient presque tant j'souriais. Et je causais aussi, toujours un langage proche du charnier, mais, pour une fois, sans trop t'insulter :

"Tu vas pas t'faire prier, non ? On a chopé de quoi bouffer pendant des s'maines, tu as ton petit carnet à dessins, j'te propose une danse, moi, un archéen, sans être armé, ahah, tu pourrais m'buter là, maintenant, alors viens danser Killian !"

Je manquai de m'exploser à terre en cognant le pied contre une pierre, et finis par t'atteindre après une véritable épopée. Il faisait chaud, de plus en plus chaud. J'suppose que ton côté sexy et arrogant arrangeait rien. Fallait arrêter de tout voir en noir, y avait du bon dans tout l'monde, non ? Alors mes mains t'agrippaient un peu où elles pouvaient pour te forcer à te redresser. Allez bordel, on danse ! C'était pas un p'tit poison de rien du tout qui m'donnait mal à l'estomac et un peu de crachat rouge que tu allais m'emmerder, hein ? Je m'sentais déjà bien mieux ! Tellement bien que j'en sortis ma dague pour la passer, quand tu fus debout, près de tes lèvres, puis derrière ton cou contre lequel mes mains pendaient. Pour une danse, j'étais prêt à n'importe quoi. Juste une danse. La dague s'enfonça dans la terre, abandonnée à son tour, dernière fugitive de mes armes. Mon cou et mon visage étaient rouges, emportés par cette chaleur étouffante, et mon front s'appuya contre ton épaule, en silence. T'entendais cette musique sur laquelle on dansait ? 'Fin, on bougeait. I cannot tell. We came all this way, but now comes the day, to bid you farewell... Tu les entendais aussi, hein ? J'étais pas si taré que ça, hein ? C'était fou à quel point j'me sentais bien. Ton poison, c'était peut-être juste une drogue ? Ou même un bonheur, en fait.

Bloody big cat

J'allais. Très. Bien. Pigé ?
La douleur au ventre disparaissait p'tit à p'tit, je sentais la chaleur étouffer chacun de mes membres, et la seule idée d'pouvoir danser avec toi et te prouver que j'étais clairement impossible à buter, ça m'foutait une humeur d'Enfer. Alors ça se voyait sûrement pas, hein, Ma main prit la tienne, pour te relever et me vautrer complèt'ment sur toi en souriant.

"Tssss. Inquiète-toi pour toi, j'vais massacrer ton endurance."

Mon coeur palpitait à la folie et mon visage sembla d'autant plus radieux et narquois quand ma dernière arme sortit de sa cachette pour effleurer tes lèvres. Ok, c'était possible que ça, ce soit sexy. Ma dague finit à terre, et là, y avait plus qu'un drapeau blanc à hisser pour mettre fin à la guerre. Et fêter le début d'une danse.

Ta main glissait dans mes cheveux, supra froide à côté de mes joues. Tu lançais le rythme, ça faisait une éternité que j'avais pas dansé, pire encore, est-ce que j'savais encore danser ? J'me laissais porter par tes gestes, finissais par replanter mon regard dans le tien en  gloussant d'un rire dérangé, le coeur battant de plus en plus fortement. Mes doigts crépitaient contre ta peau, glissaient sur tes épaules, rejoignaient ton torse en approchant à chaque fois mes lèvres d'une nouvelle zone de ton corps. Ainsi, tu pus te faire malmener le cou et la mâchoire de quelques attentions terribles, passant mes crocs comme un danger te rapp'lant que je pouvais te dévorer n'importe quand si ça m'chantait. Gai mais pas trop, désarmé mais pas battu. La danse m'plaisait bien, mais durait quasiment pas. Tout s'renversa, mes paumes s'agrippèrent brutalement contre ton col en émettant une espèce de grognement de surprise. Qu-Pourquoi tout était retourné, hein ?! Et... debout ou allongé, tu m'touchais quand même encore. Est-ce que c'était pour ça que j'avais si chaud ? Une nuit homosexuelle et j'étais prêt à bander juste pour tes doigts ? Je me mis tout seul à ricaner, prenant ta main pour la rapprocher de mes lèvres et mordiller tes doigts les uns après les autres. Entre deux mordillements, j'avais susurré :

"Oh ça va, vieux pervers.... Comme si mon nom était important, ahah !"

Ma main emmena la tienne au-dessus de mon visage, t'attirant vers moi comme un aimant.

"J'ai chaud, bordel. J'en mangerai d'autres, d'ces plantes."

J'disais ça sûrement parce qu'on en était pas encore à la dernière étape de ton imbécile de belladone à la con, c'est-à-dire le coma et un machin cardio-vasculaire. Le genre de symptômes dont on s'foutait complètement quand on était en plein milieu des étoiles. Un nouveau rire retentit avant qu'je chope ton col pour plaquer tes lèvres sur les miennes. Moins tu causais, plus t'étais sexy. Et plus t'étais sexy, plus j'avais chaud, au point d'en avoir une réelle fièvre qui pointait le bout d'son nez. La fièvre érotique, j'suppose que ça ressemblait à ça. Et avec bonus main au caleçon, en plus, pour pas qu'tu confondes appétit sexuel avec histoire d'amour. Et puis, comme ça, tu pouvais sentir la chaleur de ma main et en profiter un max.

Bloody big cat

T'étais tout sauf pour moi. J'allais pas en souffrir, parce que j'm'attachais pas. Je savais que tu me tueras dès que tu en auras l'occasion, l'envie, la raison. Je savais qu'tout ça, c'était que du sexe. Sur l'Arche, j'en avais eu. Au sol, t'étais le premier. Les Terrestres étaient franchement moins dangereux qu'je le pensais. Toi, en tout cas, t'étais clairement bizarre. Un vieux pervers que j'dévorais d'un regard lubrique. J'avais envie d't'embrasser, là. C'était ridicule. Mais putain, j'voulais vraiment t'embrasser. Valait mieux s'concentrer sur tes lèvres que sur la chaleur, ou l'simple fait que tu pensais carrément qu'j'allais crever. Si fallait bouffer du poison pour m'sentir aussi... étrang'ment bien, j'allais en bouffer d'autres.

"Pas aussi cool ? Fais pas chier, vieux pervers. On peut s'éclater..."

Et pour t'convaincre, il suffisait de t'embrasser. Encore et encore, jusqu'à c'que tu cèdes. Ma langue envoûtait la tienne, la cherchait et la kidnappait avec ferveur. Mes mains prenaient possession de ton corps, l'une ferme contre ta nuque, l'autre déjà prête à retirer ton cal'çon, passant sous le tissu pour te peloter comme un ado encore puceau. Et hop ! J'eus un grognement, plus proche du feulement d'un chat capricieux, quand tu épinglas mes mains au-d'ssus de mon visage. C'était pas parce que j'avais envie de baiser que j'allais m'laisser marcher dessus ! Ou... me faire rejetter avec une excuse à la con. Pervers ? C'était ça qui t'gênait ? J'y crois pas... J'me redressai alors qu'tu t'éloignais, gardant les yeux fermés pour pas gerber alors qu'ma tête bougeait de droite à gauche en dodelinant. Ça tournait, putain. Et... et j'riais quand même d'bon coeur. T'aimais pas ce surnom, alors tu jouais la mijaurée ? T'avais totalement raison mais, par principe, je devais te donner tort.

Une main me tint le crâne si lourd, et j'ouvris un oeil pour comprendre où tu étais parti. Tu étais loin... Des kilomètres nous séparaient tant ce feu me semblait impossible à traverser, tant mon corps semblait incapable de bouger. Avec des gestes lents, approximatifs, j'me donnai la mission de retirer mon tee-shirt crade et dus bien galérer un siècle avant de sentir la brise frôler mes côtes, mes omoplates jusqu'à mes hanches. Pour éteindre un incendie, il fallait se refroidir. Et pour allumer le tien, je balançai subitement le haut dans ta direction, visant avec une grande précision pour un type complètement défoncé au poison, avant de me vautrer à terre, allongé, une jambe pliée et l'autre étendue. Mon bras gauche couvrit mes yeux et, de la voix la plus faible possible, j'avais susurré un prénom :

"Sydney..."

Le dire me piquait la langue d'une infinie quantité de trombones aiguisés et éventrait mon coeur avec une lame aussi émoussée qu'celle qui m'avait sectionné la cuisse. C'était peut-être pas tout à fait mon prénom,  mais je savais faire les choix qui me faisaient souffrir. Je méritais bien ça.

Bloody big cat

Ma gorge s'enflamma brutalement et tout mon corps se rendit d'une haine infinie contre celui, celle ou ceux qui portaient ce nom de famille. Sydney. On m'avait toujours appelé et on m'appellera toujours comme ça. C'était des syllabes difficiles à prononcer sans étouffer, sans s'piquer sur la lame qui avait pris tant de vies, sans vouloir venger toutes ses victimes. Un bras couvrant mes yeux, j'me mordais la langue pour me punir d'avoir été aussi capricieux. Mais toi, c'était pas à la morsure qu'tu m'attaquas mais avec un sniper plus précis encore que le mien. Ça. Ça faisait mal. J'émis simplement un grognement et levai ma main, creux dans le ciel, les doigts écartés. Foutu terrestre. Qui m'disait que tu étais pas le responsable de ce truc que j'avais bouffé ? Que tu venais pas d'piéger celui que tu remettrais contre un sac d'or aux Archéens ? Même pas de l'or. Des bouts de métal. Ou moins que ça encore. Juste un badge à accrocher sur ton coeur.

Plus mort que vivant mais plus déterminé que mort, je me redressai d'un coup sec, manquant de vomir sur le feu tant la tête tourna brusquement. Ah, merde ! J'te fusillai du regard. Tu dessinais toujours et m'laissais comme un crétin alors que j'allais très TRÈS bien ! J'avais balancé déjà mon haut déjà sur ta tronche, alors le prochain projectile fut une brindille de bois qui s'éclata dans l'âtre du feu. Des étincelles valsèrent et des crépitements fondirent à nos oreilles. C'était plus agréable que d'entendre ta voix dire des trucs dont elle pigeait rien. Et, toujours narquois, toujours avec ce sourire violent et moqueur, j'avais craché en me relevant peu à peu, les jambes aussi tremblantes que des castagnettes :

"Un nom de famille, trouduc, c'est ça... Ah... C'est c'lui de cette nana, et de moi. Et de mes gosses, ahah ! Comme si j'allais avoir des enfants !"

La chaleur m'étreignait de tous les côtés. Cette foutue bouffe, mon ventre vide qui voulait s'vider encore, mes jambes, mon coeur et mes tripes. Même mon visage était rouge, cramé, avec deux yeux vitreux qui te mataient sans sourciller. Je fis un pas en avant. Le bout de ma chaussure chauffa à son tour contre les bois calcinés. Et voilà que j'en faisais trois sur le côté, comme emporté par une force invisible. Hmmmffff...

Connard. C'était de ta faute, de la faute de ces baies qui m'rendaient plus suicidaire encore. Tellement suicidaire que j'en avais envie de vivre. Mes jambes cédèrent sous mon poids et je me vautrai pitoyablement sur toi en me fichant bien de ton dessin à la con. Je devais haleter comme si je venais de courir un marathon et m'en marrais bien avec la classe d'un cachalot échoué sur le cadavre d'un terrestre chiant. Un terrestre qui se prit le pain de sa vie, de toutes mes forces, frappant ton torse par trois fois d'une telle force sur c'en était ridicule.

"Si tu... crois que tu peux me... tuer, tu t'foures le doigt au cul... Killian."

Et hop, mes lèvres tombaient et embrassaient les tiennes avec ardeur, la langue baladeuse, avant de me redresser et de lécher mes lippes.

"Abuse de moi, vieux pervers. ... Nat Sydney attend."

Nat, Nate, Nathan, Nathaniel, Nathanaël, je m'en foutais. Mais Sydney était jamais à oublier ou à remplacer. Jamais. J'étais tellement en feu putain. À croire que ce truc était du viagra plus que de ta belladone à la con. C'que je savais pas, c'était que cet état était le dernier qui était pas mortel. Tu m'sauvais, tu pouvais me donner la peine maximale. Alors embrasse-moi, vieux pervers.