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Ça faisait plusieurs heures que Syl suivait les traces de ce chasseur. Des pas lourds, qu’elle pouvait suivre à l’oreille, mais qui l’ont distancé après un temps. Arc dans le dos et épée à la main, elle cherchait et implorait Shugai de l’aider à trouver ce barbare.
Un crime, passible de pas mal de choses pour son clan. Une chasse interdite, un étranger qui a eu faim et s’est servi sans l’autorisation de Louwoda. Si cela paraissait étrange pour certains, c’était ancré dans les veines de la Wanilda.

Les traces de pas furent de moins en moins profondes, le sol plus sec. Syl leva le nez du sol pour regarder au loin sans apercevoir d’ombre. Elle pesta un instant et avanca dans la direction des pas, bornée à ne faire demi-tour qu’une fois que le soleil entamera sa chute dans le ciel.
Son armure de cuir et de peaux lui tenait chaud et Syl se maudit d’avoir suivi la piste sans monture. Elle entendait encore la phrase « Laisse ça aux guerriers » à laquelle elle avait répondu « Je suis aussi une guerrière » avant de suivre la trace de sang. Même son égo demeurait têtu.

Perdue dans ce souvenir, Syl ne remarqua pas que la piste avait disparu devant elle. Seul un bruit non loin la poussa à se camper en posture défensive, épée à la main. Ce fut à ce moment qu’elle comprit son erreur. Elle n’était plus sur ses terres.
Un grognement lui échappât et à peine se tourna-t-elle qu’elle se retrouvit encerclée par des soldats Yujleda. Si son premier réflexe fut de montrer les crocs, elle tenta la diplomatie, consciente des dégat qu'une réponse armée pourrait engendrer. Loin d’être son fort, les soldats ne l'écoutèrent pas, ne la crurent pas, l'entrainant par la force sur les terres Yujleda.

Peut être que si elle n’avait pas montré les crocs, elle serait repartie sans soucis. Peut être que si elle n’avait pas encore son épée à la main, elle ne serait pas là, tenue en joue par deux soldats qu’elle se sait capable de maitriser sans peine à attendre.

A leur tenue et à ce qui lui reste de logique, Syl comprit rapidement que sa traque du chasseur l’avait menée sur les terres Yujleda. Sa seule chance, elle le sait maintenant, est de calmer le fauve en elle qui ne demande qu’à rugir pour devenir un chaton. Difficile à faire lorsque le tranchant de haches menacent votre peau.

Pour une fois, elle se sait Innocente. Mais le sont ils ? Etait ce un chasseur Yuljeda perdu qui aurait tué sur leur terres ?

C’est perdue dans ses pensées censées la canalisée et lui éviter de faire des âneries qu’elle rentre. Elle. La voix aussi lisse que le cours d’un fleuve.

De par sa position, la Wanlida savait qu’une femme avait pris le pouvoir dans ce clan sans l’avoir pour autant rencontré. Ça aurait pu se faire dans de meilleures conditions. Il est clair. Une démarche de chef, une allure dangereuse. Un fin sourire étire les lèvres de la guerrière alors que les premiers mots sont lancés.

Refléchir n’est pas son fort et il faut à Syl se mordre la joue pour ne pas la tendre à une claque qu’elle mériterait sans peine. La cheffe de clan pourrait la tuer, d’un geste du poignet à n’en point douté et la honte serait sur sa vie - sa mort en l’occurence - d’avoir échouée ainsi.


Louwoda Kliron Kru et mon nom est Syl.

Syl redresse la tête pour apercevoir la cheffe de clan :

Je suis certaine qu’en termes de conflit, votre clan en a plus qu’il n’en faut. Je n’ai aucun intérêt à vous mentir. Ce n’est pas dans ma manière d’être. Tuez moi et vous tuerez une Wanlida.

Il faut toute son énergie pour dire cela sur un ton neutre et sans animosité. Respecter l’autorité coule dans ses veines mais de cette femme émane une préstance controlée. Est ce que ses mots suffisent ? Où bien Shugai aura décidé que son heure est venue dans le déshonneur ?