L'atmosphère des clans avait quelque peu changé, depuis la chute d'un mystérieux oiseau de métal sur les terres de Trikru. Les rumeurs allaient de bon train, mais Laska ne savait pas ce qu'il en était réellement. On informait pas gratuitement une exilée comme elle, et la brune savait qu'elle devrait grappiller des informations au fil du temps et de ses voyages. Son projet n'était même pas de rallier Trikru, pour le moment. La zone semblait trop instable, et le risque n'en valait pas la peine. À la place, la soigneuse se déplaçait sur les territoires environnants, évitant soigneusement les terres de Trishanakru. Il lui semblait avoir semé ses poursuivants, ces jours-ci. Ce n'était pas une raison de totalement relâcher sa garde, mais la jeune femme savait qu'elle n'aurait pas à avancer aussi vite que d'ordinaire. C'était agréable, car pour une fois elle pourrait prendre le temps de récolter quelques remèdes. Selon les régions, il y en avait des différents, et celle-ci en offrait de très utiles. Il suffisait juste de savoir où chercher. Avant toute chose, la brune tâcha de trouver un endroit où elle pourrait rester pour la nuit. Une petite grotte ou un tunnel feraient l'affaire. Après un bon quart d'heure de recherches, elle arrêta sa monture pour examiner un renfoncement dans la roche. Ni trop petit, ni trop visible, elle le jugea parfait pour être son abri d'une nuit. Elle camoufla ensuite son cheval dans la forêt pour continuer ses recherches à pied, guettant une rivière : lieu propice pour la pousse des plantes recherchées. C'était aussi un lieu susceptible de la mener à faire quelques rencontres. Parfois bonnes, parfois mauvaises, mais l'avantage était qu'elle se trouvait loin des premiers villages. Il y avait donc peu de chances pour que ça se produise. Malgré tout, elle garderait l'oeil ouvert pour détecter d'éventuelles traces. Si elle retenait bien une chose de son temps passé à Trishana, c'était les arts de la traque.

Ce fut justement ce qui lui permit rapidement de réaliser qu'elle n'était pas seule ici. Les traces n'étaient pas nombreuses. Cette personne ne voulait certainement pas être retrouvée, mais ce qui l'interpellait le plus était la manière dont elles avaient été laissées. Comme si leur auteur n'était pas totalement en bonne santé. Ou peut-être blessé à la jambe ? Laska ne pouvait pas le deviner sans en savoir plus. Elle n'était d'ailleurs pas certaine de le vouloir, mais il lui faudrait bien approcher cette rivière à un moment ou un autre, alors autant écarter tout risque au plus vite. Marchant à pas de loup, à l'affut du moindre son, la native finit par s'immobiliser lorsqu'un bruissement se fit entendre dans son dos. Apparemment, elle avait été repérée la première. Lâchant un soupir d'embarras, elle se tourna pour voir de qui il pouvait s'agir. Mais, bien entendu, la personne ne s'était pas exposée hors des buissons. « Je sais que vous êtes là, alors montrez-vous. » lança t-elle, peu désireuse de jouer au chat et à la souris en ces lieux.  Surtout sans savoir si elle devrait être le prédateur ou la proie. « Je ne vous veux aucun mal. » À nouveau, elle ne savait pas si c'était ce que l'autre craignait ou non. Après tout, elle n'était pas une combattante, juste une soigneuse. Toutefois, il était toujours préférable d'annoncer directement que ses intentions n'étaient pas mauvaises.

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Laska s'attendait à voir une personne blessée, mais certainement pas à ce point. L'homme, qui n'avait rien d'un natif, se trainait au sol, et l'une de ses cuisses était recouverte de sang. S'agissait-il d'un de ces étrangers venus du ciel ? Heureusement, la guérisseuse avait eu la prévenance d'employer la langue des guerriers. Elle avait entendu que ce peuple la parlait, tout comme les montagnards. En tout cas, malgré son approche dénuée de toute menace ainsi que ses paroles, l'étranger restait sur ses gardes. Il pointait sur elle un objet qu'elle serait incapable de nommer, mais qui était de toute évidence une arme. Cela l'encouragea à rester immobile. Comme les animaux, les hommes blessés avaient tendance à se montrer plus agressifs. C'était l'instinct de survie, après tout. Mais il devrait comprendre que la native n'avait pas de mauvaises intentions. Pour l'instant, c'était en mauvaise voie. Lorsqu'il éleva la voix, l'homme confirma tout ce dont la brune se doutait. S'il ne comptait pas lui faire de mal, c'était plus ou moins rassurant, mais tout comme lui, la native n'allait pas le croire sur parole. Surtout lorsqu'il la menaçait toujours de son arme de métal. Il tenta de se relever, mais vu le sang qui émanait de sa blessure, Laska ne fut pas surprise de le voir retomber au sol. Son sourcil s'arqua de manière presque cynique. Et où comptait-il aller en rampant comme ça ? Lâchant un soupir, Laska croisa doucement les bras. « Et bien vas-y, je te regarde. » répondit-elle en levant les yeux au ciel. Le brun allait vite capter qu'elle le comprenait parfaitement. Il serait fort inutile de savoir parler une langue, mais de ne pas la comprendre.

Même avec du temps, il n'irait pas bien loin dans son état. Il lui faudrait une demi-journée pour construire un abri ou rejoindre le plus proche, et c'était sans tomber sur une escouade de guerriers ou un animal sauvage. Sans parler des risques d'infection, et de la fatigue engendrée par la perte de sang. Autrement dit, ce type n'avait rien de son côté. S'il était tombé du ciel sans en mourir, il avait certainement épuisé toute sa chance. « Et si tu commençais par baisser ton arme ? Je n'aurais aucune raison de t'attaquer. » poursuivit-elle en reposant les yeux sur lui. Si elle cherchait à défendre un territoire, la brune s'y serait directement mise. Et, vu l'état de ses vêtements et de ses affaires, elle n'avait rien à lui envier. Parvenait-il au moins à se nourrir, dans cet environnement ? « Si tu pars dans cette direction, » elle pointa du menton le côté vers lequel le brun semblait vouloir partir, « tu vas tomber sur un village guerrier. Ils ne seront pas aussi sympathiques. » Surtout pas face à un étranger. Les peuples de cette région étaient plutôt reclus sur eux-mêmes, pas du genre à laisser repartir un inconnu qui les menace avec son arme. Malgré tout, Laska ne se mettrait pas en danger pour lui. S'il refusait de l'écouter, elle n'y pourrait rien, et s'arrangerait simplement pour ne plus recroiser sa route. Elle avait appris que certaines personnes ne souhaitent pas être sauvées. C'était dommage, surtout à travers ses yeux de guérisseuse, surtout quand il y avait la possibilité d'aider. Or, elle aussi avait ses propres problèmes, et ils n'étaient jamais bien loin. Après cela, Laska resta silencieuse, dans l'attente d'une décision ou au moins d'une réaction de la part de son interlocuteur.

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Ce type semblait vraiment surprit de l'entendre parler. Ou peut-être, de comprendre ce qu'elle disait ? S'il n'avait croisé que des natifs parlant uniquement la langue locale, ce n'était pas étonnant. Toutefois, il devrait bien s'y faire, et vite. Se comprendre au moins dans le language employé était un sacré avantage, pour deux personnes qui venaient de mondes si différents. C'était d'ailleurs étonnant, et Laska se demandait comment cela pouvait être possible. Mais trêve de questionnement, les réponses n'étaient pas importantes pour le moment. Ce qui se déroulait en cet instant, par contre, l'était. La guérisseuse ne tenait pas à se mettre en danger pour une rencontre aussi hasardeuse. Comment cet homme du ciel était-il arrivé aussi loin de ses camarades ? Il était certes blessé, mais survivre était déjà une sacrée épreuve en ce monde. Dans l'optique de calmer le jeu, la native parla de nouveau, souhaitant lui faire entendre qu'elle ne représentait pas une menace. Après tout, il était celui qui pointait une arme sur elle depuis tout à l'heure. Malgré tout, Laska vit bien que ça ne serait pas suffisant. Il ne lui faisait pas confiance, et c'était réciproque. Elle fut donc surprise de voir l'une de ses mains se diriger vers le ciel, et fronça les sourcils. Il déposa également son arme, et une vague de soulagement vint l'envahir. Elle leva à son tour les mains, lui faisant comprendre qu'elle ne comptait pas s'approcher de lui. À croire qu'ils communiquaient mieux sans parler.. pourtant, Laska ne put s'empêcher de lui déconseiller une certaine direction.

Il tenta de se redresser, mais à nouveau sans succès. Laska le détailla du regard. Même sans l'intervention de quelques ennemis, il n'en aurait plus pour très longtemps. Du moins, sans aide. Et qui souhaiterait prêter main fort à un homme du ciel, en ces bois ? « Merci suffira. » lâcha t-elle en levant les yeux au ciel. Elle ne savait pas ce qu'il avait essayé d'ajouter, mais pour le coup ça ne faisait pas partie de son vocabulaire. La brune resta silencieuse quelques instants, le fixant en train d'essayer d'avancer malgré sa blessure, avant de se résoudre à parler de nouveau. « Pourquoi es-tu si loin de chez toi, homme du ciel ? » Les forêts Trikru étaient à des jours de marche d'ici. S'était-il éloigné volontairement ? À moins d'y être obligé, ça ne semblait pas être une très bonne idée s'il comptait survivre. Cette réflexion ne lui donna pas plus envie de lui faire confiance, mais la brune restait une guérisseuse. Elle ne pouvait pas passer son chemin sans au moins lui proposer son aide. « Tu vas mourir, si tu ne soignes pas cette blessure. Tu dois l'avoir réalisé à présent. Si tu l'acceptes, je peux t'aider, je suis une soigneuse.  » Il ne lui ferait pas confiance, alors Laska ne pouvait que le mettre face à la réalité des choses. Il pouvait suivre son instinct, ne pas se fier à elle et aller mourir seul un peu plus loin. Ou accepter de saisir sa seule chance, même si cela représentait un risque. Un risque qu'elle prenait aussi en proposant de prolonger cette rencontre. Autant face à cet homme, que vis à vis de ses propres poursuivants. D'eux deux, elle avait le plus à perdre, même si le blessé ne serait certainement pas en mesure de le réaliser. À présent, tout allait dépendre de lui. Laska n'avait pas bougé d'un pouce, dans l'attente de sa décision. S'il le voulait, elle l'aiderait du mieux que possible. Sinon, elle passerait sa route sans l'ombre d'un remord, sans s'exposer au moindre risque.

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Laska avait légèrement haussé un sourcil. Cet homme s'essayait-il à l'humour, dans un tel état ? Il lui semblait avoir déjà vu ça...  Sous la pression et la détresse, le cerveau pouvait avoir des réactions étonnantes. Bien que, pour son cas précis, la brune se disait que l'inconnu devait avoir un tempérament sacrément perché même sans tous ces autres facteurs. Il était d'ailleurs plutôt miraculeux que personne n'ait encore décidé d'abréger ses souffrances jusqu'ici, et ce même avec cette arme du ciel dans les parages. Un guerrier qui souhaite tuer, est aussi discret que n'importe quel prédateur. Laska, elle, n'en était pas un. Heureusement pour lui.  Elle haussa mentalement les épaules. Il ne voulait pas lui parler, soit. La raison de sa présence ici n'avait pas de réelle importance, mais quelque chose lui disait qu'il n'avait pas très envie de retourner auprès des siens. Sinon, il aurait saisi l'occasion pour essayer de situer Arkadia. Tout cela ne la regardait pas ni ne l'intéressait. Dans tous les cas, la soigneuse ne l'aurait pas raccompagné elle-même jusqu'aux portes de son peuple. Elle ne releva donc pas sa réplique, et préféra le mettre face à la réalité des choses. Faire de l'humour, faire l'homme fort ou une autre connerie du genre allègerait peut-être son esprit quelques instants, mais ne lui sauverait assurément pas la vie.

Pendant un instant, elle crut qu'il allait perdre connaissance, avec son regard vitreux pointé en sa direction, et son corps cambré reposant contre la végétation. Il n'irait pas plus loin. Pas un mètre de plus. La blessure devait être à un stade réellement avancé, et Laska se demanda si elle pourrait au final y changer quelque chose. Ils n'étaient pas à Arkadia, avec tout ce matériel, et avec Abigail. Ici, il faudrait faire avec les moyens du bord, ceux que la native avait toujours connus. Avec difficulté, il changea son arme de place, l'éloignant d'elle, avant d'enfin accepter son aide. À ces mots, la brune fit de son mieux pour ne pas esquisser un sourire moqueur. Lui rendre son service ? Elle ne voyait pas comment quelqu'un d'incapable de survivre correctement ici pourrait lui apporter quoi que ce soit. Mais enfin, elle n'allait pas le contredire maintenant. Le plus urgent était de traiter sa plaie avant qu'il ne soit trop tard. « Si tu veux. On en discutera quand tu ne te videras plus de ton sang sur place.  » Elle dut encore se retenir de sourire, imaginant à quel point il serait frustré de ne pas pouvoir l'aider en retour. Laska était une louve solitaire, habituée à ne se reposer que sur elle-même. Il n'était pas possible d'attendre quelque chose d'autrui.

Elle s'approcha donc doucement de lui, les yeux déjà rivés sur sa cuisse. Ce n'était pas beau à voir, la zone était pleine de poussière et rien n'avait été assez bien fait pour garder la blessure fermée. Tiquant d'agacement, la native déchira sans vergogne le tissu qui l'entourait. Sans doute qu'il cherchait à rejoindre la rivière pour soulager la douleur, mais qu'il n'y était pas parvenu. « Ils ne t'ont pas loupé. On va devoir désinfecter, mais avant... » Elle sortit une gourde remplie d'eau de sa sacoche, et en déversa sur lui pour au moins retirer la terre et la poussière qui s'y étaient accumulées. À présent, restait à désinfecter, et pour cela il ne lui restait qu'une fiole remplie d'alcool. « Ça risque de piquer. Beaucoup. Mais, tu n'es pas du genre à t'évanouir sous la douleur, n'est-ce pas ? » Cela ne l'empêcherait pas de travailler, mais vu son état et la quantité de sang perdu, Laska préférait largement le garder bien éveillé à ses côtés, juste au cas où.

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C’était que, ce type ne semblait pas vouloir lâcher l’affaire, avec son foutu service. Laska ne lui répondit pas cette fois, se contentant de lui adresser un regard qui se voulait rieur. À ce stade, il aurait plus tendance à l’encombrer, qu’à lui rendre un quelconque service. Elle avait besoin de rester discrète, constamment, ce qui avait tendance à lui faire perdre l’envie d’avoir un compagnon de voyage. En examinant sa plaie, la soigneuse avait bien constaté l’étendue des dégâts. Rien que le fait de déchirer le tissu de son pantalon semblait avoir provoqué une douleur importante, qu’elle-même n’avait pu prédire. L’inconnu s’était contenu, mais son langage corporel pouvait difficilement mentir. La brune lui adressa une œillade désolée. Même s’il était un étranger, et qu’il se montrait pour le moins agaçant, elle n’avait pas pour intention de lui faire plus mal que nécessaire. Mais, les yeux fermés, celui-ci ne pourrait jamais voir ce fameux regard. Tant pis. Le pauvre s’était mordu la lèvre jusqu’au sang, et chaque goûte d’eau venant glisser sur sa plaie semblait être un vrai supplice. Ils n’avaient pas le choix, toutefois… souffrir dès à présent pourrait au final lui sauver la vie. Pour échapper à la mort, bien des souffrances pouvaient se justifier, n’est ce pas ? Bien que, depuis leur rencontre fortuite, Laska avait la sensation que cet homme aurait préféré rester seul dans cette forêt, y mourir seul. Enfin, elle n’en savait rien au fond, et il était plutôt clair que le concerné ne lui ferait pas de confidences. La native n’en attendait pas de sa part, et se contenterait de le remettre sur pieds autant que possible.

Elle jugea tout de même bon de le prévenir, avant d’appliquer un alcool fort sur sa plaie. Si sa douleur était déjà intense, cela risquait d’empirer dès que ce nouveau liquide entrerait en contact avec sa chair. Dans ses paroles, la brune avait intégré une petite dose d’humour, comme un petit défi sans réelles conséquences. Rapidement, un rire échappa aux lèvres de l’inconnu, et Laska devina que ça n’avait aucun rapport avec sa petite boutade. Peut être essayait-il de dédramatiser. À nouveau, il était difficile d’en être sûre. Lorsqu’il éleva la voix, ce fut son tour de pouffer. Faire la conversation, ça, elle savait. Mais se faire apprécier par quelqu’un comme lui.. cela semblait vraiment improbable. Mais après tout, pourquoi pas, Laska était souvent surprise par la tournure des événements. Ça ne serait qu’une fois supplémentaire.  « Nous verrons cela alors… »  sourit-elle en commençant à dévisser sa fameuse fiole. La prochaine fois qu’elle s’approcherait d’un village, il lui faudrait vraiment se refaire un stock… mais, cette région n’était pas la bonne pour cela, un peu de patience serait donc nécessaire. Il était un peu étonnant que le type lui dévoile son nom dans un moment pareil, mais après tout pourquoi pas ? C’était peut être une autre manière pour lui d’entamer la fameuse conversation et d’échapper à l’appréhension. « Laska, enchantée, je suppose. »  répondit-elle tout en sondant son regard, s’apprêtant à verser les quelques goûtes d’alcool sur sa jambe. « J’ai connu un homme qui s’appelait comme toi. Nat. »  Elle commença alors à désinfecter la plaie, tentant de rendre ce moment le moins pire possible, même si ce n’était pas une tâche aisée.  « C’était une grande gueule, un peu comme toi. Un jour, il a tellement hurlé dans la forêt, qu’un loup est venu à sa rencontre. C’est assez drôle car, il a perdu sa jambe, ce jour là. »  C’était une véritable histoire, et le parallèle avait une bonne leçon à lui donner. Toutefois, la brune doutait qu’il soit en état de vraiment l’écouter et le comprendre.

Elle finit par tendre le reste d’alcool au blessé.  « Tiens. Ça devrait te remonter le moral. »  Car en plus, ce n’était pas fini… la plaie avait beau être désinfectée, il leur restait encore à la refermer. Il serait bien plus rapide de cautériser, mais tous les patients n’étaient pas nécessairement enclins à passer par cette étape….

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Plutôt joli, comme nom ? Laska ne s'était pas tellement attendue à ce que Nat relève une telle chose, et encore moins qu'il se permette un compliment. Il fallait croire que la douleur lui retournait vraiment le cerveau, à ce stade, et la brune n'avait pas besoin de le connaître plus pour s'en rendre compte. Elle ne se posait jamais ce genre de question, que ce soit à propos de son propre nom ou celui d'autres. Il y avait des noms faciles à porter comme les leurs, et d'autres moins pratiques, mais ça s'arrêtait là. De toute manière, ça n'avait aucune espèce d'importance ici bas. La preuve, on la traitait plus souvent de traitresse et de folle, qu'on ne l'appelait par son nom. Le plus dur avait commencé, avec l'écoulement de l'alcool sur la chair à vif du blessé. Une douleur qu'il n'était facile d'oublier, même si la brune faisait de son mieux pour le distraire avec une petite histoire. Pas sûre que cela ait réellement fonctionné, mais ça avait eu le mérite d'arracher un nouveau rire au concerné. De toute évidence, il ne croyait pas un mot de ce petit récit, et Laska pouvait comprendre pourquoi ! S'il n'avait jamais croisé de loup, il était souhaitable que ça n'arrive jamais en tout cas. C'était effectivement bien pire qu'une lance, alors la native ne donnerait pas cher de la peau de ce pauvre garçon du ciel. « Ça l'est...  » sourit-elle alors, jugeant inutile de lui donner un quelconque conseil dans la situation présente. De toute façon, la survie ne s'apprenait pas en un jour. Parfois, il fallait faire des erreurs pour comprendre comment le monde fonctionnait. Bon, les erreurs sont parfois mortelles, mais la nature fait également son tri.

Enfin, le supplice prit fin, la guérisseuse estimant en avoir fait assez pour désinfecter la plaie. Le reste de l'alcool fut offert au blessé, qui s'en empara dans un sourire étrange avant d'en avaler une première gorgée. Devant sa réaction, Laska esquissa un sourire amusé. À quoi étaient-ils donc habitués, dans le ciel ? C'était un alcool tout à fait normal pourtant... « Ton peuple doit vraiment être fragile. » le moqua t-elle, alors qu'il peinait à reprendre son souffle. À croire qu'elle lui avait donné des cendres brûlantes à boire... L'avantage était que cela avait dû le distraire de la douleur dans sa jambe, du moins le temps d'un court instant. La brune voyait bien qu'il évitait de regarder sa blessure. C'était une réaction que beaucoup avaient. Pour les guerriers, cette forme de crainte disparaissait avec le temps, mais pour un type comme lui, Laska n'avait pas la sensation que ça se passerait pareil.

Il entama d'ailleurs son propre récit, la faisant pouffer tant tout cela n'avait aucun sens et aucun rapport. Il avait un bon humour malgré le contexte, ça, il était impossible de lui retirer. « Dois-je en déduire que tu me trouves chiante et bornée, Nat ? » lâcha t-elle alors, feignant d'être vexée malgré son sourire. Et oui, nombreux de ces hommes et femmes du ciel étaient morts, et mourraient encore, si aucun accord n'était trouvé rapidement. Laska nourrissait peu d'espoir quant à cette solution, toutefois. C'était dommage. Tout ce conflit semblait tirer son origine dans un malentendu. Mais, les choses étaient ainsi, et elle n'y pouvait rien. « C'est ton jour de chance, j'peux te recoudre. Ou te cautériser, au choix. » Elle avait de quoi le faire, et il était sûrement inutile de lui préciser les différences entre ces deux options. La première serait un peu plus douloureuse, un peu plus longtemps, mais ne lui laisserait aucune marque. Pour la seconde, la souffrance serait courte et vive, mais gravée à jamais sur sa peau. Elle commença à fouiller dans sa sacoche, y rangeant par la même occasion l'alcool, pour sortir le nécessaire pour la suite. « Alors quoi, tu l'appelais princesse pour la courtiser ? C'est plutôt mignon... » La supposition était facile. Surtout que, il avait mentionné cette fille de lui-même, et malgré les défauts évoqués, il ne semblait au final pas nourrir de réelle animosité à son encontre. « Et comment je devrais t'appeler, alors ? Mon patient le plus brailleur ? » Ouais, il était certainement mieux qu'ils se limitent aux noms. Et encore, Laska préférait qu'il l'oublie, afin de ne pas risquer de dévoiler sa position à ses poursuivants.

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