Est-ce qu’elle se trouvait là où elle n’avait pas le droit d’être ? Très certainement. Mais ce n’était pour autant que l’adolescente allait rebrousser chemin, bien au contraire. Denalia avait parfaitement conscience qu’elle enfreignait certaines règles et que cela pouvait lui causer des ennuis, et bien qu’elle sache cela, elle avait pleinement ignoré cette petite voix dans sa tête qui avait tenté de la raisonner et de lui faire rebrousser chemin. Mais depuis cette nuit, où le réveil avait été marqué par un chamboulement que même l’adolescente pouvait voir, elle retombait dans certains de ses travers de petite fouineuse. Elle ne connaissait pas vraiment ce Pike qui avait pris le pouvoir, mais même sans le connaître, elle savait que ce genre de changement, non préparé, n’était pas ce qui annonçait le meilleur. Certes, elle n’avait pas beaucoup d’expérience pour le savoir, seulement elle se référait à ce grand changement qu’elle et les montagnards avaient connu au sein du Mont Weather. Et même si ça se terminait bien, en attendant, la jeune Bishmarck craignait tout de même d’être renvoyée au camp qu’elle avait délaissé au profit d’Arkadia. Et face à cette crainte, elle avait décidé de ne pas rester à ne rien faire, ce qui justifiait alors sa présence dans l’un des couloirs de l’ancienne station spatiale.

Se faire discrète était sa priorité. Après s’être fait prendre plus d’une fois dans les couloirs de la Montagne, Denalia avait compris qu’il fallait qu’elle redouble de vigilance sur ce point. Et cette discrétion passait par la volonté de passer inaperçu, agissant comme n’importe qui natif d’Arkadia pouvait agir. Un point qui pouvait s’avérer toujours un peu compliqué pour celle qui ne côtoyait les lieux que depuis quelques jours, et qui improvisait alors avec ce qu’elle avait pu voir. Et il fallait dire, de retrouver cette envie de mettre son nez partout était salvateur pour son esprit. L’adolescente arrivait à se tenir occuper et ainsi à ne pas se laisser envahir par des pensées plus ou moins tristes. Jusqu’à présent, elle s’était dit qu’avec les alentours à explorer, elle avait de quoi faire, mais la moindre porte était fermée. Décrété par le nouveau dirigeant des lieux, il lui fallait se plier à cette bien triste règle.

Elle avait alors suivi un groupe d’hommes en uniforme de garde, tout en restant à bonne distance. Pour une fois, la jeune Bishmarck avait travaillé son alibi en amont dans le cas où elle se ferait découvrir. Elle voulait essayer de voir si elle pouvait entendre la moindre chose qui pouvait avoir son importance et qu’elle pourrait par la suite rapporter au docteur Griffin. Une idée folle, mais qui avait pourtant toutes ses chances dans l’esprit de l’adolescente. Elle ne comprenait pas pourquoi celle qui l’avait accueilli ici était désormais confinée à son poste médical, et elle voulait agir pour ça. Une façon pour elle de remercier de sa bienveillance.

Seulement, jusqu’à présent, la petite espionne improvisée n'avait rien réussi à obtenir et un bruit dans son dos la fit sursauter. Elle fut à la limite de lâcher un petit cri de peur et, se retournant, elle se mordit la lèvre par réflexe en pensant qu’elle était finie.

— Tu m’as fait peur.

Prête à dégainer son excuse, qui pour une fois n’était pas celle de l’animal perdu, Denalia attendait tout de même de le faire. Si on ne lui demandait pas ce qu’elle faisait là, il était hors de question qu’elle grille sa cartouche en sortant un « je suis perdue ». Elle préférait la garder face à une situation où celle-ci lui serait réellement utile, ce qu’elle n’arrivait pas encore à juger.