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Date d'inscription : 18/08/2022
We are just little birds in a golden jail
Tomber en disgrâce, jamais l’espionne n’avait imaginé que cela puisse arriver. Pourtant, le verdict était tombé et, pour avoir flanché, pour avoir cédé à ses sentiments, il lui fallait désormais en accepter le prix à payer. Un prix que Echo ne pouvait accepter, mais qu’elle n’avait nul autre choix que de subir. D’autant plus qu’elle n’avait pas été la seule sanctionner par la reine, alors que, si elle avait toujours cette possibilité de rester sur les terres de la Nation des Glaces, cela n’avait pas été le cas pour celui pour qui son cœur avait flanché et elle devait désormais porter aussi ce poids, que de savoir Roan banni par Nia. Cela faisait déjà quelques jours que la vérité avait éclaté, et cette sombre pensée de ne pouvoir rien faire ne cessait de tourmenter l’esprit de la jeune femme. Nia leur avait prouvé qu’importe les secrets elle gardait continuellement le contrôle et au fond, Echo se demandait si cette vérité n’aurait pas finit par éclaté d’elle-même. Une question dont elle n’aura jamais la réponse, alors que son corps avait donné les signes pour tout dévoiler. Elle sentait son ventre, légèrement arrondi par ce début de grossesse, et même s’il était la cause de ce malheur, il lui était impossible de se reprocher cette grossesse.
Elle était désormais confinée entre ces murs qui représentaient la puissance même de cette Nation à laquelle l’espionne appartenait. Des murs à la fois matériels et immatériels, tandis que l’espionne pouvait tout de même aller et venir dans les rues de la capitale. Mais au-delà de ces murs, c’était bien les barreaux d’une prison réelle qu’elle voyait. Si tomber en disgrâce pouvait faire valoir un aller simple hors des frontières d’Azgeda, il n’en était rien pour elle. Sous bonne surveillance – Echo n’était pas dupe – elle ne pouvait quitter ces lieux sans que le moindre prix ne soit à nouveau à payer. La parole de Nia n’était pas à prendre à la légère, cela, la jeune femme l’avait toujours su et elle avait tout autan appris à jongler avec la fermeté et la puissance de sa reine. Or, si habituellement, elle savait se montrer forte et subtile dans sa posture face à l’Azplana, Echo s’était désormais résignée. Elle n’avait plus cette position qui lui permettait un tel jeu, elle ne pouvait plus se le permettre, ne pouvant alors que courber l’échine… ce qu’elle n’avait jamais fait jusqu’alors.
Mais si l’espionne avait dû plier face à la reine, elle n’en laissait rien paraître face à ceux qu’elle pouvait croiser. Elle ne pouvait pas donner cette emprise aux autres, restant alors de marbre pour tous. Elle ne pouvait pas se laisser atteindre par d’autres et savait qu’elle entrait dans un nouveau type de combat, qu’elle devait en priorité mener contre ses pensées. Ce n’était pas simple, seulement la jeune femme avait cette chance de pouvoir compter sur son entraînement qui lui avait tout de même appris à se détacher de toute situation. Et si la difficulté restait présente, Écho se contentait d’en donner l’illusion alors qu’elle foulait les quelques rues de la capitale adjacente au palais, le visage aussi implacable que lorsqu’elle emmurait ses sentiments sous un masque de glace. Cette liberté d’aller ou bon lui semble était, elle-aussi, une illusion, à laquelle l’espionne ne se laissait pas berner. Elle avait conscience de la réalité qui l’entourait, mais ce n’était pas pour autant qu’elle s’y laissait enchaîner. Echo profitait de chaque moment qui pouvait être sien, espérant que ces instants dans la capitale puissent l’aider à entrevoir le moindre espoir de rattraper ce qu’il s’était passé, car il était hors de question qu’elle subisse cette situation sans rien faire. Seulement, elle avait beau tourner les faits dans son esprit, les seules solutions qu’elle entrevoyait ne pouvaient qu’engendrer des conséquences désastreuses.
L’espionne fut subitement interrompue dans sa réflexion quand elle se sentit bousculée par un guerrier marchant à son opposé. Une bousculade insignifiante, à laquelle Echo pourrait ne pas prêter attention, si seulement elle s’était trouvée dans l’un de ces bons jours. Ceux où elle revenait d’une mission réussie et où elle se savait satisfaite d’un travail propre et net. Mais ce jour n’en n’était pas un et le guerrier se vit invectiver par la jeune femme qui ne craignait pas ceux qui représentaient la force d’Azgeda. Qu’importe que cela ne plaise pas à l’homme, mais Echo avait appris très jeune à ne pas se laisser faire au sein de la capitale. Si à son arrivée, elle n’avait été qu’une enfant à former, elle ne l’était pas restée bien longtemps et désormais, c’était elle qui savait s’imposer quand il le fallait et savait aussi ignorer les réactions des autres. Ainsi, satisfaite de ne pas d’être laissée bousculer sans rien dire, Echo avait repris sa marche, sans réel but, jusqu’à croiser une silhouette qu’elle avait reconnue quelques mètres après. Reconnaître les personnes semblait relativement normale pour ceux qui vivaient au sein de la capitale, mais ce n’était pas souvent que l’espionne voyait sa route croiser celle de Ontari, la protégée de Nia. Un rôle que beaucoup pouvaient envier, mais l’espionne savait à quel point celui-ci pouvait peser sur les épaules.
— Ontari.
Si Echo avait pu précédemment dire le fond de sa pensée au guerrier, cela n’allait pas signifier qu’elle se montrerait malpolie avec d’autres. Elle n’avait pas beaucoup côtoyé celle qui portait les marques d’Azgeda sur son visage, car finalement, la jeune femme ne passait guère la majeure partie de son temps auprès de la reine, partant bien plus en mission. Un détail qui allait changer, alors qu’elle ne pourrait le faire durant ces prochains mois.
Date d'inscription : 24/07/2021
Sans même attendre que la salle se vide, elle avait fusillé du regard la seule responsable de cette situation. A cause de cette femme, Ontari perdait son maitre, son confident, son frère. Le seul dans ce château glacial qu’elle aimait, qu’elle appréciait, et dont la compagnie ne la dérangeait pas trop. Elle avait fixé cette catin engrossée comme on fixait un animal mort et déformé. Mais elle avait gardé le masque impassible qu’elle se devait de garder quand elle était auprès de sa reine.
Et Roan était parti, et sa catin n’avait pas été enfermée. Enfin, enfermée. La satisfaction de la voir derrière des barreaux n’avait même pas été donnée à Ontari, qui devait subir la présence de cette espionne ratée dans son propre palais. Nia avait décidé d’être plus clémente envers la détention d’Echo qu’avec la manière dont Costia avait été faite prisonnière. Dans une illusion de liberté, alors que quitter la ville lui était interdit, et que chaque garde pouvait la voir à tout instant.
S’il ne tenait qu’à la natblida, elle aurait arraché du ventre de la fautive le fruit de son acte odieux, et l’aurait ensuite laissé pourrir dans une fosse commune. Mais ça... Nia voulait garder un moyen de pression sur son fils. Cela mettait Ontari en rage. Elle avait longtemps réfléchi à n’importe quel moyen d’obtenir une satisfaction quelconque sans mettre les plans de sa mère d’adoption à mal. Mais au final, même une mort lente, et douloureuse, ne lui ramènerait pas son frère… Enfin, au moins cela la divertirait un peu.
Roan banni, c’était de vulgaires soldats qui avaient pris le relai pour enseigner à Ontari le combat, les stratégies, et les points forts et faibles de ses futures adversaires. Ceux là étaient incompétents, insignifiants, et la natblida ne supportait pas d’être sous le chaperon de ces moins que riens. Leur obéir, les écouter était ainsi plus que compliqué, et contradictoire pour la natblida qui avait appris à ne pas se laisser marcher sur les pieds. Alors elle leur foutait la misère.
Mais par chance ils semblaient avoir compris que Ontari avait « besoin de temps pour digérer le départ de Roan », alors ils se montraient cléments, comme ce jour où ils l’avaient autorisé à avoir du temps pour elle, temps que la natblida mettait à disposition de la meilleure des façons.
Elle suivait, de loin, sur les toits des bâtiments de la capitale, la chevelue châtain de cette femme abjecte, de cette salope qui l’avait privé de son frère, et dont l’immonde traitrise commençait à se discerner dans sa silhouette. Ontari n’était pas espionne, mais elle avait appris à l’être. Si bien qu’elle n’était repérée par personne, et encore moins par l’objet de sa traque. Sur ses hanches, elle avait gardé un couteau, bien affuté, facile d’atteinte, docilement rangé dans son fourreau. Il fallait dire, là-haut sur les toits, elle était aussi silencieuse qu’un chat. Elle voyait les gardes suivre discrètement l’immonde espionne. Savait-elle, cette guenon, qu’elle était suivie et filée par autant de monde dont au moins une qui voulait sa mort ? Ho elle jouait bien son jeu, avec cet air sérieux, aussi abjecte que la créature poussant dans son abdomen. Elle n’en menait pas large, Ontari en était persuadée, derrière l’air qu’elle se donnait.
Du haut de son promontoire, la Natblida pu presque deviner où se dirigeait l’espionne. Quelle rue elle allait emprunter, quand elle allait tourner. Elle ignorait le pourquoi du comment cette pathétique femme trainait dehors, mais Ontari avait bien envie de ruiner ses plans.
Alors elle prit de l’avance, sautant de toits en toits avant de descendre délicatement, dans l’ombre d’une ruelle, pour finir par s’appuyer sur le mur, dans la rue que parcourait la blonde.
Quand elle finit enfin par entendre son nom, après une attente interminable digne d’une espionne fatiguée, Ontari tourna la tête vers la blonde. Elle y pouvait rien, elle aimait le spectacle. Et la lumière de la lune levante se refléta sur la lame fraichement aiguisée du coutelas qui pendait à sa ceinture.
Répondit-elle d’abord, avec le même froid, la même neutralité que celle dont avait usé la blonde. Ho elle ne comptait pas montrer son dégout de suite, ni même son envie cachée de meurtre envers celle qu’elle tenait principale responsable du départ de son grand frère bien aimé.
Toujours neutre, indifférente, ne montrant rien de l'animosité qui l'habitait.Eet pourtant le regard perçant, analysant les mouvements, la respiration de l’espionne engrossée. Ho elle n’allait pas lui fuir de suite, et elle n’allait pas non plus faire demi-tour. Ontari s’en assurerait.
@Echo
Date d'inscription : 18/08/2022
We are just little birds in a golden jail
On ne pouvait pas dire que faire la causette était le point fort de la jeune femme. Echo savait se montrer serviable et présente dans une discussion, mais principalement lorsqu’on lui demandait d’être ainsi pour mieux représenter le rôle qui devait être le sien. Alors là, tandis qu’elle se trouvait non seulement « congédiée » de son rôle d’espionne, mais aussi obligée de rester dans les délimitations de la cité, elle ne serait pas à faire le moindre effort que les codes de la société pouvaient réclamer. Elle l’avait montré face au guerrier qui l’avait bousculé et, croisant désormais la jeune Ontari, elle faisait avant tout preuve de politesse, mais sans plus. Ce qui semblait réciproque, alors que la jeune protégée de Nia lui rendait sa salutation. Un échange qui aurait pu ne pas s’éterniser, chacune pouvant continuer sa route, mais qui allait pourtant dévier.
D’ailleurs, alors que son regard s’était porté sur la jeune femme, elle ne pouvait que constater à quel point elle ne s’était jamais sentie aussi éloignée de ce peuple auquel elle appartenait. Il ne suffisait que de voir les différences qu’arborait leur visage, Ontari portant les marques caractéristiques de la Nation des Glaces, à l’instar d’Echo qui avait ce visage pouvant se fondre n’importe où elle allait. N’importe où, sauf ici. Une différence qui la catégorisait comme espionne, ne pouvant arborer ces scarifications dont nombreux étaient fiers de porter et qui, jusqu’à présent, ne l’avait jamais marqué. Mais là, avec ce poids qu’elle portait désormais, il lui était difficile de faire face à ces différences, sans que pourtant elle ne le formule à voix autre. À Azgeda, se plaindre n’était ni une option ni une possibilité. Une dure leçon que tous apprenaient et qui n’avait pas fait exception à son propre apprentissage.
La remarque d’Ontari tomba, tel un couperet sur sa victime. Une remarque exaspérante qui tira un soupir à l’espionne. L’intonation de la brune n’avait peut-être rien eu de spéciale, mais Echo était loin d’être naïve quant à la façon dont les autres la verraient désormais. Une espionne qui restait à la capitale était loin d’être anodin et d’autant plus que les rumeurs pouvaient se répandre à une vitesse surprenante. D’ailleurs, Ontari étant la protégée de la reine et présente lorsque Nia avait pris les choses en main, à quoi la future mère devait-elle s’attendre à d’autre ? Habituellement, elle ne serait peut-être pas rentrée dans ce jeu, aurait certainement ignoré la remarque, quitte à évoquer autre chose. Seulement là, Echo ne pouvait se vanter d’être dans ses humeurs habituelles, bien qu’elle avait de la chance de ne pas encore tomber dans les réactions disproportionnées que son retrait de la scène pouvait lui provoquer.
— Je ne crois pas qu’essayer de penser à la place de l’Azplana soit une excellente idée, Ontari. Mais que veux-tu, si tu y vois de la chance, libre à toi.
Echo avait cherché à garder cette même neutralité dans la voix, bien qu’une pointe d’exaspération pouvait certainement être perçue. Certes, l’espionne pouvait sembler chanceuse de pouvoir se mouvoir librement, mais elle n'était pas dupe. Tout ça n'était qu’illusoire et tout bonnement un jeu de manipulation dont la reine était devenue experte en la matière. Cela avait beau ne pas faire longtemps que la vérité avait été découverte par Nia, la jeune femme ne pouvait que s’avouer la vérité : qu’elle soit confinée dans le palais ou dans la capitale, la sanction était la même pour celle qui avait l’habitude de jouir des libertés liées à son rôle. Jusque-là, elle avait toujours su satisfaire la reine, ce qui était le résultat d’une longue acceptation.
— Toi aussi tu as l’air d’avoir de la chance, profiter de temps libre comme ça. Il est rare que Nia laisse faire, car après tout, elle ne nous demande pas de frôler la perfection qu’elle veut voir.
Cette fois, Echo avait su rester imperturbable dans ses propos. Elle ne savait pas si Ontari cherchait quelque chose en particulier en évoquant cette « chance » et elle ne voulait pas lui donner ce plaisir que certains guerriers attendaient de ceux qui faisait preuve de faiblesse. Or, elle se savait forte, elle n’était pas cette pauvre petite enfant faible qu’elle avait jadis été et elle ne laisserait pas les autres chercher à déloger cette empathie qu’elle avait fini par enfouir au plus profond d’elle-même. Pas même par celle
— Tu souhaites quelque chose ?
Jouer sur une situation, l’espionne savait le faire. C’était là-dessus qu’elle avait réussi à faire sa réputation, leurrant ceux qu’elle voulait leurrer. Seulement là, elle ne voulait pas jouer, préférant aller droit au but avec Ontari.
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