« Sangedakru expecting a girl who's named Echo. »
« Congratulation Echo. Don't let me down. »
Echo, c’était celle qu’elle était désormais. Sous ce regard glacial qu’avait la reine, l’enfant savait ce que cela signifiait. L’erreur n’était plus permise, l’hésitation signerait sa mort. Elle n’était plus une enfant et elle devait désormais être impitoyable. Petite fille de la montagne, espionne en devenir, bien des étapes avaient été franchies, entourant ce cœur battant d’une épaisse barrière de glace.

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Vert... Couleur de la vie, couleur de la sécurité, couleur bridant le marron de ces yeux. Ash, petite fille de la montagne dont personne ne pouvait encore deviner le destin l’attendant. Une enfant comme une autre au sein d’un monde en éternel conflit.

C’est parmi un recoin reculé d’Azgeda que Ash vit le jour, dans un village positionné sur les plateaux montagneux. Une position si isolée, que ce village n’était pas encore comme appartenant à la Nation des Glaces et qui offrait un monde sûr sur cette terre si dangereuse. Un danger que ne connaissait pas l’enfant encore bien trop innocente, mais dont ses parents avaient pleinement consciente. Fille d’un gona et d’une fisa, elle ne pouvait être mieux préparée. Tous deux savaient ce qui attendait la petite Ash et elle fut instruite de leur culture. Connaissance du passé afin de préparer l’avenir, rien n’était de trop pour leur fille unique.

Apprendre à vivre dans ce monde sans se faire tuer, cela ne pouvait pas attendre d’avoir passé l’âge adulte. Ash l’avait bien compris. Très vite il lui fallait comprendre que si la montagne était leur maison, elle n’était pas pour autant leur alliée. Que le moindre animal apparaissant comme docile pouvait être des plus sauvages. C’était ainsi que l’apprentissage de l’enfant avait débuté, alors que ses parents la menaient sur la voie de son père. Elle l’admirait pour cette posture imposante qu’il savait avoir et elle était fière de suivre. Ash était cette petite enfant, pleine de vie, égayant la journée de ses parents et d’une grande bonté. Un trait hérité de sa mère, alors qu’elle n’avait aucune crainte à tendre la main vers autrui. Un trait qui aurait dû perdurer à travers elle, mais qui n’est plus qu’un vaste écho de son passé.


Jaune... Couleur de la puissance, couleur de la trahison, couleur de ce feu dévorant son village. Ironie suprême à son nom, alors que Ash voyait sa demeure être réduite en cendres. La puissance d’Azgeda avait frappé alors que le mot « conquête » flottait dans l’air. Un avenir se profilait pour cette petite rescapée, alors que la sentence allait tomber.

Le feu, une arme mortelle et redoutable, mais aussi un allié puissant pour quiconque le maîtrise. Ash était, comme tout enfant, fascinée par ces flammes vacillantes, éclairant la plus sombre des nuits, dans ce crépitement rassurant. Un moyen sûr d’éloigner les bêtes sauvages pouvant vous réduire en charpie, mais aussi une chaleur rassurante s’en dégageant lors de froides soirées d’hiver. La petite Ash avait bien grandi dans ce village, où elle recevait l’enseignement de ses aînés. L’épée commençait à ne plus avoir de secrets pour elle, malgré ses huit petites années, la rendant encore maladroite dans ses mouvements. Il était dur pour elle d’apprendre, voulant aller trop vite dans cet apprentissage. Son père avait cette patience encore trop peu développée chez elle et si on disait que la montagne formait un redoutable et impitoyable guerrier, il avait cette douceur avec sa fille, nécessaire pour lui apprendre ce qui la rendrait puissante par la suite.

Car Ash n’avait pas encore développé cette force de caractère qui lui serait vitale par la suite. Encore trop douce, elle ne pouvait s’empêcher de se braquer lorsqu’elle faisait face à un échec, craignant de décevoir celui lui apprenant tout. Elle voulait bien faire, mais partagée entre deux façons de penser, il lui était difficile de se montrer redoutable. Et pourtant, elle allait bien vite apprendre que ce monde n’offrait pas de cadeau et que la moindre faiblesse pourrait lui coûter la vie.

La chaleur des flammes était étouffante. Ash était terrorisée, et il n’y avait aucune trace de bravoure sur son visage encrassée par la suie. Son village avait été attaqué, elle n’avait pas compris ce qui leur était reproché. Une reine était venue avec son armée, mais la petite n’avait rien vu de la bataille qui s’en suivit. Sa mère l’avait protégé, l’avait emmené dans cette cave où elle se trouvait enfermée. À travers le plancher, elle pouvait entendre le cri d’agonie de ceux ayant été ses amis, le cri féroce des guerriers leur prenant ce qui ne leur appartenait pas. Et dans tout ce chaos, son père se battait. Elle ne pouvait le voir ni le savoir, mais cet homme, qu’elle admirait pour sa force, allait périr sous les mains des guerriers d’Azgeda. Il n’avait pas ployé le genou devant la reine et il en avait payé le prix.

C’était là qu’elle avait commencé à entendre le crépitement des flammes, sentir la chaleur du feu venir lécher ce sol les séparant de la bataille. Azgeda avait mis leur village à feu et à sang et ce feu qui l’avait jadis fasciné allait les détruire. Ash fut la seule à s’en sortir, alors que ces flammes étouffantes allaient ôter la vie de ceux qui avaient veillé sur elle. Le fruit du hasard pour elle, que d’avoir réussi à se faufiler jusqu’à l’extérieur, tombant haletante sur la place vaincue du village. À genoux devant une reine qui allait devenir sa reine, alors qu’il ne fallut que peu de temps avant de voir sa fureur s’abattre sur les guerriers coupables de ce feu. Elle avait voulu prendre ce village, non le réduire en cendres. Une insubordination qu’elle n’avait pu accepter alors que la sentence tombait, aussi implacable que le froid de la montagne. De ses petits yeux, Ash vit tout cela, juste avant que le regard glacial de cette reine ne s’abatte sur elle et y décèle un potentiel. Elle était désormais sa reine et la petite serait sous son aile. Une bénédiction, dirait-on, mais c’était dans une prison dorée que la petite serait élevée.


Rouge... Couleur de l’émotion, couleur de l’honneur, couler de ce sang maculant son jeune visage. Ash n’était plus, elle ne renaîtrait pas de ses cendres. Echo, un lourd nom à porter, faisant écho à son passé. La petite fille n’était plus, alors qu’une ultime larme venait se perdre dans l’éclat vermeil tachant sa peau.

Elles auraient pu être sœurs. Une ressemblance frappante pour deux enfants avec comme unique point commun leurs origines. Elles auraient pu être sœurs tant une complicité naquit entre elles. Echo, une personne que Ash n’oubliera jamais au point d’en porter le nom. Une autre enfant, pupille de la reine, dont elle fit la rencontre peu de temps après son arrivée à la capitale. Bien vite une amie, Echo fit sécher ces larmes que ne devait voir la reine. Ne pas faire preuve de faiblesse devant celle leur ayant sauvé la vie et devenant par la même celle qui tracerait leur voie.

Car l’entraînement commença immédiatement pour les deux enfants. Azgeda avait besoin de guerrier fort et Ash mordit de nombreuses fois la poussière. Se relever était important, faire preuve de force et ne pas baisser les bras. Les lamentations étaient mal reçues dans la Nation des Glaces et cette leçon fut bien vite retenue par Ash. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, Echo aida alors Ash à devenir plus forte. C’était ensemble qu’elle progressait, et c’était ensemble qu’elle évoluait. Cette amitié devint un semblant de famille pour la petite orpheline qui vit son aînée comme la sœur qu’elle n’avait jamais eues. Pas un instant Echo ne la laissait tomber, trouvant toujours la parole pour lui tirer un sourire. C’était ensemble qu’elles gardaient leur trace d’humanité alors qu’Azgeda les conditionnait à devenir d’impitoyable guerrière.

« Ne la laisse pas croire que tu es inutile. » C’était ce que Echo lui répétait inlassablement. Faire mieux, prouver qu’elle était irremplaçable, mais Ash n’y arrivait pas. Echo était la plus douée des deux et elle l’admirait pour sa volonté de fer. Mais une volonté qui allait faillir le jour où Nia lui demanda de prouver qu’elle était sans faille. Un test de loyauté dont Ash fut témoin alors que la reine avait interrompu leur entraînement, annonçant à l’aînée qu’il était tant pour elle de prouver son aptitude. Une mission d’espionnage à Sangedakru et pour cela, la vie d’un espion Sangeda serait prise. Ce fut la première fois que Ash vit Echo rater sa cible. La flèche se planta dans un arbre décevant Nia comme jamais. Mais une seconde chance fut donnée à l’espionne en devenir. Une chance qui allait à tout jamais changer la petite orpheline, alors qu’elle entendit, de la bouche de sa reine, émaner l’ordre de se faire tuer.

Détruire cette amitié si forte entre elles ou périr toutes les deux. Le regard de Ash avait croisé celui de son amie, de sa sœur. Elle pouvait y lire cette volonté défaillante, mais elle ne pouvait rien faire. L’épée de Damoclès se trouvait sur elle, mais encore là Echo conseillait la plus jeune. Riposter, ne pas montrer qu’elle est inutile. La peur lui nouait les tripes, annihilant la douleur de cette coupure au bras. Ash ne voulait pas, elle ne voulait pas blesser celle qui l’avait aidé à tant progresser. Mais avait-elle le choix ? Se battre ou périr, un cycle infernal dont elle ne pourrait jamais sortir. Ce fut alors un affrontement décisif pour Ash. Alors qu’elle avait été jetée au sol par son amie, cherchant à fuir le coup mortel, elle se saisit de cette flèche échappée du carquois. Une flèche qui lui sauverait par la suite la vie, tandis que la pointe vint se ficher dans l’abdomen de Echo, ôtant la vie de celle qui veillait sur elle. Ash sentit le sang de son amie goutter sur elle, alors qu’elle luttait contre l’émotion dévastatrice coulant en elle. Elle n’avait pas le droit de verser une larme, la reine ne le tolérerait pas. Elle n’avait pas le droit de pleurnicher. Hésiter c’était mourir. Cela, elle l’avait compris.


Blanc... Couleur de la froideur, couleur de la perfection, couleur de cette peinture de guerre si propre à Azgeda. L’erreur n’était pas permise au sein de cette nation et Echo s’illustrait auprès de sa reine. Une fidélité sans faille pour celle qu’elle était et pour qui le déshonneur était inconcevable.

Ash n’était plus, Echo avait survécu. Si le corps était mort, l’identité persistait alors que sa première mission avait été un succès. Le cœur de l’orpheline s’était refermé, comprenant ce que son amie lui avait toujours dit. Jamais elle ne l’oublierait, mais jamais elle ne laisserait personne voir la plaie béante dans son cœur. Une plaie protégée par une épaisse couche de glace. Sangedakru n’avait rien décelé de la supercherie. Echo avait été parfaite dans son rôle et n’avait que pu satisfaire la reine de par ce qu’elle ramenait. Azgeda pouvait gagner en puissance et l’entraînement de la petite ne ferait que redoubler pour atteindre cette perfection désirée.

Echo était devenue cette guerrière intraitable. Plus jamais elle n’avait versé une larme, tuant sans hésitation. Hésiter, c’est mourir, alors les autres périront de sa main. Implacable, elle ne laissait aucune émotion venir perturber ce masque de glace revêtu. Il n’était pas possible de survivre à Azgeda en se laissant pourrir par la culpabilité et plus jamais elle ne laisserait l’émotion la guider. Si Sangedakru avait été l’une de ses cibles, ce clan ne fut pas le seul alors qu’elle accomplissait les désirs de sa reine. Une parfaite marionnette entre ses mains pour aider à étendre leur territoire.

Désormais espionne, aucune marque pouvant l’associer à Azgeda n’était tolérée. Elle devait être impossible à identifier, ne pas laisser deviner son allégeance. Alors qu’elle ployait son genou devant l’Azplana, leurs ennemis devaient être persuadés du contraire. Elle pouvait être une Trikru tout comme une Podakru. Elle devait être une guerrière tout comme une marchande. Une prisonnière en fuite cherchant exil, tout comme une volontaire dans un conflit n’étant pas sien. Echo savait être tout cela alors qu’elle ne se donnait pas le droit à l’erreur. Pas un seul instant, Nia ne devait la penser inutile. Sa vie avait déjà été sacrifiable une fois, plus jamais elle ne le serait.

Alors Echo exécutait les ordres sans jouer les rebelles. Elle fut la main armée de la reine, n’hésitant pas à s’en prendre à ceux défiant l’ordre. Elle fut l’exécutrice de sentence, s’en prenant à la sœur de Costia pour punir celle qui avait échoué dans sa mission. Simple adolescente à la main aussi sûre que les guerriers les plus avertis. Pas une fois elle n’avait plié afin d’agir pour Azgeda, tout comme elle n’avait plié en accompagnant le prince Roan à Polis afin de s’assurer que l’Azplana soit satisfaite. Une preuve de loyauté qui permettait à la jeune espionne de s’offrir une place de choix au sein du clan.


Noir... Couleur du mystère, couleur de la mort, couleur de cette manipulation qui la transforma en pion sur un échiquier. Un faux pas de sa part et la voilà déchue de son honneur. Echo ne pouvait que courber l’échine, s’inclinant telle qu’on le lui avait appris et espérer retrouver l’honneur de cette nation étant sienne.

Devenue cette espionne, aussi froide que la neige d’Azgeda, Echo semblait dénuée de sentiments. Mais en réalité, elle était bien plus que ça. Si elle était d’une fidélité sans faille auprès de Nia, il en était d’autan plus envers sa nation. Si une reine pouvait périr, Azgeda devait perdurer et alors sa loyauté irait au nouveau dirigeant. Si elle semblait être la parfaite marionnette, elle était une marionnette avec du caractère. Obéir était un fait, mourir pour une cause perdue n’apporterait rien. Tout en faisant preuve de respect, Echo savait dire ce qu’elle pensait. Elle ne laissait personne lui marcher sur les pieds et faire preuve d’autorité, lorsqu’il n’y avait personne au-dessus, d’elle était d’une certaine facilité. Sans le savoir, Echo avait gagné la prestance de son propre père. Elle connaissait sa place et savait analyser ce qui semblait le mieux pour cette nation devenue sienne.

Et pourtant, cette inflexibilité dont elle faisait preuve serait mise à mal par ce qu’elle croyait être un problème résolu à jamais. Hantée par la mort de celle dont elle endossait désormais le nom, la jeune femme avait pris la décision de ne plus s’attacher. Et pourtant, son cœur allait être ravi par un homme à qui elle devait le respect. Roan était son prince, mais leur relation allait évoluer dans un tout autre sens au fur et à mesure des instants passants. Une union charnelle, mais que nul ne devait découvrir alors que le secret devrait perdurer. Echo le savait, c’était jouer avec le feu que d’entretenir ces sentiments qu’elle éprouvait pour le fils de la reine. Mais même en le sachant, elle ne s’empêcha pas de vivre ces instants qui allaient pourtant la mener à frôler sa propre perte.

La volonté d’avoir un enfant, Echo n’y avait jamais prêté la moindre pensée. Le désir de maternité n’était en rien compatible avec son rôle et sa place, seulement les premiers signes étaient là. Non pas le désir, mais le fait accompli. Des symptômes sans corrélation de prime abord, et qui allait tout de même faire sens. L’espionne attendait un enfant et si pour de nombreuses personnes cela pouvait être un vrai bonheur, la crainte l’avait d’abord prise. La crainte suivie de la culpabilité et de la colère. Car cette grossesse allait révéler la vérité concernant sa relation avec Roan, alors que le prince avait pris ses responsabilités devant la reine. Une responsabilité qui le fit disparaître auprès d’Echo dès lors que la sanction fut prononcée et sa propre chute s’amorça lentement. Elle avait perdu la confiance de Nia qui ne pouvait accepter ce qui avait eu lieu dans son dos.

C’était à croire qu’elle n’avait pu apprendre de ses erreurs. Une nouvelle fois, elle avait connu l’attache et désormais seule restait la douleur de la solitude. Si sa grossesse fut menée à terme, Echo ne put gouter à la joie d’une mère alors que sa fille lui fut aussitôt retirée. Une décision machiavélique de Nia qui allait se servir de l’enfant comme d’un fil pour guider sa marionnette. Echo n’était plus libre de ses décisions et si elle avait seulement pu nommer l’enfant, elle redevenait le pion de l’Azplana. Elle qui avait envisagé de trahir son propre clan pour fuir et retrouver celui pour qui battait son cœur, Nia avait su déjouer ce plan sans même en avoir connaissance. Tout comme Ash avait été entravée par le meurtre de Echo, voilà que Echo l’était par l’existence de Galdrielle.


Gris... Couleur du doute, couleur de la discrétion, couleur des barreaux de cette cage contre lesquels elle ne peut rien. L’espionne est devenue ce petit oiseau, privé de liberté, sujette au bon vouloir de ses détenteurs. Une défaite au gout amer pour Echo, qui ne peut désormais qu’espérer un espoir n’arrivant jamais.

Echo était de retour au sein des terres de Trikru. Les terres d’un clan qu’elle considérait toujours comme son ennemi bien que Azgeda ait ployé le genou devant Heda. Une basse besogne confiée par sa reine, voilà la raison ayant fait franchir les frontières à l’espionne, dont l’alliance facilitait bien sa tâche. La méfiance restait de mise, mais la guerrière de glace devait reconnaître que ce simulacre de paix restait un avantage, alors que partout, des rumeurs couraient sur la chute d’un oiseau de fer. Des rumeurs ayant couru jusqu’à Azgeda et dépêchant la jeune femme d’en apprendre plus à leur sujet. Un moyen pour sa reine de jouer avec son espionne comme elle le faisait avec le moindre de ses sbires. Seulement, là, Echo allait devoir faire face à un tout autre ennemi que les habitants de cette carcasse métallique.

Les faucheurs la surprirent de nuit. Une attaque éclair alors qu’elle savait se trouver non loin de cette Montagne maudite par tous. Echo connaissait l'existence des Maunons et avait conscience de l’ampleur qu’ils représentaient, mais avec cet oisillon métallique tombé du ciel si proche de leur terre, elle avait pris ce risque afin de mener à bien sa mission. Une erreur qu’elle réalisa lorsque l’ennemi lui tomba dessus, en surnombre par rapport à elle. L’espionne avait beau lutter, elle avait fini prisonnière de ces faucheurs agissant pour les hommes de la Montagne. Alors qu’elle était emmenée, captive, Echo se sentait une nouvelle fois humiliée. Ce n’était pas digne d’une Azgeda, et encore moins d’une espionne de finir ainsi prisonnière et sans retour de sa part, qu’allait-il devenir de Galdrielle ? Nia irait-elle jusqu’à croire que sa marionnette avait fini par sacrifier sa fille pour fuir ?

La morsure du métal n’était pas la pire dans cette torture que Echo subit avec les autres prisonniers. Si l’eau bouillante pouvait encore être tolérable, la douleur était pourtant irradiante alors qu’ils étaient aspergés d’un produit brûlant bien plus que la plus brûlante des flammes. Si l’espionne connaissait la douleur d’une brûlure pour se souvenir de ce feu l’ayant fascinée dans son enfance, c’était bien pire qui sortait des tuyaux de cette salle où ils étaient attachés. Elle était comme ce bétail de fermier, prêt à se faire abattre pour les nourrir. L’espionne avait beau faire preuve de toute la force dont Azgeda lui avait enseignée, c’était pantelante qu’elle fut traînée par la suite. Sans ses chaînes pour la maintenir, elle aurait lamentablement chuté sur le sol après les dernières injections qui leur furent données. Tout son corps irradiait des brûlures de l’eau mélangée à ce produit qu’ils avaient reçu et la fraîcheur des barreaux de sa cage se fit à peine sentir. En un rien de temps, ils avaient su affaiblir la force d’Azgeda alors que Echo rejoignait bien d’autres prisonniers dans ces cages où il était impossible de se délier.

Jouer les faibles, ne pas montrer sa force. Première leçon apprise par l’Azgeda entravée. Observatrice, Echo avait compris le manège des Maunons. Ils prenaient les forts pour laisser les faibles récupérer. Ils ne semblaient pas tenir de compte pour un roulement efficace. Alors elle serait cette faible ne pouvant survivre à leur traitement inhumain. Les laisser croire qu’elle ne supporterait pas d’être pendue la tête en bas et qu’elle leur serait bien plus utile quelques jours après. Toujours la même chose, ne pas se montrer inutile. Seulement trouver le moment opportun. Une question de survie alors qu’elle en voyait certains ne jamais regagner leur cage. Ainsi, elle gagna un temps précieux, un temps qui lui permit de se libérer de ses chaînes alors qu’elle sut user de bons mots envers l’un de ces hommes qui les enchaînaient. Elle sut profiter d’une faille et, tout comme Nia avait su s’insinuer dans son esprit, elle en fit de même envers cet Ulrich en lui promettant de le conduire à Lexa. Quelle erreur il avait fait de la croire, alors que dès qu’elle le put, l’espionne lui faussa compagnie pour repartir sur les terres enneigées d’Azgeda.


Bleu… Couleur de la loyauté, couleur de la mélancolie, couleur de ce ciel qui la surplombe dans sa chevauchée. Echo est aux prises d’un dilemme auquel elle ne peut s’échapper. L’espoir d’y échapper est fugace, et elle sait qu’il lui faudra, tôt ou tard, prendre cette décision qui sera lourde de conséquences.

Le temps lui manquait. Echo ne connaissait pas le temps de son absence et craignait des décisions que l’Azplana avait pu prendre la concernant. Pour avoir été sa main exécutrice, elle savait à quel point la reine pouvait se montrer impitoyable et qu’il ne fallait en aucun cas faire preuve de trahison à son encontre. Mais son absence ne lui fut pas reprochée, alors qu’elle n’était en rien synonyme à une fuite. Au contraire même, alors que l’espionne avait su s’échapper d’un antre où nul n’en ressortait. Or, Nia l’attendait. Une nouvelle mission allait lui être attribuée, qu’importe que cela lui déchire le cœur. Une mission qui lui permettrait de prouver sa loyauté et de retrouver de sa splendeur, alors que l’Azplana savait jouer de bons arguments.

Retrouver le prince et l’exécuter. Voilà l’ordre de mission, qui ne cessait de résonner inlassablement dans son esprit. Encore une fois, Nia avait su frapper là où cela faisait mal, sans compter la promesse qu’elle avait pu faire dès lors que l’espionne lui apportait la preuve de sa réussite. En exécutant l’héritier d’Azgeda, celui qu’elle avait aimé, elle pourrait récupérer son enfant. Une mission qu’elle n’arrivait pas à concevoir alors que la jeune femme savait, que quoi qu’elle fasse, elle perdrait quelqu’un. Il ne lui restait plus qu’à savoir réellement quelle perte la détruirait le plus et ce voyage qu’elle entamait l’aiderait. Depuis un an maintenant, elle n’avait plus eu l’occasion de retrouvailles avec Roan, plus depuis cet ultime bannissement. Au fond, ressentait-elle toujours les mêmes sentiments ? Elle ne le savait guère. Mais en face, il y avait Galdrielle, cette petite aussi innocente que la neige tombant sur les sommets. Son amour pour l’enfant était quelque chose de différent, un amour chimérique envers un enfant qu’elle ne pouvait choyer. Echo savait qu’il lui faudrait finir par faire un choix et que celui-ci impacterait à jamais sa vie, bien qu’au fond, elle le sait… jamais elle ne pourrait sacrifier la vie de son enfant.