La chute lui sembla si longue, mais l’atterrissage, rude, fit trembler l’entièreté du corps de Costia. Nul doute qu’elle ne garderai que peu de souvenirs du choc douloureux de son corps contre le dos de son étalon. Et tout aussi lentement que sa chute, elle sentit Fregr s’effondrer sur le côté, l’emportant avec elle. En même temps que le flanc de l’étalon écrasa sa jambe, la tête de Costia heurta violement le sol et la Khaleesi perdit connaissance.

Combien de temps ? Aucune idée. Quand elle émergea, un son strident saturait ses oreilles. La jeune femme n’entendait rien d’autre, et ne voyait pas plus. Une douleur lancinante lui barrait le crâne, cependant infime comparée à celle qui étreignait sa jambe. Malgré tout le choc de son crâne contre la roche du ravin lui donna un vertige qui l’enclin à rapidement fermer les yeux. Le son dans ses oreilles ne s’arrêtait pas et la Khaleesi, la respiration rendue âpre et éprouvante, eut bien du mal à retrouver ses esprits.

Son bras se fit secouer, provoquant dans l’autre épaule une douleur subite et affreuse.
Mais la Khaleesi ne sut répondre, encore trop sonnée et désorientée par le choc. Elle sentait quelque chose tenter de s’agiter contre sa jambe coincée sous le poids mort du cadavre de son cheval. Son bras fut secoué une nouvelle fois, tirant un peu plus Costia de son état de semi-conscience. Bientôt, ses poumons la brûlèrent face aux respirations plus larges et une quinte de toux la secoua. En même temps, elle comprit que l’épaule touchant le sol était déboitée, et que si sa jambe n’était pas cassée, elle serait vite inutilisable si elle ne sortait pas rapidement de sous son cheval.

Après elle ne sut combien de temps, le son strident de ses oreilles se calma et lentement, il fut remplacé par les cris, les appels, l’effervescence dans les décombres. Ailleurs, on toussait, on geignait. Ses yeux maintenant ouverts laissèrent enfin entrapercevoir des formes de moins en moins floues. Elle distingua des hommes et des femmes marcher, enjambant les corps, ou les guerriers trop blessés pour se lever seuls. À nouveau, quelque chose s’agita contre sa jambe coincée. Elle la sentait toujours, c’était bon signe. Elle leva la tête lentement, évitant un vertige supplémentaire. La migraine étreignant sa tête se précisa de plus en plus en un point de son crâne. Elle entendit une voix familière appeler à l’aide.

En regardant au-dessus de son cheval, elle aperçu l’un de ses plus jeunes guerriers, prometteur, coincé comme elle sous le cadavre de Fregr. Elle voulu l’appeler mais une autre quinte la fit tousser. Combien de poussière avait-elle respiré pour que cela lui brûle autant ?

Une ombre recouvrit Costia. Pendant un instant, la meneuse cru que c’était l’un de ses guerriers, attiré par les cris de Toma, qui était venu aider. Mais l’éclat d’une lame brillant au soleil à travers la fine brune de poussière fit lever tout l’instinct de la reine, qui, de son bras valide, saisit le poignard attaché à sa cuisse dans l’idée de parer un coup porté. Trop lente peut être ? La reine, trop sonnée, ne pu tendre le bras à temps dans l’optique de planter son agresseur. Celui-ci eut le temps de dessiner un trait de feu sur la joue de la Reine, mais il ne pu aller plus loin qu’il s’effondra, une épée courbée plantée dans le dos.

Costia laissa tomber son bras qui brandissait le poignard. L’individu était tombé dans son dos, elle ne sut voir qui c’était. Rapidement une dizaine de ses guerriers l’encerclèrent, la moitié dos à la scène, l’autre moitié saisissant le cheval pour le repousser, sortant Toma et Costia de leur enclave.

Reprenant de plus en plus ses esprits, elle se fit tirer jusqu’à une roche où on la posa dos contre la pierre. Là, une douleur forte et un claquement sec firent brûler son épaule, tout aussi rapidement que la douleur disparu. Jetant un regard à son agresseur, elle y vit un homme couvert de fourrures pâles, le visage décoré de multiples cicatrices. Azgeda… S’appuyant contre la pierre de sa main, la Reine se releva lentement. Pas question qu’elle reste assise. Sa jambe n’était pas cassée, même si la douleur restait forte. Néanmoins elle s’amenuisait à mesure que le sang y circulait à nouveau. Toma en revanche… C’étaient sans aucun doute ses cris qui avaient alerté son peuple. Lui aussi avait été tiré contre la pierre. Elle se tourna vers lui, ignorant la douleur pointue de son crâne, d’où semblait lui couler quelque chose de chaud, ainsi que le trait de feu barrant sa joue.


Finit-elle par dire au guérisseur Poda qui venait d’arriver. La Khaleesi se détourna rapidement, ignorant les appels du guérisseur. Elle se sentait bien, malgré son boitement bien visible. Si elle ne pouvait se déplacer vite de peur que son vertige la fasse tomber, elle pouvait malgré tout s’assurer du bien des siens. Alors qu’elle appelait son chef de guerre pour un rapport, elle vit Kassyn auprès de Clarke. La Skaikru semblait vraiment mal en point, mais la Khaleesi avait d’autres préoccupations plus urgentes à gérer. Elle s’enfonça dans les décombres à la recherche du reste des siens.