Le soleil tapait fort, il faisait chaud et l’Astrale avait décidé de profiter du temps idéal pour aller découvrir un peu mieux les environs du camp. Jusqu’à présent, elle n’était que peu sortie de la sécurité des installations astrales, et ne connaissait le nouveau monde dans lequel elle était arrivée que par le retour des gens qui sortaient, ou par les rumeurs. Elle observait l’immensité de cette forêt, de loin, bien en sécurité sous sa tente, mais la découverte la démangeait.

Alors elle s’était décidée, et avait saisi son carnet, une mine de charbon, une poche remplie de baies qu’elle avait attaché à sa ceinture, puis avait sifflé Narak, qui s’était levé d’un bon, la queue gigotant alors qu’il suivait la Vega. Cette dernière avait déjà l’extrémité du crayon entre ses dents, alors qu’elle observait les arbres avec attention.

Elle se dirigea donc vers la périphérie du camp, puis, semblant insouciante alors que toute sa concentration était dirigée devant elle, elle dépassa les dernières installations et s’enfonça dans la forêt. Hô elle ne comptait pas aller bien loin, et elle n’avait pas spécialement désiré être discrète. Si quelqu’un l’avait vu, il était fort probable que la vue du chien géant qui l’accompagnait ait rassuré les autres. Mais tout le monde savait que quand Barbara était concentrée sur quelque chose, elle pouvait ne plus faire attention à ce qui l’entourait.

Munie de son carnet, elle notait absolument tout ce qu’elle voyait et qu’elle n’avait pas remarqué depuis le camp. Chaque chose pouvait s’avérer utile, un jour ou l’autre. Elle bénissait son ancien maitre de lui avoir appris à relier des carnets, car Barbara avait depuis longtemps achevé le stock. De temps en temps, elle glissait la main dans sa sacoche et en ressortait une baie, qu’elle dégustait en continuant d’observer et de détailler ce qui l’entourait.

Elle avait remarqué que la végétation ici était sensiblement différente que celles qu’elle avait pu observer durant le long voyage de son peuple. Et si elle retrouvait quelques sortes qu’elle connaissait déjà, certains lui demeuraient totalement inconnues. Désireuse de compléter son encyclopédie à ce sujet, la femme médecin entreprit de soigneusement reproduire la plante en un croquis presque scientifique, avant de prendre autant de notes que possibles sur ce qu’elle y constatait et que son croquis ne permettait pas forcément de comprendre. Son chien la suivait, calmement, et de temps en temps elle glissait une main dans sa fourrure dense, distraite par l’un ou l’autre insecte qu’elle observait.

Elle se redressa, s’étira, et entreprit de s’enfoncer un peu plus loin dans la forêt. Elle se savait proche de son camp, mais assez loin pour que le bruit qui y régnait ne soit plus qu’un murmure. Elle allait faire un pas quand sa cheville fut retenue, et qu’elle laissa échapper un couinement en s’étalant au sol, face contre terre.

Il lui fallu une seconde pour relever la tête. Elle cracha les feuilles qu’elle avait en bouche, et se releva sur ses coudes, avant de jeter un œil en arrière et de voir un collet fin, serré autour de sa cheville. Elle fronça les sourcils, les chasseurs astraux ne posaient pas de piège si proche du camp, c’était ridicule, le bruit des astraux faisaient fuir toutes les bêtes. Elle récupéra son carnet qui était tombé un peu plus en avant, glissa le crayon dans la lanière prévue à cet effet, et grommela. Un vague coup d’œil lui indiqua que Narak était parti en vadrouille. Elle ne s’inquiétait pas, il ne s’éloignait jamais trop, et même si elle ne le voyait plus, elle le savait toujours à portée de voix. il avait même déjà probablement entendu sa maitresse tomber et était en train de revenir.

Elle se tordit un peu pour s’asseoir et tenta de desserrer la corde, mais le mouvement avait coincé des branches dans cette dernière et elle ne sut atteindre le nœud. Elle pesta pour de bon, la prochaine fois elle devrait penser à emporter un couteau ou n’importe quoi d’autre. Un rapide coup d’œil autour d’elle lui fit comprendre qu’elle ne pourrait rien trouver de plus que son vulgaire crayon pour tenter de couper la corde. Elle pesta, et siffla en constatant que Narak ne revenait pas.

Elle tentait de déloger une branche quand des bruits de pas lui firent redresser la tête. Elle se releva, l’astrale était alerte, même si ses cheveux pleins de branches et de feuilles, sa cheville ainsi piégée et son genou égratigné ne rendaient pas une image sûre d’elle-même. Et ce chien qui ne revenait pas !

Barbara plissa des yeux quand une femme blonde, fine mais pas maigre pour autant, fit son apparition. Les vêtements qu’elle portait indiquaient à la Vega que cette femme appartenait certainement aux peuples qui vivaient déjà ici. Et même sans ça, Barbara ne la reconnaissait pas, or elle connaissait tout le monde chez elle.

Elle avait entendu parler de ces hommes et de ces femmes qui peuplaient déjà ces terres où les étoiles les avaient menés. Elle s’était montrée plus qu’admirative face aux récits qu’on lui rapportait, attentive, presque enthousiaste. Elle voulait en apprendre plus sur eux, sur leur mode de vie, leurs traditions, leur langage étrange, mais là ça n’était pas le moment. Une boule se forma dans son ventre, elle pouvait être en danger.

La blonde regarda Barbara, puis le piège, et ses sourcils se froncèrent. Elle laissa échapper un mot, perplexe, était-ce elle qui avait posé ce foutu truc ? Elle esquissa un mouvement vers ce qui semblait être une épée, et Barbara se tendit, fronçant les sourcils. La blonde leva à nouveau le regard vers elle et commença un nouveau mot.

Barbara l’interrompit, sans pour autant faire d’effort pour se faire entendre.


Elle marmonnait sans sa barbe plus qu’autre chose. Elle n’était pas encore morte, donc n’allait pas mourir de suite, elle jeta un coup d’œil autour d’elle, distinguant enfin des branches et des herbes bouger. Un éclat de fourrure perçant la végétation lui confirma ce qu’elle espérait, et elle esquissa un pas vers son chien, oubliant le foutu collet autour de sa cheville.

A nouveau, Barbara s’étala par terre, de tout son long, laissant encore échapper un petit couinement de surprise. Un énorme rire la fit relever la tête et elle jeta un regard plus consterné qu’autre chose à la blonde. S’essuyant le visage de la boue et de la terre, elle ne pu retenir un sourire, même si la situation était plus embarrassante, et stressante. La blonde tenta à nouveau de parler, mais son rire l’emporta. Narak rejoins enfin Barbara et cette dernière, résolue à rester assise, passa son bras sur le dos du chien géant, pressant sa fourrure en entendant le grondement qu’il retenait à l’égard de la femme debout devant lui.

Finalement, la blonde se calma, et si sa voix restait parsemée de sursauts de rire, elle formula enfin une phrase complète, avant de tirer son épée. Barbara sentit un vent d’angoisse, et Narak gronda pour de bon, les babines retroussées en un rictus menaçant, vers la femme blonde qui tenait l’arme à la main. Ses cornes toutes droites dirigées vers elle.


Interpella Barbara, et le chien se calma derechef, sans pour autant quitter la femme des yeux. La vega plissa les paupières.


Elle ne prit même pas la peine de désigner le dit piège, étant donné qu’elle était prise dedans. Elle ne connaissait pas grand-chose sur les gens qui vivaient ici, mais si celle-ci lui proposait de l’aide, alors Barbara n’allait pas vraiment dire non. Surtout avec une épée en main. Même si elle avait son chien, elle ne voulait pas risquer quelque chose en l’envoyant sur elle. Ce dernier était d’ailleurs attentif au moindre ordre que pourrait lui donner l’astrale. Mais elle avait toute son attention dirigée vers la blonde.

Un long moment, la blonde sembla obnubilée par le chien qui défendait Barbara. A croire que les autochtones ne connaissaient pas les chiens… Bon, okay, celui là était énorme, dépassant le mètre, et ses cornes de bouc n’aidaient pas vraiment la cause. La Vega ne se souvenait jamais de comment ces chiens-là avaient fini par avoir des cornes. Mais le fait que ça soit bien pratique pour la défense avait contribué à la préservation de ce défaut génétique, autant les cornes de Narak que les doubles oreilles de son autre chienne qui lui permettaient d’entendre bien mieux, en parfait chien de garde.  Peut être même que si Barbara appelait sa chienne de là où elle était, cette dernière rappliquerait fissa…

Non, Narak était déjà bien assez intimidant et dangereux s’il le voulait, et le regard que lui lançait la blonde faisait croire à l’astrale que c’était bien suffisant. La blonde… Barbara n’aimait pas appeler des gens par leurs traits physiques, et connaitre le nom de celle là la démangeait grandement. Elle avait déjà pu entendre et remarquer que les noms des peuples de ces contrées étaient différents en quelques mesures de ceux que les astraux octroyaient à leur progéniture.  La blonde, semblant taillée dans du granit, et pour le combat, devait sans doute elle aussi avoir un nom intéressant.  Mais Barbara, toujours coincée dans son piège à lapin, se trouvait radine de mots.

En parlant de mots, la guerrière sembla retrouver les siens, et sa voix brisa le silence alors qu’elle répondait par l’affirmative à la question de la Vega qui hocha finalement la tête. C’était donc bien son piège à elle, il y n’avait donc pas d’autres natifs dans le coin. Enfin… probablement pas. Barbara ne pu retenir un regard derrière la blonde pour confirmer ses pensées, mais elles étaient bien seules.

Alors que la blonde remontait la ligne de son piège jusqu’à la cheville captive de la Vega, cette dernière leva un sourcil, un petit sourire en coin sur le visage. Elle ignorait le degré de civilisation de ces autochtones, mais ils n’avaient vraiment rien de cannibales…  Et cette femme-là ne semblait pas aussi affamée que pour n’avoir d’autre choix que de recourir à cette pratique. Elle leva la main pour essuyer encore de la terre de son visage, cachant son petit rire par la même occasion.


Non pas que Barbara tienne vraiment à se faire manger, mais elle savait bien qu’elle ne risquait pas grand-chose. Si elle pouvait toujours se faire tuer, elle ne finirait probablement pas en petit déjeuner malgré tout. Du moins, pas par une native. Les étoiles savaient quelles bêtes vivaient dans ces bois. Mais la quiétude de son chien lui indiquait facilement qu’il n’y avait nul autre prédateur en ces lieux.

Un geste d’épée plus tard, le lien maintenant Barbara fut rompu, et il ne restait plus que la corde nouée à sa cheville à défaire. Sans rien dire, elle observa la native soupirée, visiblement agacée par la situation, et la détailla du regard. Elle ne ressemblait pas aux natifs que son peuple avait déjà croisé, ceux qui vivaient proche de leur camp. Venait-elle d’ailleurs ?


Certes, l’astrale n’avait jamais eu à s’en servir pour tuer quelqu’un, à dire vrai il lui servait davantage à couper son pain et son fromage qu’à trancher une corde, mais soit… Peut être ferait il l’affaire pour son lien. Même s’il ne payait pas de mine pour un couteau, à l’aspect vieux et émoussé, elle préférait toujours s’en charger elle-même plutôt que de voir la native avec un couteau si proche de sa peau, quand elle venait d’affirmer qu’il pourrait y avoir quelque blessure.  Le flegme dont avait fait preuve la native pour dire cette évidence montrait bien à la Vega que c’était plus qu’une éventualité.

Puis la blonde sorti d’où elle savait où un couteau à la lame brillante comme le soleil, ainsi qu’un morceau de viande qu’elle tendit à Narak. Ce dernier bien dressé, fixa la bande de viande, la bave se formant à la commissure de ses babines.


Lança Barbara, le sourire aux lèvres. Alors elle libéra son chien d’un son bref, et ce dernier attrapa d’un geste vif et d’un claquement de dents le bout de viande que tendait la blonde. Alors, après s’être assurée qu’elle pouvait le saisir, Barbara pris doucement le couteau en remerciant la native…


Elle regarda encore quelques secondes la blonde, précisant ensuite.


Donnant donnant, maintenant plus qu’à l'autre de répondre… finalement, la Vega baissa les yeux vers sa cheville et entreprit de délicatement glisser la lame du couteau sur la corde.

Alors qu’elle sciait lentement la corde à l’aide du couteau, un sourire carnassier contrastant avec son visage normalement chaleureux déchira son visage. Fixant toujours son travail, elle ne s’empêcha pas pour autant de répondre à la blonde.


Puis alors que le chien tourna sa grosse tête vers la blonde, ouvrant la gueule en haletant dans l’attente d’une autre friandise, Barbara fini de rompre son lien. Ce dernier se brisa d’un claquement sec avant de tomber par terre. Poussant un soupir d’aise, l’Astrale se massa la cheville d’une main.


A vrai dire, ça n’était pas foncièrement vrai, certes en tant que Médecin, elle n’avait pas accès à ses informations. Mais c’était la Véga du clan, une position supérieure aux canopus eux même. Et puis… en plus d’être la doc du chef, elle était son amie de longue date... Donc en un sens, ouais, elle était dans ses petits papiers (Mags rirait devant l’expression) Mais Barb ne pouvait décemment pas dire ça à la native qui l’avait piégé indirectement. Mieux valait que cette dernière croie que Barbara n’était personne. Finalement, elle tendit le couteau à la blonde pour le lui rendre, manche en avant. La vega leva un sourcil en alternant son regard entre son chien, qui n’en avait visiblement plus que pour celle qui lui avait donné un bout de viande, et la blonde en question, avant de hausser les épaules.

Elle ne doutait pas de la fidélité de son chien, mais si cette femme avait d’autres morceaux de viandes à gaspiller…. Les étoiles seules savaient jusqu’où irait Narak avant de se dire qu’il serait peut-être plus intelligent de rentrer à la maison. Son couteau récupéré, la blonde alla récupérer son épée plantée dans le sol, et Barbara pris soin de ne pas la quitter de vue tout en s’époussetant un minimum. Son nom sembla avoir un drôle d’effet sur la blonde, qui mit un temps dingue à répondre. Mais elle finit par dévoiler son propre nom et Barbara hocha imperceptiblement la tête, souriant. Elle avait appris avec les rapports d’interaction de trishanakru qu’un nom précédé d’un « kom » indiquait le lieu d’origine des natifs. Elle venait donc d’une contrée, ou d’un peuple ? Nommée Delfikru… Elle ignorait où cela se trouvait, mais elle en discuterait avec Mags, peut être que d’autres Astraux ont établi un contact avec d’autres représentants de ce peuple, ou même Kassyn ? Probablement en vérité, si elle a pu établir au premier coup d’œil que Barbara était une astrale.

Barbara était au moins sûre d’une chose, Delfikru, ça n’était pas la porte à côté, sinon ils en auraient bien plus entendu parler, et probablement bien plus tôt, à l’image de Trishanakru qui s’était révélé peu après leur arrivée déjà. A la question de Kass, Barbara haussa les épaules.


Ils avaient fait l’expérience des fleurs et des animaux lumineux la nuit. Ce phénomène avait tant surpris les siens, fait rêver les enfants aussi. Mais cela restait un phénomène inconnu, que des milliers de causes pouvaient expliquer. Il fallait être prudent, tant qu’ils ne connaissaient pas mieux la région. Tant au niveau animaux et plante, qu’au niveau individu.


Fit-elle en fixant le collet désormais inutile qui l’avait piégé. Les Astraux n’avaient pas été discrets tout le temps de leur arrivée… et même sans ça, leurs multiples animaux pour la plupart en liberté n’avaient pas aidé à la conservation de petit gibier aux alentours proches du camps. Finalement, Barbara haussa les épaules.


Alors que son chien était toujours raid dingue de la blonde, Barbara sorti son carnet et son crayon de charbon de son lien. Cherchant quelques secondes en tournant les pages, elle retomba rapidement sur le plan léger qu’elle avait commencé à établir avec ses maigres explorations. En vérité, elle l’avait surtout énormément alimenté par les rapports et les explorations des astraux chargés de cette tâche. Elle avait identifié le territoire sur lequel son peuple était, et tapota la page du bout du crayon. Barbara, toujours assise, avait remarqué la blonde s’accroupir pour la regarder d’un air curieux. Et c’est d’un air tout aussi curieux qu’elle tourna le regard vers Kassyn.


Le savoir, voilà une chose que Barbara affectionnait tout particulièrement. Certes, le savoir était le pouvoir, mais pour Barbara, le savoir, c’était l’héritage. Les étoiles avaient guidé ce peuple ici, et avaient déterminé que leur place était en ces terres. Barbara voulait savoir pourquoi, et fort était de constater que cet endroit multipliait les inconnues. Elle espérait que Kass accepte de parler des siens, cela ferait aux astraux un autre peuple à connaitre, combien y en avait-il ici ?

Pour le chien ou pour elle ? Barbara leva un sourcil, le sourire toujours présent, et coula un regard à Kassyn, mais ne répondit pas. Le fait même que la native puisse poser la question incitait la Vega à jouer de cette ironie, bien qu’elle se doute que la blonde n’était qu’à moitié sérieuse. Du coin de l’œil, elle observa Narak faire copain copain avec la blonde, tandis que la corde autour de sa cheville se vit enfin coupée. Elle nota la suspicion dans le regard de Kassyn, alors que Barbara lui avoua devoir apprendre encore beaucoup. C’était facile pour quelqu’un né ici de connaitre l’environnement dans lequel il évoluait. Barbara elle, était née des kilomètres plus au sud, si loin qu’il faudrait certainement des semaines à cheval pour rejoindre ses contrées de naissance. De nombreuses fois son peuple avait dû s’adapter au changement, au terrain neuf,  à l’environnement inconnu. Aussi face aux doutes de la native, la Vega ne put s’empêcher d’argumenter, riant presque en se massant la cheville.


Ça serait long sans doute. C’était surtout la première fois qu’ils étaient confrontés à un peuple déjà présent et bien installé sur les terres indiquées par les étoiles. Ça aussi c’était une énigme à résoudre, mais Barb était confiante, tout viendrait en son temps, si tant était que les siens mettaient un peu de cœur à l’ouvrage. Entretemps, sa curiosité était bien trop grande pour n’être nourrie que des récits des explorateurs, qui étaient pour certains bien trop prudents pour oser s’aventurer loin, et avoir des choses croustillantes à raconter. Aussi elle hocha simplement la tête face à l’affirmation de la blonde. Oh oui ça… Du travail, il y en avait déjà beaucoup, et ils en auraient de plus en plus à l’avenir. Son for intérieur poussait Barbara à croire que le peuple déjà présent n’accepterait pas bien longtemps que les siens s’installent ici sans contributions, sans accord, sans négoce, et peut être même, sans sang versé ? Après tous ces terres appartenaient déjà à quelqu’un, et il fallait se préparer à tout.

Son oreille tiqua à un mot utilisé qu’elle ne compris pas. Elle savait qu’une langue était utilisée ici, ce mot en faisait certainement partie aussi elle pencha imperceptiblement la tête. Cela l’intriguait même plus que la supposition de Kassyn que la vie de la Vega ne suffirait pas. Malgré tout elle répondit à cela également.


Par la même, elle montra son carnet d’une main. Un jour quelqu’un l’ouvrirai et lirait avec avidité toutes les notes que la Vega y avait notées, avec une même soif de savoir et d’apprentissage. Finalement, elle revint sur ce mot, « aulana », qui l’avait fait tiquer.


Si Barbara voulait bien une chose, c’était apprendre le langage commun de ce peuple. C’était si intéressant de découvrir les manières de faire et de parler des gens qu’elle rencontrait. Finalement Kassyn la contourna pour aller derrière elle. Barbara sentit le poids du regard de la guerrière par-dessus son épaule. Elle fixait le cahier, que l’astrale gardait bien ouvert. La vega, détendue, la laissa faire. Elle avait l’intuition que si elle démontrait de la tension, ou de la méfiance, l’autre en aurait aussi. De plus, elle était convaincue que tant qu’elle ne contrariait pas son interlocutrice, tout irait bien. La rencontre était surtout bien trop exceptionnelle aux yeux de la vega pour y mettre un terme par simple mesure de sécurité. Elle savait qu’on allait lui reprocher son manque de précautions, mais tant pis.  La question de Barbara sembla déconcerter la blonde, probablement la médecin n’avait-elle pas été suffisamment précise dans sa demande.

Mais avant que Barbara ne puisse préciser sa question, Kassyn se mit à pointer du doigt quelques éléments que Barbara avait grossièrement dessinés sur une carte tout aussi grossière. Attentive, elle écouta en hochant la tête. Elle devait retenir tout ça pour le noter plus tard.  La mer, un clan plus à l’ouest…. Intéressant, tout cela était intéressant, et la lueur de curiosité qui brillait dans son regard devait bien montrer à quel point la Vega était curieuse, et tout ce que lui disait la blonde nourrissait cette curiosité. Ces terres étaient gigantesques !! Elle mentionna un nouveau clan, combien étaient-ils encore ? Barbara ne fut pas certaine de bien comprendre le nom que Kassyn prononça, mais elle savait à présent qu’ils étaient proches des chevaux. C’était déjà une bonne chose de le savoir, pensait-elle.  Finalement, Kassyn donna à Barbara l’occasion de préciser sa question, et cette dernière ne se fit pas prier.


Kassyn s’empara du cahier, et Barbara ne put rien faire contre ça. Elle le laissa le feuilleter, l’observant sans rien dire. Aucun secret n’y était caché, ça n’était qu’un carnet d’étude où la Vega notait ce qu’elle observait, et ce qu’elle en concluait parfois. Barbara sentait bien que la curiosité pointait également chez la blonde, aussi attendit-elle patiemment la première question, qui finit par arriver.


Elle ne mentait pas. Il n’était pas vraiment son chef, mais en assurait les fonctions tant que Magdalena était en danger. Le regard de Kassyn avait confirmé à Barbara que cette question la taraudait depuis probablement le début de leur rencontre. Ainsi donc, c’était bien cette native que son ami d’enfance et sa fille avaient rencontrés à il y a déjà quelques temps. Les informations se partageaient, c’est ainsi que Barbara compris le tournant de la discussion. C’était louable, le peuple de l’un était toujours inconnu pour l’autre. Et s’il y en avait bien une qu’il ne fallait pas contrarier actuellement entre les deux, c’était celle qui tenait l’épée…

Malgré cela, et bien qu’elle mesure la dangerosité de son interlocutrice, Barbara ne se sentait pas menacée le moins du monde. Plus maintenant qu’elle n’était plus attachée à un collet, et même si l’épée était un peu trop proche d’elle à son gout. Dans le vif de la discussion, Kassyn précisa l’utilité d’une plante que Barbara avait dessinée, et elle se hâta de noter à côté son usage. Et aussi rapidement, la blonde enchaina sur une autre question, et Barbara tourna les pages pour retrouver un plan plus précis des environs.


Du doigt elle montra une ligne sur sa carte, qui partait de son camp et remontait vers le nord. Ce jour-là, Barbara avait ses deux chiens, et elle avait suivi un cours d’eau pour ne pas se perdre. Elle était partie toute la journée, et avait failli affoler Cyrano. Mais à présent, ce dernier connaissait l’envie d’escapade de la Vega, et savait qu’il ne pouvait pas réellement l’en interdire. La dernière provocation de Kassyn fit lever un sourcil à Barbara, qui rit en restant assise malgré tout.


Cette tirade prononcée avec humour lancée, Barbara se pencha sur le reste de la question, et répondit avec un peu plus de sérieux cette fois.


La mission qu’elle s’était donnée était de partager le savoir. Morte, elle ne servait absolument à rien. Se mettre en danger était la mission des explorateurs, et même si Barbara s’était déjà aventurée sur des routes que les siens n’avaient encore jamais prises, elle évitait de prendre des risques qu’elle jugeait inutile. Elle haussa les épaules.


Ils venaient de très loin, ils ne seraient arrivés nulle part sans un peu de courage. Lassé de la discussion, Narak bailla bruyamment avant de s’allonger par terre en poussant un soupir. Mais Barbara ne comptait pas partir de suite. La situation, bien qu’inédite, était bien trop importante pour qu’elle tourne court à la discussion.  En répondant à ces questions, Barbara espérait que Kassyn serait plus encline à répondre à la sienne.

Étrangère ? cela restait logique… c’était un mot joli, pour la désigner. Aulana, ce mot par lequel Kassyn semblait vouloir appeler Barbara, ce prénom était-il si difficile ? La Vega l’aimait bien pourtant…. Il était vrai, qu’il sonnait bien différemment que « Kassyn ». Prénom dur de résonnance, pour une guerrière telle. L’astrale ne l’avait jamais vu combattre, mais elle n’en avait pas le moindre doute, cette femme pouvait se montrer redoutable si elle le voulait.

Aussi, la native ne montra aucune réaction particulière à la réponse de Barbara concernant Cyrano. Mais si la Véga était douée pour une chose, c’était cerner le non-verbal. Elle avait eu vent de leur rencontre. Kassyn en avait tiré des conclusions, sans aucun doute, et Barbara était curieuse de savoir lesquelles. Pour autant, elle garda son interrogation silencieuse. Jusqu’à présent la native n’évoqua pas plus le « Sirius » que cela, alors elle ne renchérit pas plus non plus.

A l’affirmation de la blonde, Barbara hocha la tête sans mot dire. Pour autant, était-ce confortable grâce à la position, ou grâce au certain contrôle que Kassyn, ainsi installée dans le dos de la Vega, pouvait exercer sur cette dernière ? Elle sentait que le regard de la blonde allait souvent du carnet à son chien. Ce dernier mollasson comme tout. Barbara ne s’y trompait pas. Elle élevait des chiens de garde, des chiens de défense. Ils n’étaient pas doués pour la traque, ni pour l’endurance. Mais quand il s’agissait d’attaque, ho ça… ils étaient doués. Si Narak paraissait mou, il n’en restait pas moins sur ses gardes. Mais Kassyn avait-elle suffisamment croisé de chiens dans sa vie pour s’en rendre compte ? Encore fallait-il s’intéresser de plus prêt au comportement de ces animaux pour le voir.

Tout le long des explications de la Vega, la native hochait la tête. Elle ignorait l’ouverture d’esprit de la blonde, mais elle semblait comprendre le raisonnement de Barbara. Elle en profita pour dessiner de son doigt un trait sur la carte. Comprenant que l’information était importante, Barbara saisit son charbon, et le reproduit au tracé. Encore une fois, « Aulana » avait été utilisé. La Vega resta pensive. Il était normal que des peuples dangereux.

Enfin, Kassyn parla de son peuple, et comme elle ne montrait plus rien sur le carnet, Barbara tourna la tête pour regarder son interlocutrice. Les précisions qu’elle apporta firent soulever un sourcil chez la Vega, qui hocha la tête.


Il n’avait pas parlé de cela plus que nécessaire. Il avait rencontré un individu d’un peuple différent que celui avec lequel ils avaient déjà établis un contact. Cette femme n’avait pas semblé accueillante, mais n’avait pas été hostile pour la simple raison qu’elle n’était pas chez elle, c’est ce qu’il avait dit. Barbara le comprenait, pour autant sa propre conversation l’empêchait de voir une réelle hostilité. De la méfiance, certainement, elle ne pouvait pas réellement l’en blâmer.


Son sourire était large, la question n’en demeurait pas moins. Barbara prenait son erreur de bon cœur, elle était faite de toute façon. L’intérêt était l’apprentissage qu’elle pouvait en tirer, et finalement si elle avait évité ce piège, elle ne serait pas tombée sur la blonde, qui ne lui aurait pas partagé tant d’infos précieuses.

Kassyn tendit sa main au-dessus de la page du carnet annoté, et Barbara comprit que Trishanakru était bien plus vaste que ce que les éclaireurs savaient déjà. Le chef de ces terres acceptait leur présence, pour le moment. Cela ne voulait pas dire qu’il était bavard… La Vega ne serait pas étonnée que la blonde ait dévoilé en ces quelques minutes plus d’infos que ce que ce chef avait accepté de communiquer. De toute façon, il ne devait rien aux astraux, alors pourquoi aurait-il donné quelconque information ?

Malgré tout, Barbara pris soin de noter en vitesse celles que lui donnaient Kassyn. Nul doute qu’à son retour aux camps, on lui en voudrait d’être encore partie, et de s’être mise en danger, mais ce qu’elle avait récupéré valait tous les risques. Selon elle, il était hors de question que ses frères et ses sœurs se mettent en danger dans des contrées hostiles. Alors s’ils pouvaient les éviter, tout cela serait bénéfique. L’idée des Astraux n’était après tout pas de déclencher une guerre.

Barbara hocha la tête mais ne dit rien. Elle avait déjà remarqué que son peuple semblait bien plus ouvert que ceux croisés ici. Pour autant, ils n’avaient pas tout exploré. Kassyn parla à nouveau du « Kongeda » Un principe pas très bien saisi pour l’astrale, mais elle évita de poser des questions dessus. Pour qu’elle en parle ainsi, c’est que cette… entité, devait être importante. Tôt où tard, les astraux comprendront ce qu’il en relève. Pour le moment, l’heure était à déterminer où il était dangereux d’être. Bien que de ce qu’elle comprenne, partout était dangereux…

Encore une fois, Kassyn se moqua, et Barbara sourit en réponse. Durant toute leur discussion, le regard de la blonde se dirigeait de temps en temps vers le chien.


Elle ferma son carnet et se tourna complètement vers la blonde, ce qui sortit le chien de sa torpeur, qui leva la tête, à nouveau attentif.


La Vega avait dit ça calmement, haussant les épaules sur la fin. Pour autant qu’elle savait décortiquer les caractères des siens, le faire avec des natifs était différent. Ils n’appartenaient pas à des familles d’astraux, ils ne répondaient pas d’un schéma typique, quoi que… Mais elle ne resta pas sur ses acquis. Narak s’assit, se rapprochant de l’astrale.


Elle rit sur la fin. Elle aurait eu du mal à expliquer autrement son rôle. Après tout, en plus d’être une bonne guérisseuse, et une bonne conseillère attentive, elle approuvait les unions. Quel en était le but si ce n’était s’assurer que leurs fruits soient viables, forts et dignes ? Barbara avait pris soin de ne pas mentionner le fait qu’elle était la seule à assurer ce rôle, que ce soit le métier de médecin, ou le rang de Vega. Cela pouvait toujours être dangereux qu’un natif sache qu’elle était si précieuse à son clan.

Elle passa sa main sur le crâne épais de son chien ,évitant les cornes.


Elle sourit en grattant le menton de l’énorme animal.


C’était pour cela que Barbara n’avait apporté qu’un seul chien sur les deux. Elle leva un sourcil vers la blonde, un sourire en coin sur le visage.


Selon ce qu’elle avait pu sentir, la portée pouvait être conséquente, et si chacun des chiots qu’elle avait pu faire naitre avaient trouvé leur utilité au sein du clan, les astraux ne souffriraient pas d’un chien offert à une native. Surtout si cette dernière avait pu être si généreuse en informations, malgré tout ce qu’elle avait retenu de dire. De plus, les regards qu’elle coulait au chien de l’astrale lui disait qu’elle devrait surveiller que Narak la suive bien quand elle repartirait. Un détail la fit sourire. Elle avait compris, parmi le peu d’information que Kassyn avait donné sur son peuple, que c’était surtout les femmes qui combattaient. Alors Barbara précisa.


Pour appuyer ses dires, elle planta son index dans le poitrail du chien, l’enfouissant dans son épaisse fourrure. Pour unique réponse, Narak bailla.

Alors que la Vega développait son cheminement de pensée, le sourire en coin de Kassyn lui montra qu’elle était probablement sur la bonne voie. Son raisonnement était correct, plus ou moins, mais au moins Barbara n’était pas totalement dans le faux. La légèreté de la réponse de la native, en plus du vague que cela représenta conforta Barbara dans son idée.  Ça n’était pas une affirmation exacte, mais clairement pas une négation non plus. Barbara garda son sourire léger, le sourcils se levant doucement. Ho elle n’allait clairement pas croire que la guerrière n’était pas capable d’une chose pareille. Pour autant sa réponse légère concernait la partie où elle plantait Barbara, ou la partie où son chien la mangeait à moitié avant de mourir aussi ? Le doute planerait, et la Vega ne demanda pas d’explications supplémentaires, cela lui convenait parfaitement.

Mais plus Barbara développait son raisonnement mental, plus Kassyn reprit un air neutre. Sans aucun doute, l’astrale tapait dans le mille, et elle doutait que cet exposé plaise à la guerrière. Il fallait dire que la Vega avait l’habitude de décortiquer les gens. Comme unique réaction, la blonde se releva, et la châtaine vit le fil de son épée s’enfoncer un peu plus dans la terre.  Au fur et à mesure que Barbara faisait son rapport, Kassyn faisait les cent pas devant elle. Elle ne nia rien, mais n’approuva pas ses paroles pour autant. Cela importait peu à Barbara, qui voyait en ses réactions une communication bien suffisante.

Ce ne fut que lorsque le sujet dériva sur Narak que Kassyn se rapprocha à nouveau, reportant son regard sur le duo humain canin qui s’adressait à elle. Et alors qu’elle ne cessait de fixer le chien, confortant Barbara dans son choix d’offrande, elle la regarda. Venant d’une étrangère, une… Aulana, cela pouvait en effet paraitre étrange, d’offrir un tel cadeau à une inconnue. Cela déstabilisa la guerrière ? Barbara ne saurait le dire, elle soutint son regard, attendant simplement sa réponse. Finalement, après qu’une flopées d’expressions soient passé sur son visage, la blonde s’accroupit face à Barbara qui la regardait toujours avec patience. Barbara sourit.


L’ironie de la question méritait une réponse ironique aussi. Jusqu’à présent, l’échange d’informations avait été plus ou moins équitable, Barbara posait des questions après avoir répondu à celles de Kassyn, et réciproquement. Elle sourit à l’air amusé de la guerrière. Oui, comme toujours. Même chez les astraux, c’était une femme qui dirigeait. Mais le sérieux revint, Kassyn sembla penser à des démons qui la concernaient elle seule, et Barbara pencha légèrement la tête.

Elle ne doutait pas de la volonté de Kassyn concernant Barbara. Elle ne lui avait donné aucune raison de réellement craindre un coup de sa part actuellement. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi cette précision se fit urgente pour la guerrière, jusqu’à ce qu’elle précise. A l’évocation du collet, Barbara sourit à nouveau. Même elle n’en garderait pas de mauvais souvenirs, alors qu’elle s’était retrouvée la tête en bas face à une étrangère. Heureusement que c’était un pantalon qu’elle portait ce jour-là…


Elle ne mentait pas, et de toute façon le chiot choisi saurait tout aussi bien s’adapter à la vie native qu’à la vie astrale. Ils étaient aussi doués pour l’adaptation que leurs éleveurs.

Par deux fois, Barbara hocha la tête. Elle comprenait la signification d’un combat pour la blonde, autant qu’elle comprit qu’elle pourrait repartir sans danger, quand elle l’aurait décidé. La troisième fois vint quand la blonde se rassit par terre. Barbara en profita pour prendre une position assise plus confortable avant de répondre à la question.


Elle sortit son carnet, mais ne l’ouvrit pas, montrant plus l’objet plutôt que son contenu.


Depuis autant d’années qu’une vie, son peuple voyageait, vers un pays qu’ils n’avaient jamais vu mais qu’on leur promettait. Il n’y avait pas à dire, ils pouvaient être acharnés, et leur foi les portait loin. Mais elle n’évoqua rien de cette partie à Kassyn. C’était un concept étrange que la foi envers les étoiles,  pour quelqu’un qui n’était pas habitué. Pour Barbara, qui était étroitement liée à ces étoiles, il était encore trop tôt pour en parler.


Encore une fois, l’astrale pensa à l’idée d’apprendre le langage des natifs. Peut être qu’il serait plus aisé que d’autres langues.

Son regard s’attarda un peu sur la guerrière native. Finalement, Barbara haussa les épaules. Elle connaissait trop peu les occupations principales des clans de ces terres qu’elle venait de visiter.  Elle ne pouvait guère juger la réponse de la blonde. Et puis, même sans cela, elle s’était attendue à un refus de sa part. C’était bien assez étrange comme ça de se voir proposer un chiot pas né par une inconnue qu’on venait de libérer de son propre piège… c’est vrai qu’en y repensant, la situation était cocasse. Elle en aurait ri avec les siens si elle avait été sûre de ne pas se retrouver engueulée par la Sirius à cause de son acte. Mais Barbara n’avait qu’une parole, elle garderait un chien pour la blonde. Cela n’offusquerait personne chez les astraux. C’étaient ses chiens, elle en faisait ce qu’elle désirait.

Elle laissa donc le sujet changer et hocha la tête aux propos de la blonde.


Question rhétorique. Elle n’attendait pas de réponses de la part de la blonde. Elle pourrait aussi bien retorquer qu’on devait sa survie grâce au combat, et Barbara ne doutait pas du fait que c’était ainsi que le peuple de Kassyn avait survécu. Le combat. La guerre, la mort. Devoir sa survie par la perte de la vie de quelqu’un d’autre. Pour la femme médecin qu’était Barbara, c’était un concept qu’elle désapprouvait. Mais elle pouvait comprendre que d’autres y aient été contraints. Et avec la force de l’habitude, cette violence inutile était devenue presque coutumière. Jusqu’à en devenir l’unique solution.

Oui, Barbara le comprenait. Et elle s’estimait d’autant plus chanceuse de faire partie d’un peuple qui n’ait jamais été poussé dans ce cercle vicieux.  

Alors qu’elle posait sa question, elle rouvrit son calepin, en sortit le crayon qui y était bien attaché, et se montra attentive, curieuse. Elle avait bien compris que Kassyn n’était pas douée pour ce genre d’explications, aussi la Vega attendit après ses premiers mots pour le moins vagues.  Alors quand elle vint enfin, Barbara se dépêcha de la noter dans son calepin, en hochant la tête.


Il était toujours important de savoir ce qui avait mené le monde à cet évènement. Les erreurs passées ne pouvaient pas être reproduites, et on ne pouvait empêcher qu’elles n’arrivent à nouveau qu’en sachant qu’elles sont déjà arrivées. Les conséquences en avaient été lourdes et le Monde s’en retrouvait à jamais changé. Parfois, Barbara était curieuse. Elle se demandait quelle vie on pouvait avoir dans le monde d’avant. Puis elle lisait les étoiles, qui lui redonnaient espoir en son avenir, et la Vega cessait de penser au passé.


Elle  sourit en refermant son calpin. Kassyn en profita tôt pour changer de sujet, et Barbara répondit tout en le rangeant.


Car son peuple avait été nomade, longtemps. Beaucoup des siens étaient nés en ne connaissant rien d’autre que cette vie. Et Barbara se souvenait à peine de la vie d’avant. Elle sourit au geste de la main de Kassyn, comprenant qu’il ne fallait pas la lancer sur le sujet. Les étoiles les guidaient, mais Barbara savait que le concept était compliqué à percevoir. Seulement, si on prenait le temps de le lui expliquer, peut être que Kassyn finirait par les comprendre, elle aussi. Enfin, Barbara n’était pas là pour faire de la propagande. Finalement, la Vega haussa un sourcils.


Elle sourit encore. Avant de secouer la tête. Non pas qu’elle juge son propre peuple d’inoffensif.


Ho si, son peuple combattrait s’il le fallait. Ils n’étaient pas peureux, ni lâches. Mais ils étaient plus pacifistes qu’autre chose. Elle ignorait encore précisément où se trouvait Delfikru, malgré les précédentes explications de la blonde. Mais elle doutait que quoi que ce soit d’hostile se dégage de leur possible rencontre. Son peuple savait se montrer respectueux des coutumes des autres. Du moins Barbara elle, elle y était plus qu’attentive. Et vu sa position, on n’avait pas toujours le choix de l’écouter. Kassyn sembla se détendre, mais la Vega eut l’intuition que ce n’était pas grâce à ses réponses.

Elle garda le silence un moment face au ton léger de la guerrière. Il était logique que vu le point de vue que la guerrière avait quant à la signification de force, Barbara paraisse inoffensive.  Aussi la médecin préféra ne pas répondre plus que ça. Il était bien qu’on la juge inoffensive. Elle rit plutôt.


C’était plus sarcastique qu’autre chose, Barbara avait déjà longuement exposé pourquoi elle n’avait pas fui. Mais fait encore plus étrange, et bien qu’elle ne sente pas en sécurité pour autant, il était assez agréable de discuter avec la native. Bon, la situation restait étrange, avec la native et l’astrale assises par terre.


Elle avait dit ça en regardant le ciel. Elle était sérieuse, et honnête. C’était une situation qu’elle espérait arriver. À côté d’elle, son chien se mit à aboyer d’agacement à force de ne plus bouger, Barbara le fit taire d’un regard avant de regarder à nouveau le ciel, sortant sa deuxième flasque – celle avec de l’eau cette fois- pour avaler quelques gorgées.