C’était une nuit. Une nuit sombre, la lune n’éclairait alors pas la terre cette nuit-là. A la place, et comme très souvent à cette période de l’année, la neige tombait en d'épaisses couches sur le sol du peuple des glaces. C’était un froid mois de novembre vraisemblablement comme les autres avant, et après. Seulement, près des racines des montagnes, un petit bivouac ne dormait pas. Ho les hommes et les femmes de ces contrées étaient habitués à la neige et aux tempêtes glaciales, les tentes résistaient sans grand mal aux vents violents et gelés. Mais ce petit bivouac là ne pouvait dormir, car un enfant venait au monde pendant la tempête.

C’est ainsi qu’est née une jeune fille aux cheveux noirs, par une tempête de neige en Novembre. Ne trouvant jamais le confort d’un village, ses parents aimant rester à l’écart des grand rassemblements, avec leurs quelques moutons et de quoi vivre seuls. Ils se rendaient, deux fois par an, à la capitale, afin d’échanger ce qu’ils produisaient en laine et viande séchée contre des denrées qu’ils ne savaient obtenir autrement. Ce n’était pas une vie de luxe pour l’enfant, mais c’était ce qu’avaient souhaité ses parents, et ne connaissant rien d’autre, la jeune  se plaisait alors beaucoup.  Cela dura quelques années, jusqu’à ce qu’elle soit capable de se déplacer seule et de réfléchir par elle-même. Un jour, ses parents l’ont ramenés à la capitale, ils voulaient faire d’elle une guerrière, et souhaitaient qu’elle soit traitée comme tous les autres enfants malgré qu’elle ai vécu ses premières années à l’écart de tous.

L’enfant découvrit alors une capitale comme elle ne l’avait jamais vu. Autrefois elle s’y rendait pour les marchés et les échoppes, toujours les mêmes bâtisses, toujours les mêmes ruelles. Mais la capitale se montra bien plus vaste et inconnue quand la jeune fille y fut gardée. Nourrie de curiosités, la gamine  à l’époque était déjà une véritable casse-cou, il lui arrivait bien souvent de s’éloigner, de réussir à échapper à la vigilance de ceux qui la gardaient, la nuit, pour explorer cette ville de bois et parfois de pierre où la glace et la neige avaient élu domicile de façon permanente. SI ses parents avaient veillé à ce que leur fille soit cultivée, sa soif d’apprendre n’était toutefois jamais tarie, et elle en vint bientôt à connaître la majorité de la capitale comme sa poche.


Ce fut cependant lors de l’une de ces escapades que sa vie changea à jamais. Elle n'était pas plus beaucoup plus âgée, il faisait presque nuit et la jeune fille était sortie à nouveau. Ce soir-là, dans la ville aux rues étroites et aux maisons hautes, elle se perdit véritablement pour la première fois.

L’enfant aux cheveux noirs ne put trouver son chemin, et ne fit que se perdre plus encore. La panique avait alors gagné son cœur et au détour d’une ruelle, elle tomba face à un duo de guerriers, ou plutôt, elle leur rentra dedans.

La fillette était tombée à la renverse et avait relevé les yeux vers ces combattants qui la fixaient, les yeux ronds. Elle ne se doutait pas qu’elle avait fait une bêtise, elle avait le regard perdu sur le visage de ces deux géants, ornés de cicatrices et de tatouages. Mais pourquoi eux étaient surpris?

Quand ils la relevèrent, et elle vit qu’elle s’était écorchée le coude, et sa plaie se couvrait de sang, de sang noir.


Elle fut amenée à Nia séance tenante, et jamais plus elle ne revit ses parents.

Avaient-ils été tués? Avaient-ils avoué ne pas vouloir que leur fille soit prise par les gardiens de la flamme de cette maudite Heda? Avaient ils donné leur fille? Aucune idée, à vrai dire Elle ne se posait guère la question, pensant que tout cela était normal. Car Nia la prit sous son aile, et lui offrit un enseignement auquel nul autre n’aurait droit.

C’est ainsi qu’elle fut nommée Ontari.

Et elle grandit, et elle devint aussi redoutable qu’on pouvait l’être à son âge. Dédiant sa vie à sa reine qui l’avait élevée avec dureté et sévérité quand bien même la jeune femme voyait en elle un modèle. Ontari petit à petit oublia son passé, et ne garde aujourd’hui que très peu de souvenirs de sa vie d’avant Nia. Elle apprit les idéaux de sa reine pour en faire les siens, admirant Nia jusqu’à tout faire pour la satisfaire, s'endurcissant à chaque remontrance, se délectant de la moindre petite félicitation.

Parfois c’était son fils, Roan, qui s’occupait de l’apprentissage d’Ontari, et petit à petit, presque instinctivement, la natblida vit en lui comme un grand frère qu’elle n’aurait jamais. Aussi quelle ne fut pas sa déception quand elle vit son exil, et sa déchéance. Le faux prince n’avait été qu’un obstacle dans sa propre ascension. En effet, Ontari était promise à de grandes choses, c’était certain, et elle finirait par y arriver, car elle était une Azgeda, et rien ne pouvait arriver aux cheville des guerriers du peuple des glaces.