En sueur, tu te redressas vivement dans ton lit de fortune. Haletante, tu regardais autour de toi visiblement apeurée par quelque chose que personne d’autre ne pouvait voir. Tu ne tardas pas à sortir du lit, tout en fixant des yeux le même point, vide. À tâtons, tu rejoins la table présente dans ta cabane pour te saisir du poignard qui avait appartenu autrefois à ton mari. Sans réellement être en mesure de réfléchir à la nature de ton geste, l’arme blanche quitta tes mains dans un lancer habile pour aller se planter dans le bois de ton mur. Dans ton esprit, il s’était planté entre les yeux de ton assaillant, mais ça ne suffit pas à calmer la peur présente en toi. Tu le regardais au sol, mort, mais tu continuais d’être au prise avec cette même panique. Celle qui te poussa à te saisir d’une seconde arme blanche avant de fuir ta demeure.

Tu n’étais même plus certaine de l’endroit où tu te trouvais, ni même des règles autour de ta propre sécurité. Ta cabane, tu ne devais pas la quitter seule. Tu détestais cette mesure de protection, mais tu n’avais pas eu le choix de t’y plier pour ton peuple. Depuis les dernières prophéties, chaque membre des Astraux devait rester en sécurité, devait faire attention à tout ce qui se passait autour. Tu ne devais pas faire exception. Surtout en étant directement menacé par le Ciel de t’éteindre. Dans une situation comme celle-ci, où tu avais été attaquée au milieu de la nuit, tu aurais dû rejoindre les Astraux de la paix, tu aurais dû prévenir les tiens de la menace, mais… Tes pensées n’avaient plus aucun sens. Jamais, dans une situation normale, tu aurais fui de cette manière. C’est vêtue d’une robe légère blanche, sans chaussure et armée d’un couteau que tu t’enfonças dans la forêt autour de votre campement.

Tu courus jusqu’à t’effondrer, sur les genoux, tu étais à la recherche de son souffle que tu avais perdu. Plus rien autour de toi n’avais de sens. Tu avais l’impression que tout tournait autour de toi, tu entendais des pas approchés beaucoup trop rapidement et surtout, tu avais la sensation que ta tête allait éclater. Ton couteau au sol, tu plantas tes ongles au niveau de tes tempes avant qu’une complainte de douleur ne t’échappe pour se perdre dans la nuit. « Va-t’en. » avais-tu ajouter au bout de quelques secondes, lorsque les bruits de pas s’étaient arrêtés non loin de toi. Tu le savais, tu sentais sa présence. Tu te saisis de nouveau de ton couteau et tu le lanças dans la direction du bruit. Sans prendre le temps d’évaluer la situation, sans prendre le temps de regarder vers qui ou vers quoi l'arme se dirigeait. Tu t’étais déjà relevée pour fuir de nouveau. Tes jambes endolories n’allaient pas t’arrêter. Tu avais l’impression de ne plus rien ressentir. Était-ce ça la fameuse adrénaline dont tu avais souvent entendu parlé ? Même si tu ne pourrais pas dire, tu cherchais seulement à fuir un ennemi qui te pourchassait et qui, pour toi, en voulait à ta vie.

Feat  @Ezekiel

Tu courrais depuis combien de temps ? Tu ne savais pas. Tu avais l’impression que ça faisait uniquement quelques secondes. Tu ne savais pas non plus où tu allais ni même ce que tu fuyais exactement sauf cette présence qui te murmurait à l’oreille. Tu n’étais pas du genre à avoir peur en temps normal, tu étais une femme rationnelle qui se dressait devant n’importe quel danger. L’ombre de ton esprit prenait le dessus sur toi, il te poussait à devenir ton propre opposée.

Ton couteau lancé dans une direction presque aléatoire, tu avais repris la fuite sans réellement porter attention à ce qui se passait autour de toi. Si tu avais été un minimum attentive, tu aurais remarqué que tu n’étais pas seule. Dans ce cas de figure, tu n’aurais jamais lancé ton couteau de cette manière. Tu aurais aussi remarqué que tu courrais sans savoir où tu allais et que tu revenais sur tes pas à chaque fois. Tu t’arrêtas lorsque tu te retrouvas face à un homme. Était-ce lui ton ennemi ? Celui qui te donnait cet horriblement sentiment de peur ? Tu n’en avais pas l’impression. Debout devant lui, complètement à bout de souffle, ta tête se pencha légèrement sur le côté tandis que tu l’observais. Lentement tu clignais des yeux. Rien pour aider la réputation de "folle" que tu étais en train de te forger. « Je ne suis personne. » Ce fut la première phrase que tu prononças à l’endroit de l’étranger qui te demandait si tu étais une Astrale. Il t’avait précisé être un allié, mais ton attention était déjà ailleurs.

Dans ton état normal, tu l’aurais reconnu sans même l’avoir déjà rencontré. On te l’avait déjà dessiné, on te l’avait décrit physiquement. Tu avais enregistré ses informations dans un coin de ta tête pour le jour où tu aurais l’occasion de rencontrer Ezekiel et ses acolytes. Ce jour où tu pourrais enfin te présenter à ce peuple, le jour où les tiens allaient arrêter de te cacher aux yeux de tous comme si tu étais un bien précieux. C’était totalement absurde. La situation actuelle était également absurde. Tu n’étais pas attentive aux détails, à ce qui te déroulait autour de toi. Tu n’arrivais pas à réfléchir correctement. Tu avais encore cette sensation d’être suivie, tu entendais des bruits autour de toi. Bruits qui te poussaient à dévier la tête du grand blond afin d’observer autour de toi, visiblement sur tes gardes.

« La mort est ici. » Est-ce tu fuyais la mort ? Pourtant, elle ne t’avait jamais fait peur. Ta main droite rejoint ton front du quel tu décalas quelques mèches de cheveux qui s’y étaient collées sous la sueur de ta course nocturne. Ton regard se planta de nouveau sur l’inconnu et tu le détaillas de haut en bas. « Vous saignez. Elle vous attaque aussi ? » Tu compris à cette blessure que le danger de cette forêt ne se trouvait pas devant toi, mais tu ne réalisas pas encore que tu étais ce danger. Tu te penchas pour attraper une branche au sol que tu serras dans tes mains telle une arme. « Nous devons nous en débarrasser. Je pensais l’avoir fait, mais elle est toujours là. Elle est proche. » En parlant, tu t’étais déplacée légèrement vers un point fixe. Vide pour ceux autour de toi, mais dans ton esprit, tu y voyais ton ennemi. Ennemi qui fonça sur toi si brusquement qu’il t’arracha qu’un cri de terreur tandis que tu t’accroupissais au sol dans l’espoir de l’éviter. Tremblante, tu t’accrochais à ta branche de bois alors que tu fixais le sol. Le peu de force qui te restait menaçait de t’échapper.

Feat  @Ezekiel

Plus les secondes avançaient et plus tu sentais cette ombre prendre possession de toi. Ombre que tu combattais depuis des semaines et des semaines. Tu avais toujours réussi à la repousser avant ce soir. Plus que jamais, elle prenait du terrain rendant ton corps fiévreux comme il ne l’avait jamais été. Jamais tu n’avais pas perdu le contrôle à ce point. Et tu n’arrivais pas à le reprendre. Tous tes sens étaient en alerte, mais aucun ne fonctionnait correctement. Le sentiment de peur qui te grugeait était inexplicable et c’est naïve que tu fis confiance à l’homme lorsqu’il te dit qu’il allait s’en débarrasser pour toi. Le soulagement qui te gagna fut de courte durée, tu n’eues pas le temps de voir ton ennemi que tu te retrouvas désarmée et au sol en un rien de temps. « Non, non… Lâchez-moi. » Malgré toute l’énergie dépensée, tu continuas de te débattre au maximum. Tu bougeais dans tous les sens dans l’optique de te dégager, mais la différence de force était belle et bien présente. « La mort vous aura vous aussi !! » crachas-tu au blond lorsqu’il confirma qu’il allait t’aider, mais que tu te devais te calmer. « Je veux rentrer chez les miens. » Sauf que la direction te semblait complètement opposée à celle du camp des Astraux, de quoi te faire paniquer davantage. Sauf que ce n’était pas réellement ce qui affectait ton état. Tu voyais toujours les ombres autour et elles te soufflaient de fuir, rapidement. Que ton peuple entier était en danger et que tu devais éloigner les dangers au maximum. Que tu étais la seule à pouvoir le faire.

C’est lorsque tu fus lâchée brusquement sur le sol que tu perdis complètement ton souffle et surtout le peu de conscience qui te restait. Une vive douleur avait gagné ton épaule sous la chute te désorientant davantage. Tu finis par perdre la notion du temps et par te laisser sombrer. Pour le meilleur et pour le pire.


C’est dans un mouvement brusque que tu te réveillas. Comme si la foudre avait traversé ton corps te faisant tirer sur tes liens au passage. Tu aurais pu paniquer, continuer de te débattre, mais tu arrêtas. Ton esprit tomba plutôt en mode « analyse ». Ton regard parcourut la pièce pour s’arrêter sur une personne qui te fixait sans ménagement. Tu plantas ton regard dans le sien pour le soutenir. Toute trace de crainte semblait s’être envolée de ton visage pour le moment et pourtant, la situation aurait de quoi t’effrayer. Tu te retrouvais dans une position vulnérable. Encore plus vulnérable que dans la forêt et surtout avec aucun de souvenir de ce qui t’avait mené dans cet endroit étranger. Ça, ça devrait t’effrayer. Toi qui n’oubliais jamais rien, qui vivait avec le moindre de tes souvenirs, pourquoi ceux-ci t’échappaient ? Tu sentais que tu n’arrivais pas à réfléchir correctement. Peut-être que tes hallucinations n’étaient plus, mais tu gardais un profond mal-être.

Cette guerre du regard dura un moment avant que tu daignes t’exprimer en premier : « Bonsoir Ezekiel. » Agir comme si tu le connaissais alors que vous ne vous étiez jamais rencontrés n’était peut-être ta meilleure option. Elle faisait son petit effet du côté des Astraux, mais sur un étranger ? Dans une telle position de vulnérabilité ? « On m’a parlé de vous et de vos méthodes différentes des nôtres. Cependant, j’aurais espéré vous rencontrer dans un contexte moins… Intime ? » Tu semblais drôlement calme pour une femme attachée à un lit face à un inconnu. Presque que trop légère. « Pourquoi suis-je ici ? » Et surtout comment ? Mais chaque chose en son temps. Ton regard dévia vers un point derrière d’Ezekiel – du moins de la personne que tu supposais être Ezekiel d’après un portrait -. Tu fermas les yeux un instant avant de les rouvrir et de retenir un léger soupir de soulagement. L’ombre avait disparu. Pour cette fois.

Feat  @Ezekiel

Tes sourcils se froncèrent légèrement lorsque l’homme t’affirma que le jour était en train de se lever. Tu suivis son regard, mais tu n’étais pas en mesure de le constater par toi-même. Ça, ce n’était pas une bonne chose. Tu ne devais pas être à l’extérieur de ton campement à leur réveil surtout pas avec les prophéties qui menaçaient votre peuple. Tu risquais d’inquiéter tout le monde. Tes lèvres se pincèrent ensemble avant que tu affirmes : « Il serait peut-être temps que je rentre chez les miens. » Tu te doutais que ça ne serait pas aussi simple. Si on avait l’intention de te laisser partir, tu ne serais pas attachée dans un lit, loin de ton campement. On t’aurait ramené directement.

« Un couteau ? » Cette fois-ci tu avais haussé les sourcils. Qu’est-ce que tu avais fait Magdalena ? Tu n’étais pas du genre à attaquer les autres, ni même à fuir tes responsabilités. Qu’est-ce qui s’était passé ? Est-ce que tu avais mangé quelque chose qui ne fallait pas ? Tu préféras ne rien ajouter laissant plutôt tes pensées aller dans tous les sens. Tu essayais vraiment de te rappeler des événements, mais tu te souvenais seulement t’être allongée dans ton lit et ensuite plus rien…

La situation ne te plaisait pas. Les paroles d’Ezekiel ne te plaisaient pas. Il ne pouvait répondre à ta question. Il s’était surtout attendu à ce que tu sois en mesure de lui donner la réponse. Alors là… Tu restas muette, le laissant parler. Il avait quitté ton champ de vision et tu en profitas pour faire tourner légèrement tes poignets afin d’évaluer ta situation et de voir tes possibilités. Tu n’en avais pas pour l’instant. Tu ne pouvais qu’écouter. Est-ce que tu devais le remercier de ne pas t’avoir ramené chez toi ? S’il te disait la vérité, tu n’étais pas certaine que tu aurais voulu que ton peuple te voit de cette manière. La tête légèrement redressée, tu observais ton propre corps ou plutôt ta robe qui avait perdu sa blancheur. Les Astraux du confort allaient avoir du boulot de rattrapage… Qu’est-ce qui avait pu se passer à la fin ? « Je ne fuyais pas les Astraux. » Ça, même sans souvenir, tu en étais certaine. « C’est avec eux que je devrais être en ce moment. Peu importe ce qui a pu se passer cette nuit. » Difficile de justifier ton point en n’ayant pas tous les détails nécessaires pour le faire. « Si tu n’es pas en mesure de me laisser partir pour l’instant, est-ce que tu peux me retirer ses liens ? Je ne suis une menace pour personne. » Du moins de ton point de vue. Malgré ton caractère qui pouvait exploser à tout moment, tu étais plutôt de nature calme. Il t’en fallait beaucoup pour te laisser submerger par une colère quelconque.

« Je suis Magdalena Aries. L’une des voix des Astraux. » Tu n’étais pas uniquement une voix, tu étais la voix qui avait été désignée pour guider ton peuple. Celle vers qui tous les regards – et les oreilles – étaient tournés. Peut-être que tu aurais dû te présenter comme tel, mais… Tu n’oubliais pas le plan de protection que Cyrano avait mis en place. Il avait accepté les dangers extérieurs en se présentant comme l’étoile brillante de votre peuple. Ce n’était pas quelque chose qui te plaisait, mais tu n’allais pas le détruire par égo. Tu savais à quel point c’était important pour les tiens. « Mon peuple ne va pas tarder à remarquer mon absence et je crois que ni toi, ni moi ne voulons ça. Quels sont tes intentions Ezekiel, maintenant ? » Après tout, vous étiez alliés, non ?

Feat  @Ezekiel

« Vous pouvez m'appeler Mag’, Magda, Maggie, Lena… Ce qui vous fait plaisir. » Tu avais haussé les épaules avant qu’un demi-sourire naisse à la commissure de tes lèvres tandis qu’il avait répété ton prénom. Depuis toujours, tu préférais te définir par ton prénom plutôt que par ton statut et tu laissais les tiens te surnommer comme ils le souhaitaient. Tout le monde connaissait déjà ton statut, tu n’avais pas besoin de leur faire répéter en boucle en te faisant surnom « Sirirus » ou tout ce qui pourrait s’en rapprocher. Magdalena et ses variantes, ça te convenait.

Cette nuit était floue. Trop floue pour que tu aies envie d’y accorder la moindre attention. Pour toi, si tu ne t’en souvenais pas, c’est qu’elle n’existait pas. Point. Tu fronças légèrement les sourcils lorsque Ezekiel affirma le contraire. Pour lui, la nuit était importante. Tu penchas légèrement ta tête sur le côté tandis que tu l’observais. En parlant, il avait détaché tes mains et par réflexe tu allas masser la peau douloureuse de tes poignets. Tu t’étais déplacée de manière à te retrouver en position assise. Tu observas un instant tes chevilles toujours attachées et tu n’en fis rien pour l’instant. Une chose à la fois n’est-ce pas ? Tu avais déjà gagné la moitié de ton point.

Pourquoi tu n’étais pas aussi certaine que lui sur le fait que tu pouvais partir quand tu voulais ? Tu avais l’impression que son langage corporel contredisait ses paroles. C’est finalement la surprise qui prit place sur ton visage devant son honnêteté. Tu lâchas même un faible : « Pardon ? » devant des paroles qui – de ton point de vue – étaient complètement absurdes. Toi ? Séquestrée par ton peuple ? Non, bien sûr que non, jamais. Même si les mesures de protection disposées à ton endroit ne te plaisaient pas, tu n’étais pas retenue contre ton gré. Qu’est-ce qui s’était passé cette nuit pour que le chef des Trishanakru en vienne à cette conclusion ?

Néanmoins, tu en viens presque à apprécier son offre, cette manière de t’offrir son aide sans réellement chercher à avoir plus d’information. On t’avait parlé de lui comme un allié et il semblait prouver sa position. Sauf que tu n’avais pas besoin de cette main tendue. Ni toi, ni personne de ton peuple. Votre peuple était soudé. La fuite n’avait jamais été une option. Négativement, tu secouas la tête. « Je crois qu’il y a un quiproquo. » soufflas-tu dans un premier temps toujours en répétant ce mouvement de tête de la gauche vers la droite. « Je ne sais pas ce qui a pu se passer pour que tu arrives à une telle conclusion, mais je t’assure que je ne suis séquestrée par personne. Et surtout, nous ne séquestrons personne chez nous. » Après tout, vous apparteniez tous à la même famille, pourquoi vous faire du mal ? « Je ne me battais contre rien ? J’étais dans mon campement cette nuit. » Il y avait plusieurs informations qui t’échappaient et tu n’aimais pas ça. Tu détestais ne pas comprendre une situation.

Bien sûr, tu n’avais rien manqué de l’échange entre le blond et son homme de main. Tu avais tenté de tendre l’oreille, mais les sons étaient trop loin pour toi. « Comment ça je ne suis pas seule ? Nous sommes plusieurs ici ? Je dois les voir. » Tu en faisais ton devoir. C’était ton rôle. Tu devais voir si les tiens allaient bien et surtout, tu devais les rassurer. « Si j’ai besoin de ton aide, c’est pour ramener les miens chez eux. » Tu ne pouvais pas réellement parler de monnaie d’échange. Vous étiez alliés, non ? Il n’y avait sûrement aucun intérêt pour Ezekiel de te garder ici et pas les autres… « Ensuite, j’ai besoin que tu m’éclaires sur la situation. En détail. Notre conversation ne va nulle part. » Ce n’était pas un reproche, plutôt une constatation qui vient te faire hausser les épaules. Tu ne pouvais pas répondre à ses questions si tu n’avais pas toutes les informations, n’est-ce pas ? Sauf que plus le temps avançait et plus tu sentais le peu d’énergie que tu avais te quitter. C’est une main tremblante que tu ramenas vers ton front que tu sentais brûlant. Comme cette nuit. Tu avais eu la même sensation étrange avant de t’endormir.

Feat  @Ezekiel

Un simple geste de la main suffit à te faire taire. Ton visage retrouva sa neutralité habituelle tandis que tu observais l’homme. Tu commenças par hocher la tête à sa première affirmation. Si les tiens se trouvaient ici, ils ne couraient aucun danger. Pas que tu en doutais, mais tu n’arrivais pas à comprendre ce qui se passait. Pourquoi tu étais ici, pourquoi certains des tiens s’y trouvaient également ? C’était toute cette incompréhension qui te mettait dans cet état. Tu avais surtout besoin de te rassurer et de savoir que les tiens allaient bien. « Je ne remets pas en question votre hospitalité, pas le moins du monde. » commenças-tu par affirmer pour ne pas être la cause d’un énième quiproquo dans cette journée déjà bien étrange. Bien que tu aurais pu le faire, tu t’étais tout de même retrouvée attachée sur ce lit, sans réellement savoir comment ni pourquoi.

Tes doigts rejoignirent tes tempes comme si ça allait vraiment t’aider à te souvenir de ta nuit. Tu le laissais parler, t’affirmer que tu pouvais aller hanter la forêt comme hier soir. Bien que tu te doutais que le clan d’Ezekiel n’était pas venu te récupérer directement dans ta demeure, tu restais perplexe devant cette affirmation. Encore une fois, tu te demandais ce qui s’était passé. Et tu aurais voulu que l’homme soit plus loquace sur la situation au lieu de te lancer des brides comme cela à gauche et à droite. On pouvait voir clairement l’incompréhension sur ton visage et c’est pour cette raison que tu n’ajoutas rien pour l’instant. Ton regard posé sur Ezekiel, tu suivais le moindre de ses mouvements. Tu relevas légèrement la tête lorsqu’il sortit un couteau de sa ceinture, tu te demandas pendant une seconde si ça n’allait pas se terminer comme cela, mais il te dit plutôt de ne pas oublier tes affaires. Tu haussas un sourcil. Bien sûr que tu avais reconnu l’arme, tu savais exactement où tu l’avais laissé. « Ok… » Ce fut ta première réponse, toujours peinte de cette même incompréhension. Tu te permis de tendre les mains pour récupérer l’arme et tu l’observas de tous les côtés toujours dans l’optique de retrouver tes souvenirs. Tu aurais pu en profiter pour couper tes liens, ça aurait été plus simple pour toi que de t’attaquer aux nœuds, mais tu n’en fis rien. Pour une personne qui s’était agitée d’un coup, tu ne semblais pas pressée de partir. « Je vais attendre ici qu’il arrive, j’ai besoin de comprendre. » Avouas-tu toujours en observant l’arme. « Je ne peux pas vous expliquer ce qui s’est passé. Tout me semble absurde. Jamais je ne vous aurais attaqué, encore moins sur votre territoire. » Vous n’étiez pas un peuple agressif, bien au contraire. Vous n’aviez jamais eu besoin de l’être. Vous saviez vous défendre physiquement, certes, mais ce n’était pas votre plus grand atout. Vous n’étiez pas des guerriers. « Je comprends que je n’étais pas dans mon campement cette nuit… » Soufflas-tu plus pour toi-même. Ta respiration se voulait plus lourde, plus difficile tandis que ton regard se perdait sur le sang présent sur l’arme. Une drôle de sensation te gagnait. Tu avais l’impression de devoir te battre pour garder tes yeux ouverts et surtout pour garder ta concentration dans cette pièce. « Je… » Tes lèvres se pincèrent ensemble peut-être sous la culpabilité ? Tu n’avais jamais attaqué qui que ce soit. « Quelles sont vos sentences dans une situation comme celle-ci ? » Tu relevas les yeux vers homme, prête à accepter la punition qui t’attendait pour avoir commis un tel geste. Après tout, vous fonctionniez comme cela chez vous et tu n’en faisais pas exception.

Feat  @Ezekiel

Tu étais prise de court Magdalena et tu n’appréciais pas particulièrement. Toi qui étais très à cheval sur les règles et sur les façons de faire, tu n’aimais pas cette ombre qui planait sur toi. Cette ombre qui laissait supposer que tu avais fait quelque chose qui sortait de tes principes habituels. Prête à assumer les conséquences de ton acte, tu t’informas sur les sentences du peuple d’Ezekiel. Ton visage resta complètement fermé lorsqu’il te parla de la mort. Est-ce que tu étais étonnée ? Pas le moins du monde. Est-ce que ta réponse te fit peur ? Non plus. Tu n’eues pas réellement le temps de l’analyser que le blond avait souri avant d’ajouter que tu n’étais pas concernée. Et ensuite, il te détailla finalement ta nuit. Du moins, ce qu’il avait vu. Il affirmait que tu n’étais pas dans ton état normal, que tu voyais des choses, que tu l’avais sûrement attaqué pendant une crise de fièvre. Une crise si intense ? Tes lèvres pincées, tu l’écoutas attentivement, enregistrant le moindre de ses mots dans un coin de ta tête. Tu allais tenter de refaire le puzzle plus tard, dans l’immédiat, tu préféras emmagasiner l’information.

Ton regard changea cependant pendant son récit. La crainte prit place dans tes yeux tandis que tu te demandais comment tu avais pu atteindre la forêt en pleine nuit. Tu sentis ton rythme cardiaque s’accélérer alors que tu te demandais si tu n’avais pas fait du mal à l’un des tiens en plus d’Ezekiel. Tu avais poignardé le chef de clan de Trishanakru sans le moindre souvenir, sans la moindre hésitation selon ses dires. Est-ce que tu avais fait la même avec l’Astral de la paix chargé de surveiller ta demeure ? Non… Ce n’était pas possible… Pas ça, tu ne pouvais pas le concevoir. Tu fermas les yeux alors que tu débutas un exercice de respiration dans l’espoir de calmer la panique qui montait en toi. Tu ne pouvais pas sauter aux conclusions comme cela. Tu ne savais même pas si Ezekiel te disait la vérité. Tu n’avais aucune raison de croire qu’il te mentait également, mais tu te devais d’évaluer chaque option.

Ton regard se posa sur tes liens lorsqu’il te demanda pourquoi tu ne les avais pas défaits. Tu haussas les épaules avant d’affirmer avec presque nonchalance : « Je ne me sens pas en danger. » C’était sans doute une façon étrange de voir les choses. Personne n’aimait être attaché à un lit… Du moins dans un contexte comme celui-ci. Même si tu avais une urgence de partir dans les premiers instants après ton réveil, tu avais plutôt décidé d’attendre patiemment l’Astral qui devait vous rejoindre. Te débattre ne servait à rien. Tu allais évaluer de nouveau ta situation après son arrivée.

« Je n’utilise pas d’herbe hallucinogènes. Du moins, pas à ma connaissance. Nous ne connaissons pas encore tous vos types de plante, mais nous ne n’amusons pas non plus à faire du thé avec tout. » Tu relevas les yeux vers l’homme alors qu’un léger sourire sembla naitre à la commissure de tes lèvres. Vous étiez prudent avec les nouveautés. Surtout sur des nouvelles terres et encore plus depuis la prophétie qui s’était abattue sur vous laissant croire à une menace sur votre peuple. « Avez-vous d’autres cas de fièvre de ce genre ? Ou des maladies qui circulent que nous devrions connaître ? » Si tu avais vraiment fait une crise de fièvre, est-ce que tu étais la seule touchée ? Ou cela risquait d’affecter ton peuple dans les prochains jours ? « Je suis navrée pour votre épaule, vraiment. J’aimerais pouvoir vous donner davantage d’explications, mais je suis dans le néant. Vous avez vos soigneurs, mais si nous pouvons faire quelque chose de notre côté pour aider à votre guérison, nous sommes disposés à le faire. » C’était la moindre des choses, non ? Tu l’avais blessé, tu pouvais au moins offrir de le réparer. Il allait sans doute décliner, mais la proposition serait là. « Qui est celle qui voulait me tuer ? » Tu étais curieuse de savoir. Est-ce que tu avais nommé l’un de tes tiens ? Est-ce pour cette raison qu’Ezekiel avait cru que tu fuyais les tiens ? Que tu étais séquestrée ? Ce néant allait te rendre encore plus koken que tu ne l’étais déjà.

Feat  @Ezekiel

« Je le désire, nous devons nous préparer à toute éventualité. » Il n’y avait aucune hésitation dans ta demande. Avec les nouvelles prophéties reçues, vous n’étiez jamais trop prudents. Et même si tu ne l’assumais pas, tu étais la première aux prises avec d’étranges maux que tu ne savais pas expliquer. Cette nuit en était la preuve. Ça devrait sans doute t’inquiéter davantage, mais une partie de toi n’arrivait pas encore à assumer ce qui t’arrivait. Tu ne pouvais peut-être pas contrôler la colère de la nature, mais habituellement, tu savais contrôler ton corps et tes émotions. Qu’est-ce qui t’arrivait ? Plus Ezekiel t’expliquait et moins ça semblait clair dans ton esprit. L’absence de souvenirs n’aidait pas ta cause. Est-ce que ton être était attaqué par une maladie de cette terre ?

Néanmoins, tu ne pouvais pas dire que tu ne te sentais pas responsable de la blessure d’Ezekiel. Après tout, tu étais l’unique responsable. Tu n’étais pas la mieux placée pour pouvoir l’aider, mais tu étais prête à mettre des ressources à disposition pour le faire. Ce que le blond déclina. Sans grande surprise. « Disons seulement que ce n’est pas sa première occupation. » avouas-tu au sujet de ton couteau avant d’hausser les épaules. Après tout, mise à part quelques animaux, vous n’aviez pas croisé énormément d’ennemis. Et surtout, ce n’était pas ton rôle. Tu étais armée par précaution plus que par utilité. Cependant, tu étais prête à t’en servir au besoin. Tu avais appris très jeune et tu avais continué à te former avec ton mari jusqu’à très récemment. Sa perte avait signé la fin de ton entrainement. Tu n’avais pas trouvé le courage de prendre un nouveau professeur.

« L’unique conflit que nous avons est avec le ciel. Depuis des décennies maintenant, il nous chasse des terres où nous élisons domiciles. Cependant nous ne cherchons pas à le fuir ou à la combattre. Nous cherchons plutôt à le comprendre et à atténuer sa colère. » Il fallait avoir votre histoire et votre vécu pour réellement comprendre la profondeur de tes mot et pour bien saisir les croyances de ton peuple. Croyances que tu partageais sans aucune honte, sans aucune méfiance. Tu ne comptais pas les rares exilés que vous aviez eus dans votre peuple comme des ennemies. « Et nous avons pu constater que le ciel ne vous a pas épargné non plus. » Ton regard posé sur le blond était interrogateur. Tu ne poserais pas directement la question, mais tu te demandais si Ezekiel et son peuple avaient fait quelque chose pour déclencher cette colère. « Je ne peux t’en dire davantage sur l’ombre qui me poursuivait hier. Je déteste dire ça, mais je n’en garde aucun souvenir. » Et ça, ça te contrariait au point où l’expression de ton visage se former davantage.

Ton attention dévia ensuite sur tes liens et tu hochas lentement la tête. C’est une main tremblante que tu avanças vers ces derniers et c’est à ce moment que tu réalisas à quel point tu n’avais aucune force. Tu sentais tes mains faibles comme elles ne l’avaient rarement été. « Et quelle réputation souhaites-tu tenir Ezekiel ? » Tu avais posé ta question surtout pour détourner son attention de ta faiblesse et du fait que tu n’arrivais pas à défaire tes liens, qui, pourtant, ne te semblaient pas si solides. « J’ai ma petite idée oui. » commenças-tu par dire. Tu n’allais pas préciser que c’était une personne qui avait échoué sa mission de te surveiller. Ça, ça allait rester entre cet Astral et toi. « Il s’appelle Darren. C’est un Astral de la Paix chez nous. » Après avoir parlé, tu réalisais que ça ne voulait sûrement rien dire pour le chef de clan, mais son titre parlait de lui-même non ? « Il n’occupe pas ce poste depuis très longtemps. Il sera sans doute nerveux, très nerveux. Trop bavard aussi, mais certainement pas dangereux. Tu ne devrais pas avoir besoin de le ligoter. Je préférerai d’ailleurs si tu pouvais éviter de le faire. » Tu te permis un demi-sourire avant d’hausser les épaules. Tu continuais de t’attarder sur tes liens. Tu avais libéré l’un de tes pieds, l’autre te semblait plus compliqué. Une autre personne aurait pu s’énerver, demander de l’aide, mais pas toi. Tu essayais de chasser la douleur que tu ressentais aux mains, mais tu dus arrêter pour faire bouger lentement tes doigts. Qu’est-ce qui t’arrivait ? Bien vite, tu sentis une forte chaleur t’envahir au point où tu attrapas le col de ta robe pour le secouer légèrement dans l’espoir de pouvoir t’aérer légèrement. Piètre échec. « Est-ce qu’il serait possible d’avoir de l’eau, s’il te plait ? » Est-ce que tu avais besoin de préciser que tu ne sentais pas très bien ? Malgré la chaleur présente dans ton corps, tu devais être aussi livide qu’un cadavre voire même avec le teint légèrement verdâtre ? Ce fut au point où tu abandonnas ta mission de libérer ton pied pour t’allonger, les yeux clos et une main qui rejoignit ton front. Ta tête avait recommencé à te faire souffrir.

Feat  @Ezekiel