Garder son sang-froid n'était qu'une question de survie. C'était en cédant à la panique que l’on commettait les pires erreurs, alors qu'en gardant la tête fraîche, il était plus simple de réfléchir. Et c'était comme une véritable épreuve de force pour Luna, de ne pas céder à l'inquiétude en voyant son ami ainsi au sol. Lui qui avait convaincu la jeune femme de l’accompagner en ces lieux maudits il s'était retrouvé mis à terre de quelque façon qu'il soit. Nyko n'était pas un guerrier, mais il savait tout de même se défendre. Alors de le voir là, parmi les autres guerriers dont le combat venait de se terminer, ça n'avait rien de rassurant. Et puis il y avait aussi ce Skaikru, Sinclair. La jeune femme ne le connaissait pas plus que ça, mais il ne semblait pas mériter ce qui lui était arrivé. Quant aux deux disparus, ils étaient loin d'être la priorité de la Floukru qui préférait d'abord mettre en sécurité Naïa, Nyko et Sinclair.

Et c'était à ça qu'elle réfléchissait quand elle vit arriver ce qui s'avérait être des renforts. Luna était restée méfiante aux premiers abords, mais face à l'échange de leur chef avec Naïa, elle eut la confirmation qu'ils étaient des alliés. Une confirmation qui se fit aussi de la part de celle qui se présenta comme Callie Cartwig Kane. Le nom de Kane fit écho dans la mémoire de la Floukru. Elle se souvenait de Marcus Kane, qui avait participé à la bataille contre les Maunons. Luna reconnaissait alors que de les voir arriver était une bonne chose. Le bain de sang ayant eu lieu ne pouvait que témoigner du danger présent, et même si la Natblida avait jadis été une très bonne combattante, elle n'avait pas l'audace de se croire invincible face à un danger invisible. Ainsi, elle s’assura de compléter au mieux les propos de Naïa pour continuer d’éclairer les soldats ce sur ce qu’il s’était, et elle ne pouvait qu'être d'accord avec leur chefs. Qui sait ce qui se serait passé en restant là-dedans.

Pour autan, Luna ne montrait aucun effroi de sa part. Elle ne savait pas encore ce que comptait faire la petite escouade Skaikru, mais pour elle, le plan semblait peu à peu se former. Sa priorité n'était plus la même qu’à l’origine de la mission, mais à veiller à la sécurité de Nyko et de Sinclair. La montagne était grande et qui sait ce qui pouvait les attendre dans les profondeurs de ces entrailles ? La jeune femme ne serait pas celle qui le découvrirait. Car Callie avait raison sur un point. Ceux qui avaient fait ça pouvaient encore être dans les environs et revenir pour finir le travail. De quoi définitivement enterrer cette histoire de fantôme.

— Nous ferions mieux d'éviter d’être encore là quand ils reviendront. Qui sait quels démons hantent encore ces lieux…

Et Luna ne souhaitait pas se battre face à ces ennemis de l'ombre. Le sang avait déjà suffisamment coulé et il ne devait en aucun cas couler davantage. Venir avait été une mauvaise idée, et maintenant, il fallait avant tout veiller sur les survivants.

Le gémissement de Nyko attira l'attention de la jeune femme qui ne perdit pas un instant pour se pencher vers lui. Elle avait agi à temps pour l'entendre murmurer ce qu'elle redoutait le plus...

— Set down chil ai lukot. (Reste calme mon ami)

Même si elle avait vu Nyko retomber dans les limbes de l'inconscience, la Natblida n'avait pu s'empêcher d'accompagner son esprit de ces quelques mots. Elle ne savait pas ce que les Kripa lui avaient fait, mais elle craignait pour la survie de son ami. Il devait voir un guérisseur au plus vite, Luna ne pouvant guère faire plus que de veiller sur lui.

Entendant Naïa questionner sur les mots prononcés par son ami, la jeune femme ne put qu'opiner de la tête. Une information précieuse à avoir mais qui soulevait de nombreuses autres questions. L’assaillant était-il seul ? Était-ce ce rouquin dont elle avait prit la défense de prime abord ? La Floukru réfléchissait à tout cela tout en écoutant les réflexions de la plus jeune. Son raisonnement était juste et ne faisait que rendre plus évident la décision à prendre. Ainsi, son regard se posa sur les guerriers tombés. Dérivant sur une arme qui n'avait nullement eu le temps de servir, Luna la récupéra à contre-cœur. Sans plus d'information, elle ne pouvait se contenter de son simple couteau comme défense...

— Oui, kripas est le nouveau nom que nous donnons aux Maunons. Ainsi, personne ne peut oublier le mal qu'ils ont fait. Nous n'aurions jamais dû revenir ici. Même en ayant remporté le combat, nous sommes sur leur territoire. Et nous ne devrions pas suivre ces traces. Notre adversaire maîtrise sa stratégie et nous mène là où il le souhaite. Je suis désolée pour la disparition de votre garde, mais je ne risquerais pas la vie de mon ami en me lançant dans un sauvetage vain.

Tout en se redressant, Luna avait passé le bras de Nyko autour de sa nuque pour tenter de le redresser. Certes, faire cela ne la mettrait pas son avantage, mais elle espérait que les Skaikru n’aient pas la folie de poursuivre cette mission.

— Je n'ai aucune autorité sur vous, ni n'aurais la prétention de vous ordonner quoi faire. Mais vous seriez plus avisé de récupérer votre ami Sinclair et de quitter ces lieux maudits. Heda vient de nouveau de perdre des guerriers et ce crime ne restera pas impuni. Mais nous ne pouvons nous faire juge et bourreau. Ce serait de la folie.

La Natblida avait parlé avec calme, mais sa voix laissait entendre que sa décision était prise. Désormais son objectif était de sortir vivante de ces lieux et d'éviter que d'autres tombent à nouveau.

Si cela semblait évident pour Luna, que sa décision soit la plus raisonnable, elle pouvait comprendre qu’il soit difficile pour les Skaikru d’accepter de laisser deux des siens derrière eux ainsi que le Maunon. C’est pourquoi, elle ne comptait en rien leur imposer sa décision, les laissant libres de leur propre choix. Elle fut cependant soulagée d’entendre Callie opter pour la même option et ordonner d’évacuer. En soit, le Floukru ne craignait pas d’effectuer le chemin de retour seul, prête à être attentive au moindre mouvement d’ombre. Mais de se savoir accompagnée était plus que rassurant, alors que tous pourront surveiller les uns sur les autres. Assurant alors sa prise sur Nyko, prête à partager le port du blessé si on lui proposait de l’aide, la native écouta en silence les ordres donnés par la soldate. Elle acquiesça simplement quand la demande la concerna, ne voyant pas d’inconvénient à accompagner l’équipe jusqu’à Arkadia, au contraire. Luna n’était pas une guérisseuse et elle ne pouvait qu’apporter les soins de base à son ami. Dans le camp des Skaikru, ils auront plus vite fait d’apporter les soins plus appropriés.

C’était en silence qu’elle s’était mise à avancer, marchant avec les gardes Skaikru. Luna fixait son seul objectif actuellement présent : attendre l’extérieur dans l’espoir de ne rencontrer aucun obstacle. Elle se maudissait de ne pas avoir rappelé l’idée première de ne pas se séparer, alors que, qui sait, ils auraient peut-être pu contre-carrer l’attaque ayant mis leurs amis dans les vapes. Seulement, le mal était fait et rien ne pourrait leur permettre de revenir en arrière. La jeune femme allait cependant apprendre de cette erreur, maintenant qu’elle se savait sur la même longueur d’onde que les Skaikru. Ils ne devaient plus se séparer pour ne surtout pas laisser de faille dans leur petit groupe.

Elle était plongée dans ses pensées, s’inquiétant en parallèle pour Nyko, quand une voix se mit à raisonner dans les haut-parleurs de la montagne. Une voix qui la fit se figer, alors que celle-ci confirmait les craintes qui circulaient depuis les premiers mouvements repérés… Ils n’étaient pas seuls et enfin l’inconnu se manifestait. Un inconnu qui allait en rester un, alors que la Natblida était incapable de mettre le moindre nom ou visage sur cette voix.

Alors elle écouta. Sans sourciller, le regard légèrement relevé pour identifier les provenances du son, elle resta de marbre en refusant de céder à la crainte que voulait provoquer cette annonce. Il avait verrouillé l’unique porte ? Une information qui ne la laissa pas sans réflexion alors que Luna avait l’impression que quelque chose clochait. Seulement, elle n’eut pas le temps d’y réfléchir, alors qu’ils furent mis au pied d’un mur avec cette demande qui s’avérait très certainement non négociable. Abandonner « la gamine » à son sort. Par réflexe, son regard sûr porta sur Naïa, qui avait mis des mots sur la présence d’un piège et qui laissait maintenant transparaître son inquiétude. Elle avait raison, ils avaient foncé droit dans un piège dès le début et désormais, le chat jouait avec ses souris. Mais la souris qu’était Luna refusait de s’avouer vaincu.

— Il est hors de question que l’on cède à son chantage Naïa, nous allons sortir d’ici ensemble.

Luna avait parlé d’une voix basse, dans l’espoir que leur observateur ne puisse pas l’entendre. Elle aurait aimé pouvoir user de sa langue natale pour se rendre encore moins compréhensible, mais cela aurait empêché la plus jeune de la comprendre aussi.

Réfléchissant aux options qui s’offraient a eux, Luna déporta son regard sur Callie, cherchant à voir si la soldate avait elle aussi des idées, avant d’observer le reste du couloir. Il restait encore du chemin à parcourir, mais cela ne servirait à rien si une porte verrouillée les attendait au bout.

— Vous n’avez pas un moyen de communiquer avec l’extérieur ? Comme nous l’avions fait lors de la prise de la Montagne, pour échanger avec les différentes équipes.

Sa question s’était alors adressée à Callie et au petit groupe qui les avait rejoints. Peut-être avaient-ils pris des précautions avant de rentrer dans cette souricière, qui pourrait leur être d’une grande aide.

Mais l’évocation de la prise de la Montagne frappa la jeune femme. Pour se rappeler de ces moyens de communication, elle s’était rapidement refait l’attente devant l’imposante porte infranchissable et un détail lui était revenu. Ou plusieurs même.

— Ce n’est peut-être pas l’unique sortie… Lorsque nous avons planifié notre attaque, un groupe devait passer par des souterrains. Nous pourrions peut-être retrouver ce chemin, mais cela nous fera nous enfoncer dans les entrailles de la terre…

Une idée qui ne lui plaisait guère, alors que cela signifiait s’enfoncer dans ce milieu inconnu, où leur « hôte » semblait avoir le contrôle sur tout.

— Ou alors nous pouvons toujours tenter la porte. Je ne sais pas comment il a pu en prendre le contrôle, alors que Kane avait placé un explosif nous ayant permis de l’ouvrir jadis. Heda l’aurait certainement découvert si quoi que ce soit avait été réparé.

Du moins, Luna l’espérait-elle, car en réalité, elle n’avait aucune certitude. Simplement, son propre souvenir d’avoir vu l’explosion qui leur avait par la suite permis d’ouvrir les portes de la Montagne à la seule force de l’armée. Alors comment avaient-ils pu être pris au piège ?  

Luna avait horreur de cette sensation de n’être qu’une pièce sur un échiquier. C’était comme si chacune de leur décision allait les mener là où le voulait cette voix diffusée dans les couloirs. Tout se corrélait pour les forcer à agir sans avoir toutes les cartes en main, que ce soit dès l’instant où la porte du local s’était refermée, jusqu’à cette décision qu’il fallait désormais prendre. Une décision déjà toute décidée pour la Floukru pour qui il était hors de question d’abandonner qui que ce soit d’autre. Certes, il lui avait été plus simple de choisir de ne pas aller retrouver ceux disparus, mais les choses étaient différentes à ses yeux et elle préférait alors se concentrer sur d’autres options. Elle fut par ailleurs soulagée de voir les hommes de Callie agir à l’unisson pour protéger la plus jeune, ce qui lui permettait de garder son attention sur Nyko. Luna n’aimait pas de se savoir entourée d’armes à feu, mais elle devait reconnaitre qu’elles auront leur efficacité.

Leur décision désormais commune, Luna ne quitta pas un instant le petit groupe dans leur reprise de cheminement vers la porte. Elle ne comptait en aucun cas se laisser intimider par cette voix ennemie, et son regard ne cessait de courir autour d’eux. L’inconnu semblait avoir le contrôle, alors elle ne pouvait laisser retomber sa garde. Luna avait peut-être avancé l’idée que la porte restait opérationnelle, elle ne pouvait s’empêcher de craindre d’avoir une longueur de retard. L’idée semblait trop belle, mais elle y accrochait son espoir. Une fois dehors, il serait plus simple d’agir, car enfin l’équipe sera à leur avantage. Là, Luna ressentait la sensation d’être prise dans une souricière, seulement elle refusait de laisser le chat gagner.

Elle ne put d’ailleurs empêcher son soupir de soulagement, lorsqu’enfin la porte se distingua dans la pénombre. Plus qu’une poignée de secondes pour enfin se libérer de l’antre des démons, mais c’était à croire que cet espoir fut vain. Une nouvelle fois, la voix retentit à travers le couloir, faisant comprendre – bien trop tardivement – à Luna qu’ils s’étaient jeté dans la gueule du loup. Elle ne put qu’observer avec horreur ces capsules rouler à leur pied, libérant cette fumée blanchâtre. Elle devenait âcre dans la gorge, faisant tousser la Natblida qui ne savait guère comment réagir face à une telle arme méconnue. Luna ne pouvait que chercher à lutter alors qu’elle sentait sa conscience s’engourdir, la faisant peu à peu tomber dans l’inconscience.

Le sol était froid et rugueux. Reprenant doucement conscience, Luna avait l’impression que son esprit était emprisonné, incapable de réfléchir à quoi que ce soit. Un peu comme si elle avait abusé de cette boisson aux algues fermentées qu’ils pouvaient faire en mer. Pourtant, elle n’avait nullement touché à cette boisson et aussi doucement qu’elle s’éveillait, ses derniers souvenirs. La voix mystérieuse, les capsules et cette fumée. Tout ça faisait son chemin dans la brume de ses pensées, jusqu’à peu à peu distinguer ce qui l’entourait. Elle repéra d’abord Naïa et Callie, avant d’être frappée par l’absence des autres, et notamment de Nyko qu’elle avait cherché à protéger. Une absence inquiétante, alors qu’elle craignait qu’il n’en soit fini pour lui. Car, en se redressant, Luna ne pouvait faire que ce constat : elles étaient seules, dans une pièce qui ne se voulait en aucun cas rassurante.

La voix de Naïa la tira à cette réalité, pour la ramener à l’instant présent. Une question à laquelle la Floukru répondit d’un hochement de tête, la bouche encore pâteuse par cette perte de conscience. Elle s’apprêtait tout de même à lui répondre, quand leur hôte s’adressa de nouveau à eux. S’il espérait tirer la moindre frayeur de la jeune femme par le ton adopté, c’était peine perdue. Luna avait beau être inquiète, elle resta le visage fermé, espérant que ses anciens réflexes de combattantes l’aident à agir raisonnablement. Elle ne voulait laisser aucune prise sur elle, préférant se concentrer sur Naïa, se souvenant de la peur de la jeune d’être échangée plus tôt.

Elle s’approcha d’elle pour poser une main sur son épaule, s’adressant dans un murmure, espérant que l’homme mystère ne puisse pas l’entendre.

— Ne t’en fais pas, nous allons faire de notre mieux pour te protéger.

Peut-être le « nous » était-il avancé de façon audacieuse, mais Luna jeta un regard à Callie comme pour voir confirmer ses dires. Elle avait vu la garder chercher à la protéger auparavant, alors pourquoi cela changerait-il maintenant ? En tout cas, elle comptait bien s’interposer avant que Naïa ne puisse être blessée. Elles avaient beau être de deux peuples différents, elles étaient dans le même pétrin et Luna comptait faire de son mieux pour retrouver son rôle protectrice qu’elle avait acquis en devenant chef de clan.

Des souris attendant la sentence d’un chat, voilà donc ce que toutes trois étaient, ne pouvoir qu’attendre cette voix décisionnaire. Si Luna avait eu le choix, elle aurait certainement préféré être à la merci des Nam-Hassrath que Podakru lui promettait depuis bien des années. Avec eux, elle avait connaissance de leur ennemi, des stratégies à adopter. Mais là, la Floukru ne pouvait que subir l’instant présent, cherchant alors à rassurer la plus jeune tout en s’accordant avec la garde. Cette façon d’être pieds et poings liés, tout en ayant toujours la maîtrise de ses membres, était d’une sensation des plus odieuses. Mais la Natblida ne s’apitoyait pas sur cette situation, alors que son mutisme à l’égard de leur « hôte » n’était en rien un signe de reddition de sa part. Bien au contraire, une nouvelle fois Luna était dans l’obligation de faire taire la douce pacifiste qu’elle était désormais, pour laisser ses réflexes de guerrières ressortir. Des années d’entraînements ne pouvaient être oubliées par simple volonté et ces années de connaissances n’étaient que réprimées au fin fond de sa conscience pour faire taire cette part obscure en elle.

La dernière debout gagne… Ces mots résonnaient comme une nouvelle malédiction à ses oreilles, alors qu’ils faisaient écho à une épreuve passée. Une malédiction, mais aussi une bénédiction, tandis que la dernière fois qu’elle s’était trouvée face à cette sorte d’ultimatum, cela avait été lors du conclave. Une épreuve où seule la mort attendait les vaincus et pourtant, la Natblida avait su trouver une troisième option. Une troisième voie qu’il leur serait peut-être possible de trouver en ces lieux aussi ? Un espoir qui ne fut que de courte durée, alors que le jeu de l’échéquiste ne faisait que commencer.

Voir l’eau couler en fut presque rassurant pour celle qui avait vécu certaines années en pleine mer, mais fut aussi la douce voix des traumatismes que la tempête avait engendrée chez le peuple Floukru. La logique de voir de l’eau s’engouffrer signifiait que la pièce n’était pas hermétique, mais de se savoir prise au piège avec ce niveau qui allait augmenter était bien plus dangereux qu’une simple logique. Mais Luna ne put y penser plus, alors que de nouveau, son cerveau s’embruma dans des émotions qu’elle préférait garder enfouies, jusqu’à ce que plus aucune logique ne puisse aviver son esprit, ni même l’aider à comprendre la paranoïa qui allait la prendre. Car si Naia l’accusait d’être la seule capable de nager, une autre évidence était présente.

— En effet je sais nager, mais toi et Callie n’êtes pas les plus à même de contrôler la Montagne ?

Oui, elle ne craignait pas l’eau, du moins, peut-être pas autant que les deux Skairku. Mais ce lieu était régi par une technologie passée, une technologie connue des Skaikru, qui eux-mêmes avaient ouvert les portes de cet enfer.

— Heda a eu tort de vous faire confiance. Vous avez mis le feu à la fourmilière en ouvrant la Montagne, vous êtes comme eux, vous prenez ce qui ne vous appartient pas simplement parce que vous estimez être à même de le faire. Nyko a eu tort de vous faire confiance et de venir ici, tout ça n’est que votre faute, assumez-le.

Là où Luna avait auparavant été chaleureuse avec les deux femmes, sa voix était désormais glaçante, mesurant alors le recul qu’elle-même prenait en s’éloignant des deux Skaikru. Son regard allait de l’une à l’autre, prête à agir en conséquence. Si elles pensaient la piéger, elles commettraient l’erreur de s’en prendre à celle qu’elle avait jadis été. Beaucoup la sous-estimait par son côté pacifiste, oubliant alors qu’elle avait été entraînée pour survivre et pour tuer. Si Callie ou Naïa voulait s’en prendre à elle, Luna était prête à se défendre, qu’importe l’eau montante. Au contraire, cette eau deviendrait une alliée puissante à niveau suffisant.

@Naïa Lovecraft @Callie Cartwig
Luna ne perd pas vraiment son sang froid quand elle voit l'eau. Son esprit a peur de comprendre que c'est un peu comme un Conclave de par la seule règle énoncé. Mais elle se dit que la présence de l'eau peut être précieuse, jusqu'à perdre les méandres de sa logique.

Avec la parano qui prend part dans son esprit, Luna se met à accueser Naïa et Callie de contrôler la technologie présente, mettant alors de côté sa capacité à nager. Elle finit par accuser Skaikru d'être aussi maléfique que les Montagnards et se met prête à se défendre.
PS : désolé pour mon temps de réponse  

L’eau n’était pas ce qui effrayait Luna, loin de là. Au contraire, elle avait même l’impression de gagner en avantage, alors qu’il s’agissait de son élément. Certes, celui-ci n’avait guère été bienveillant dernièrement, mais cela ne l’empêchait pas d’avoir une aisance que ses comparses n’auraient pas. Et maintenant que le doute se semait chez chacune, il devenait important de trouver ce qui pourrait devenir un point fort pour elle. D’ailleurs, Luna n’avait pas hésité à s’éloigner de quelques pas, profitant pour mettre de la distance autant avec Naïa qu’avec Callie. Elle ne comptait pas se battre, ou du moins ne pas être la première à lancer l’assaut. La jeune femme ne pouvait expliquer cette soudaine perte de confiance qu’elle avait pourtant eut auparavant, mais une chose était désormais sûre, elle ne pouvait compter que sur elle-même.

— Aucune équipe ?

Luna ne put s’empêcher de rire jaune à cette remarquée. À ses yeux, celle-ci démontrait une nouvelle fois l’implication des filles dans l’histoire et dont leurs arguments ne tenaient guère la route.

— Et comment aurait-elle pu le faire alors que vous avez fait exécuter nos guerriers présents ? Nous n’avions aucun moyen de la prévenir. Alors que vous, étrangement, vous avez su arriver au moment le plus opportun.

Et c’était ce qui était le plus surprenant dans ses réflexions. Aucune communication ne pouvait, soi-disant, passer, alors comment la garde avait-elle su qu’ils avaient besoin d’aide ? Plus aucune excuse ne tenait pour la Natblida qui ne pouvait que constater qu’une nouvelle fois, les natifs avaient été pris pour cible. C’étaient bien les hommes de Lexa, bien que deux, qui avaient connu le plus de perte alors que les autres Skaikru étaient simplement portés disparus. Une idée qui venait sinueusement s’insinuer à une autre réflexion qu’elle s’était faite plus tôt, quand elle avait vu le garde répondant au nom de Weylan chercher les ennuis avec le Maunons. N’était-ce pas suspect depuis le début ? Il avait immédiatement joué les chefs, ce qui avait fortement déplu à la Floukru ayant préféré l’ignorer. Mais cette réflexion n’allait pas l’aider à tirer les choses aux clairs tandis qu’elle préférait écouter les accusations qui fusaient aussi entre les deux Skaikru.

Ainsi, elles ne seraient peut-être pas de mèches ou bien elles jouaient la comédie à la perfection. Une information qui allait avoir son importance, mais qui fut balayée lorsque Callie la soupçonna d’agir avec Naïa.

— Si notre repérage te semble suspect, accuse l’un de vos hommes, ce Weylan, c’est lui qui a incité à ce repérage.

Luna sentait que ces accusations ne faisaient que tourner en rond, mais elle refusait de se laisser ainsi accuser à tort. Elle n’avait rien à voir avec ces machinations alors, qu’à l’origine, elle n’avait guère voulu être de cette expédition. D’ailleurs, elle ne put s’empêcher d’avoir une pensée inquiète envers Nyko, se demandant ce qui pouvait lui avoir été fait pendant ce temps. Lui aussi était une victime de cette machination, mais au moins, il n’était pas présent dans cette pièce à risquer de mourir dans ces eaux débordantes. Le geste de Callie leur apportait peut-être quelques secondes de répit, mais il ne fut pas celui qui se grava à son esprit, alors que cela n’avait pas eu l’effet escompté. L’eau montait toujours et Luna ne cherchait plus à débattre, préférant se murer dans un silence. Un silence qui lui permettrait de mieux se concentrer sur ses capacités, prêtes à se faire immerger. Tout ne serait plus qu’une question de temps et grâce à la mer, elle avait appris que se débattre ne serait pas une attitude aidante. Mieux valait essayer de retrouver son calme pour mieux contrôler son souffle et ainsi espérer tenir plus longtemps une fois sous l’eau.

Seulement, personne ne finirait immergé. Le bruit de la porte cédant attira le regard de Luna, alors que Naïa ne faisait que souligner l’évidence. Elles allaient être libres, mais pour combien de temps ? La jeune femme ne put s’empêcher de penser qu’une fois de plus, tout cela serait contrôlé par Callie ou Naïa pour mieux se jouer d’elle. Pas le temps de réagir, la Floukru se sent emporter dans le courant vers le couloir et elle ne peut qu’encaisser le choc du cadre métallique dans son épaule. Sous le coup, elle ne sent pas la douleur s’insinuer dans son articulation, se retrouvant propulsée par la force, uniquement stoppée par le mur en béton. Il fallut quelques secondes à Luna pour retrouver le sens de l’équilibre, crachant dans une toux quelques gerbes d’eau qu’elle avait avalées dans le courant.

Désormais debout, elle sentait son épaule la lancer, sans pouvoir identifier une quelconque blessure. Jugeant sa mobilité d’une grimace, elle comprit qu’elle ne pourrait guère utiliser son bras pleinement en cas d’affrontement. Peu importe, ce qui comptait désormais était de pouvoir sortir de cette prison bétonnée. Essayant de se remémorer les divers chemins prirent, que ce soit pendant cette mission ou lors de l’assaut de la Montagne, elle opta finalement pour le même chemin que Naïa, préférant ainsi garder un œil sur la plus jeune dans l’espoir de ne pas être de nouveau prise en traître. L’autre point qui l’importait était de retrouver Nyko, mais elle savait qu’elle ne pourrait rien faire seule et qu’il lui faudrait trouver du renfort auprès de Lexa. Son ami devrait tenir jusque-là, à la condition qu’elle puisse trouver cette foutue sortie.

La douleur lui vrillait l’épaule, mais il était important pour la Floukru d’en faire abstraction. Jamais elle n’aurait dû remettre les pieds dans cet enfer qui aurait dû rester scellé à jamais. Maintenant, seul lui importait d’en sortir, espérant dans la foulée retrouver Nyko. Quant aux autres Skaikru et au Kirpakru qui avait disparu, elle n’y pensait plus, restant concentrée seulement sur ce qui comptait. Elle était tombée dans un guet-apens, mais elle avait encore la force de s’en extirper. Encore fallait-il qu’elle puisse savoir par où aller, alors qu’un véritable labyrinthe s’ouvrait à elle. Luna avait alors choisi de suivre la plus jeune des Skaikru. Une chance sur deux d’avoir fait le bon choix, mais le hasard n’avait pas été le seul décideur. La stratégie avait aussi été de mise. L’une était une garde et pas l’autre. La garde saurait mieux se jouer d’elle alors que la Natblida doutait bien plus de la solidité des nerfs de Naïa. C’est pour cela qu’elle ne se laissait pas distancer, cherchant tout de même à comprendre où la jeune femme se dirigeait. Il était hors de question qu’elle se fasse de nouveau avoir, n’ayant personne sur qui compter. La brume qui emprisonnait l’esprit de la Floukru refusait de laisser la raison retrouver sa place et Luna ne pouvait que faire avec ses anciens apprentissages qui ne l’avaient jamais réellement quitté. Si l’on pouvait croire que cette volonté de vivre en paix l’avait ramolli, ce n’était qu’illusion. Luna avait peut-être enfui les ténèbres en elle, mais à tout instant ceux-ci pouvaient ressurgir à la moindre faiblesse de sa part. Ou volonté face au mal à l’état pure.

Ses pas résonnaient dans le couloir alors que la jeune femme ne réduisait pas l’allure. Elle voyait bien Naïa tenir la distance dans cette fuite – ou dans le guidage d’un nouveau traquenard – mais Luna jouait aussi sur cette distance. Elle savait qu’elle était en terrain inconnu et même si elle a fait partie de ceux qui avaient pénétré la Montagne lors de l’assaut, la Floukru ne pouvait se servir du peu qu’elle avait vu désormais. En aucun cas, elle ne pouvait dire si elle continuait de s’enfoncer dans les entrailles de cette maudite forteresse souterraine, ou si enfin elle pourrait approcher la sortie. Tout ce qu’elle allait pouvoir constater, c’était cette nouvelle pièce dans laquelle elle arriva, quelques secondes après la Skaikru. Surprise, elle s’arrêta net dedans, découvrant avec effroi l’utilité d’un tel endroit.

Les cages étaient présentes et sans même chercher à les compter, Luna ne pouvait que constater leur nombre impressionnant. Et cela suffisait à lui faire comprendre à un nouveau piège, avant même que son regard ne se pose sur les cadavres présents et identifiables comme une partie de ceux qui les avaient accompagnés. La Natblida eut un mouvement de recul, tout en se préparant à se défendre face à la moindre attaque se voulant à son encontre. Il était hors de question qu’elle se fasse encore surprendre, malgré la difficulté à user de l’un de ses bras et quand bien même elle vit la Skaikru se montrer bien moins agressive à son encontre. Maintenant qu’elle se concentrait sur elle, elle voyait deux Skaikru à ses côtés, blessés selon ses dires. Il y avait donc des survivants ? Mais comment pouvait-elle croire à la moindre véracité de cette scène alors que l’un des blessés n’était nul autre que le garde qui l’avait agacé plus tôt et qu’elle estimait même comment pouvant être responsable de tout cela.

— Jouer la comédie c’est facile, tu ne m’auras pas aussi facilement.

Incapable de faire confiance à qui que ce soit présent ici, Luna ne pouvait que mettre de la distance avec Naïa. Si son habituelle empathie pouvait la pousser à lui prêter main forte pour s’assurer de mettre les blessés hors de danger, son esprit n’était pas encore libéré de cette paranoïa qui lui dictait de ne pas rester là. Cette pièce sentait la mort et elle ne devait en aucun cas y rester. Alors que la Skaikru fasse ce qu’elle veut, Luna comptait bien trouver une sortie, même si cela lui demandait un temps de réflexion afin de se souvenir des différents plans d’attaques qui avaient été mis sur pied lors de l’assaut. Ces souvenirs étaient ses seuls repères pour quitter ce merdier.

— Libre à toi de rester là, mais je ne me laisserais pas enfermer à nouveau.

Elle devait maintenant faire fonctionner sa logique. Cherchant à s’assurer que l’on ne puisse pas verrouiller la porte, elle se servit d’un tissu qu’elle déchira de ses vêtements pour maintenir le loquet bloqué en position ouverte. Par la suite, elle se mit à observer la pièce tout en se tenant à distance de Naïa et en gardant l’ouverture dans son champ de vision. Cette salle, certains en avaient parlé. Luna n’y avait jamais mis les pieds – bien heureusement – et elle hésitait désormais. L’envie d’en sortir pour tenter de revenir sur ses pas et de remonter était une option qui la tentait, mais qui risquait aussi de la faire tomber sur les complices de ceux qui tiraient les ficelles. Et rester là, ça pouvait aussi la mener dans un cul-de-sac, à moins qu’une autre sortie de ne s’y trouve…

— Si tu n’y es vraiment pour rien là-dedans, pourquoi ne cherches-tu pas à t’enfuir ? Rien ne te garantit qu’ils soient innocents.